Des sociétés azuréennes n'ont pas respecté un arrêté visant à protéger les cétacés : interdiction de s'approcher à moins de 100 mètres et de nager avec eux. Leurs bateaux ont été saisis. Une enquête est en cours.
Nager avec les dauphins peut vous coûter gros ! Pour 300 euros par personne, trois entreprises de la Côte d'Azur prétendant pratiquer "un écotourisme responsable", proposaient d'aller nager en Méditerranée
avec les cétacés. Mais la justice française a fait saisir leurs bateaux car la pratique est interdite.
A notre micro, les mis en cause crient à l'injustice. L'un d'entre eux, Martial Frémont, affirme que "ce sont les dauphins qui viennent jusqu'à nos bateaux, c'est comme ça depuis la nuit des temps !"
En 2018, un des clients avait posté cette vidéo sur les réseaux sociaux (à cette date, cette pratique était encore autorisée) :
Quant à l'épouse d'un des mis en cause, c'est l'aspect financier qui est avancé :
C'est injuste ! Il y a plein d'associations qui le font… On va perdre beaucoup d'argent avec toutes ces histoires.
Magalie Grimont
Après un signalement de l'association France nature environnement (FNE), le parquet a placé les trois gérants des trois sociétés en garde à vue et mené des perquisitions. Les associations de leur côté démentent s'adonner aux mêmes pratiques que celles qui sont reprochées aux entreprises.
"Parfois, ils leur foncent dessus !"
Régulièrement, depuis le port de Saint-Jean-Cap-Ferrat, l'association SOS Grand bleu lève l'ancre de son vieux gréement. Objectif de ces excursions : sensibiliser les publics à la protection de la faune et la flore. Notamment au danger du plastique rejeté en mer.
Lors de ces voyages en mer, l'association confirme "que des dauphins se trouvent parfois à quelques mètres seulement".
A la différence de ces entreprises, nous ne cherchons pas à entrer en contact avec eux. Personne ne les approche ou ne nage à leurs côtés. Ce sont des animaux sauvages qu'il faut laisser tranquilles, surtout en ce moment avec les mises à bas. On est sur leur territoire, il faut se faire discret."
Murielle Oriol, responsable au sein de l'association
Les dauphins peuvent aussi être dangereux. Ce sont des animaux lourds, de plusieurs centaines de kilos, le moindre coup peut être fatal.
"Il faut sortir de ce fantasme de Flipper le dauphin, mais ça n'empêche pas de les préserver. Parfois, les opérateurs leur foncent dessus sans faire attention", ajoute-t-elle.
Ce que dit la loi
Pas touche aux cétacés ! Depuis un arrêté ministériel du 3 septembre 2020, entré en vigueur le 1er
janvier 2021, "on n'a plus le droit de s'approcher à moins de 100 mètres d'un dauphin, encore moins de se jeter à l'eau avec un dauphin" dans les eaux méditerranéennes françaises, a indiqué le parquet. Après une première réunion d'information avec les trois opérateurs en décembre 2020, "nous avons constaté en février 2021 que l'activité était toujours proposée sur leur site internet", a t-il ajouté.
Pour leur défense, les trois entreprises regroupées dans un syndicat, le collectif des opérateurs marins azuréens et français (COMPA), assurent qu'elles organisaient ces nages avec dauphins "dans les eaux internationales." Un argument balayé par le parquet qui rétorque que, selon ses investigations, "98% de ces activités se faisaient dans les eaux territoriales françaises."
Elles avaient déjà reçu plusieurs rappels à l'ordre. La loi s'applique dans l'ensemble de cette zone rouge, le sanctuaire Pelagos :
Des conséquences lourdes
Les trois gérants seront de nouveau entendus "pour être jugés d'ici à la fin de l'année", notamment pour "pratique commerciale trompeuse" et "perturbation volontaire d'espèce animale non domestiquée protégée", a ajouté le parquet.
Les gérants risquent jusqu'à deux ans d'emprisonnement et 300.000 euros d'amende ainsi que 750 euros d'amende par client et une confiscation des biens.
Des animaux en danger
La Méditerranée abrite plus de 10.000 espèces. Vingt-et-une sortes de cétacés sur les 87 recensées dans le monde ont été observées dans ses eaux et celles de la mer Noire. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), rappelle que la plupart sont "en danger". Outre les rencontres avec des touristes trop entreprenants, ces animaux risquent des collisions avec les navires, dans une mer concentrant 25% du trafic mondial.
Avec AFP.