Aurélie Nahon est chansigneuse. Un métier encore inconnu qui se développe de plus en plus. Cette habitante d'Antibes dans les Alpes-Maritimes a cofondé en 2019 le collectif "10 doigts en cavale", qui traduit des chansons en langue des signes. Le collectif sera présent lors du festival des Nuits Carrées d'Antibes.
Aurélie Nahon effectue des gestes, des signes, avec ses mains tout en suivant le rythme de la musique. Elle est sous le feu des projecteurs aux côtés de grands artistes, pourtant elle n'est pas danseuse non, elle est chansigneuse professionnelle !
Mon travail consiste à traduire en langue des signes et à interpréter des chansons d'artistes lors de concerts pour les rendre accessibles aux personnes sourdes et malentendantes,
Aurélie Nahon.
Une profession rendue célèbre récemment depuis que Justina Miles a volé la vedette à la chanteuse Rihanna en traduisant ses titres en langue des signes lors du Super Bowl en février dernier.
Une interprétation qui est devenue virale sur les réseaux sociaux.
300 heures de travail pour 1h30 de concert
En 2019, elle a cofondé avec Perinne Diot le collectif "10 doigts en cavale" pour chansigner les musiques, après plusieurs sollicitations de la part de plusieurs organisateurs de concerts.
Depuis, le collectif n'a cessé de s'agrandir, il est passé de 3 à 11 chansigneurs professionnels.
Tous sont amenés à parcourir la France, voir le monde, pour répondre à la demande croissante des premiers concernés, des chanteurs mais aussi des organisateurs.
Le collectif compte à son actif de nombreuses collaborations prestigieuses avec Orelsan, Juliette Armanet, Patrick Bruel, Cali et bien d'autres...
"Quand on pense musique on se dit que ça sert à rien pour les personnes sourdes, ce qui est complètement faux."
Aurélie NahonCofondratrice du collectif 10 doigts en cavale
Traduire des chansons pour un concert ou un festival nécessite du temps. Aurélie Nahon détaille les étapes : "on doit d'abord apprendre en français les chansons par cœur, puis les traduire en langue des signes et ensuite les mémoriser et faire tout cela sur le rythme de la musique et être bien sûr synchronisé avec le chanteur !"
Soit plus de 300 heures de travail pour une vingtaine de titres.
"Chaque chansigneur à son propre style"
En fonction de la durée de l'événement musical, deux à trois chansigneurs se relaient sur scène, pour interpréter les titres. Un travail de groupe aux quatre coins de la France pour le collectif : "on travaille ensemble à distance, en visio, on se partage les chansons. On échange beaucoup, ça permet de s'aider pour traduire au mieux des passages compliqués".
Un casse-tête parfois, lorsque le débit du chanteur est rapide... "Je me souviens des nombreuses répétitions que j'avais dû effectuer pour les chansons de Mas Kit, c'était difficile. Un vrai challenge, pour que la langue des signes rentre dans le temps imparti des paroles."
Le travail d'Aurélie Nahon ne consiste pas uniquement à traduire, mais il y a aussi une part d'interprétation personnelle. Et comme dans d'autres métiers, chacun à son propre style...
"C'est important aussi de retranscrire l'émotion, les instruments mais aussi le rythme, ça permet d'avoir accès à la totalité du concert"
Aurélie NahonCofondatrice du collectif 10 doigts en cavale
Un style personnel qui doit aussi s'adapter à celui de l'artiste... La chansigneuse décrit : "par exemple pour un artiste comme Stéphane Eicher, on va signer plus lentement car sa musique est très poétique, avec des gestes plus amples. Alors que ce ne sera pas le cas pour de la musique rap qui va être plus rapide."
Cet été, c'est plus de quinze festivals partout en France qui attendent le collectif.
Il sera aussi présent au Festival des Nuits Carrées d'Antibes du 22 au 24 juin prochain pour chansigner Stephan Eicher et Cara.