Elodie est infirmère dans les Alpes-Maritimes. Comme 42 autres infirmières et infirmiers de toute la France, elle pose nue sur une affiche. Un geste fort, un geste de colère.
A 44 ans, Élodie Ferriol est infirmière libérale à Antibes dans les Alpes-Maritimes. Avec son associé, elle alterne des périodes de travail de quinze jours. Comme tous ses confrères, elle s'équipe de la tête aux pieds pour se protéger du coronavirus, mais comme eux; elle manque de moyens de protection.
Ce vendredi 3 avril, elle nous envoie cette photo prise lors d'une visite à domicile.
Me voilà avec un masque ffp2 donné par un particulier et une surblouse de mon stock qui diminue à vue d’œil..."
Elodie n'a pas hésité à se dénuder face à l'objectif.
Nous nous sentons envoyés à l'abattoir, en mettant nos patients en danger mais aussi nos familles - Alexandra Cantarel, infirmière rennaise qui a rassemblé les photographies.
Qu’est-ce qui vous a poussé à participer à ce projet ?
J’ai vu une photo «nue» d’une collègue du sud-ouest, j’ai décidé de la rejoindre et puis cela a pris comme un feu de paille. Nous avons créé un collectif regroupant les soignants se sentant en danger avec des infirmiers de tout l’hexagone.
Quel est le message à donner selon vous ?
Nous nous sommes mis à poil pour dénoncer le manque cruel de moyens, on parle le plus souvent des masques mais nous n’avons pas ou peu de stock de surblouses, gel hydroalcoolique nous garantissant notre sécurité et celle de nos patients.
Une gêne, une hésitation à se dénuder ?
J’ai un mari photographe qui m’a beaucoup aidée à surmonter mes complexes. Je savais que cela aurait un impact pour sensibiliser le public. C'est lui d'ailleurs qui a créé l’affiche où pose la quarantaine de collègues.
Etes-vous engagée dans d’autres actions ?
Nous avons créé une page Facebook "SOS soignants en danger" et nous avons posté notre vidéo sur YouTube. Nous comptons participer à d’autres actions pour dénoncer l’inaction du gouvernement.
Quel impact pensez-vous donner à ce projet ?
Nous espérons que notre projet soit vu par le plus grand nombre. Mais avant tout, nous souhaitons surtout obtenir le matériel indispensable aux soins promis par l’état. Pour l’instant,
Je suis obligée de refuser les soins aux patients atteints du Covid-19 par manque d’équipement ! Ce qui est une honte !
>> En plus de l'affiche collective, les "modèles" ont donc publié leurs photos en montage vidéo illustré par un fond sonore de battements de coeur.
Un message à ceux qui rendent hommage aux soignants chaque soir ou par des chansons, poèmes et autres actions ?
Le message le plus important est : qu’ils restent chez eux !
Je vois encore trop de monde dehors. J’ai le sentiment que beaucoup n’ont pas encore compris le danger de ce virus. Les hôpitaux n’ont pas des services extensibles et seront trop vite saturés par le trop-plein de malades.
Je tiens à remercier, d’autre part, ces personnes qui nous applaudissent et nous appellent pour nous donner quelques protections, un grand merci à elles !