Alors que le gouvernement veut reporter l'âge de départ à la retraite à 64 ans, qu'en est-il de l'emploi des séniors ? Cette main d'œuvre est plébiscitée par les secteurs en tension comme l'hôtellerie et la restauration. Plus de 2.000 offres d'emploi sont à pourvoir.
Le gouvernement présente ce mardi 10 janvier ses choix pour l'avenir du système de retraites, le report de l'âge légal de départ annonçant une vive opposition dans la rue et au Parlement, malgré les mesures de "justice sociale" promises.
Le report de l'âge de départ légal à 64 ou 65 ans, envisagé, soulève une question… Alors que le taux de chômage des séniors ne cesse d'augmenter, quelle est leur place aujourd'hui dans le monde du travail ?
Les seniors serait-il une manne pour les employeurs dans les secteurs en tension ?
Selon l'INSEE (Source : Insee, projections de population active 2022-2070), les réformes passées des retraites continuent de contribuer à augmenter les taux d’activité des seniors de 60 à 69 ans. En particulier, le taux d’activité des personnes âgées de 60 à 64 ans continuerait d’augmenter avant d’atteindre un plateau à 58 % vers 2040, soit 20 points de plus qu’en 2021.
Pour les employeurs, ils représenteraient une main d'œuvre fiable et volontaire. À Juan-les-Pins dans les Alpes-Maritimes, un restaurant situé près de la plage emploie 20 salariés, un quart d’entre eux ont plus de 50 ans.
Une proportion qui pourrait grandir, car les gérants affirment préférer travailler avec des séniors.
Les séniors, ils connaissent déjà le travail, ils sont plus rapides, ils sont plus performants, meilleurs vendeurs, ils savent ce que c'est que le travail, il y a zéro absentéisme alors qu'avec les jeunes, il y a toujours quelque chose".
Nadine Trad gérante du restaurant l’Escale à Juan-les-Pins.
Le service, la plonge, la cuisine, ce sont des postes parfois pénibles, mais cela n’empêcherait pas la plupart des salariés de faire toute leur carrière dans la restauration.
Plus de 2 000 emplois sont à pourvoir sur la Côte d’Azur.
Pour faire face aux problèmes de recrutement du secteur, le patron de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie d’Antibes-Juan-les-Pins projette de mettre en place une formation réservée aux "séniors débutants".
Il est certain que le travail peut être attractif, même passé 50 ans : "Ce sont des gens d'expérience qui ont une vie derrière eux, qui vont vouloir retrouver une vie sociale, une activité plutôt que d'être au chômage chez eux" (...) notre profession permet à cette génération de trouver une autre vie," affirme Henry Mathey, président de l’union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) d’Antibes-Juan-les-Pins.
À Nice, dans un cabinet de recrutement, les consultants font face tous les jours aux à priori tenaces des recruteurs liés à l’âge : fatigabilité, prétentions, salaires, peu d’agilité digitale supposée pour ces salariés plus âgés.
Mais Sophie Palacios, directrice ABP Talents, essaye de promouvoir ces personnes compétentes et volontaires. Pour elle, "l'engagement des séniors est une vraie valeur ajoutée et, souvent, les séniors ne demandent qu'à travailler, car la valeur travail est très forte chez eux. Et en "short liste" on va proposer des candidats qui ont la même valeur, et ça, quelque soit leur âge."
Ces dernières années, le taux de chômage des plus de 55 ans a grimpé pour atteindre aujourd’hui 6% alors qu’il a baissé pour l’ensemble des actifs.
Pour l'ensemble des classes d'âge, le taux de chômage a poursuivi son recul en France, à 7% (-0,1 point par rapport au mois précédent). Il est resté stable en Allemagne, à 3%.
Outre l'Allemagne, les taux les plus bas de l'Union européenne ont été enregistrés en :
- République tchèque (2,7%)
- Pologne (3%).
- Espagne (12,4%)
- Grèce (11,4%).
Selon toujours l'étude de l'INSEE de 2020, la population active continuerait de croître légèrement au cours des deux prochaines décennies, passant de 30,1 millions en 2021 à 30,5 millions en 2040, puis diminuerait pour se situer à 29,2 millions en 2070.
Le potentiel des séniors a de l'avenir.