TEMOIGNAGE. Tirs d'airsoft dans un lycée d'Antibes : "Ils se sont mis à nous courir après en nous tirant dessus"

Une blague de mauvais goût qui tourne mal, une arme factice et une cour de lycée. C’est ce triptyque qui s’est décliné lors de la journée du 2 mars où plusieurs adolescents se sont fait tirer dessus par une arme d'airsoft à Antibes dans les Alpes-Maritimes.

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Jeudi 2 mars, c’est une journée de cours a priori comme les autres pour des élèves du lycée horticole d'Antibes. À la pause déjeuner, un groupe de jeunes décide de se rendre dans un restaurant asiatique en centre-ville.

"On était allé manger place de Gaulle, et en sortant des sushis, on a vu deux ados qui ont sorti une arme, et pour moi, dans ma tête, c'était un faux parce qu'il a tiré, mais il n'y a rien qui est sorti" nous raconte une lycéenne qui a assisté à toute la scène. 

"L'un d'eux nous l'a montré pour nous faire peur, poursuit la jeune fille. Ils nous ont suivis partout où l'on s'est promenés en ville, et on a réussi à les semer en leur disant qu'on se rejoignait au McDo alors qu'on ne comptait pas du tout y aller." 

Les deux adolescents qui ont approché ce groupe ne se connaissent pas vraiment. "Ce n'est pas mon ami, mais je sais qui c'est, je connais son prénom, je ne le connais pas plus que ça" explique cette lycéenne.

Des tirs au lycée

Après leur pause, les lycéens regagnent leur établissement, le lycée horticole, pour rentrer en classe.

Un établissement sans histoire, dans le quartier de la Fontonne :

 "En arrivant, en fait, ils étaient déjà là. À ce moment-là, on ne le savait pas encore, mais ils avaient déjà tiré sur d'autres gens dans le lycée."

C'est en rentrant dans le lycée qu'on les a croisés, et c'est là qu'ils se sont mis à nous courir après en nous tirant dessus, et en entendant les bruits, les surveillants sont sortis et ils sont partis en courant.

Une lycéenne présente lors de la fusillade d'airsoft à Antibes

Dans la cour du lycée, seuls les élèves d'une classe s'apprêtent à rentrer en cours. Il est 14 heures passées, et la plupart ont commencé à 13h30. Les tirs s'enchainent et les lycéens présents courent pour y échapper. 

"J'ai été touchée, mais j'avais la main dans la poche, du coup, ça ne m'a pas fait mal, mais j'ai senti que j'ai été touchée" se souvient cette lycéenne. "On était en panique, mais vu qu'on ne comprenait pas trop ce qu'il se passait, on rigolait nerveusement un peu."                                                                        

Plusieurs plaintes déposées

Plusieurs plaintes seront ensuite déposées, par l'établissement notamment, et par un élève touché et dont la lésion a laissé échapper un peu de sang. 

Les deux auteurs présumés des faits, dont l'un n'est plus scolarisé selon nos informations car "viré de son lycée", ont été visités par les policiers à leur domicile ce lundi soir, Une garde à vue de 48 heures a suivi pour le tireur présumé, d'après Nice Matin. 

Les deux ados en question se seraient invités sur un groupe Snapchat des lycéens d'Antibes, pour s'excuser rapidement, mais aussi pour menacer les élèves de déposer plainte pour diffamation et de faire part de leur énervement après les plaintes des victimes. Rapidement, ils ont quitté le groupe et ces messages ont été supprimés.

"Effet Call-Of"

L'un des magasins azuréens spécialisés dans ce type de loisir confirme une tendance à la hausse, depuis une "vingtaine d'années". Un "effet Call-Of" assure-t-il. "Les adolescents jouent de plus en plus à des jeux vidéo de combat, et ils veulent le reproduire dans la vraie vie" poursuit notre interlocuteur, contacté ce jeudi 9 mars.

Cette référence, c'est celle du plus célèbre jeu de tir à la première personne. Une série à succès de l'éditeur Activision qui plonge le joueur dans des cartes, armes à la main, pour des matches par équipe. Un jeu de guerre où l'aspect militaire est incontournable et les "kills", inquantifiables. Plus vous y jouez, plus vous montez en grade. 

Entre le jeu et la réalité, l'épaisseur du trait. Une fédération nationale existe même. Elle encadre cette pratique et en rappelle les bonnes règles de conduite. 

Des risques existent. Dans l’œil, à courte distance, un tir direct peut entrainer des lésions telles que "l’ulcère de cornée, l’hyphéma et le traumatisme irien" constatait déjà une étude contextuelle des accidents ophtalmologiques réalisée il y a quelques années le service d’ophtalmologie, hôpital Huriez, centre hospitalier régional et universitaire de Lille.

Des séquelles fonctionnelles existent dans la moitié des cas et un acte chirurgical a été nécessaire dans un tiers des cas. Le tir est direct dans tous les cas.

L'airsoft et ses répliques fidèles ont le vent en poupe depuis que ce type de jeu s'est imposé comme l'un des styles les plus développés. Pour acquérir une arme répliquée, qui peut coûter entre 20 et 200 euros, il faut toutefois être accompagné d'un majeur pour tout achat. "Cela dépend bien évidemment des périodes, mais on en vent souvent plusieurs par jour" explique cet expert en airsoft.

Ou comment s'offrir un hersatz de guerre à moindre coût.

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