Le maire de Cogolin, dans le Var, a pris une décision radicale après la bagarre qui a eu lieu en marge de la projection de Creed 3. Il en a interdit la diffusion pendant 15 jours pour éviter tout débordement.
Ivry-sur-Seine, Dreux, Saint-Etienne... Marseille, et maintenant, Sainte-Maxime et Cogolin. Depuis quelques jours, le fighting spirit de spectateurs venus voir le dernier film de la saga Rocky, Creed 3, pose des problèmes de troubles à l'ordre public.
En cause, une nouvelle mode, visiblement portée par les réseaux sociaux, qui consiste à se battre durant ce film de boxe réalisé par Michael B. Jordan, qui y tient le rôle principal.
Décision radicale
Le maire Reconquête de Cogolin a décidé de prendre une décision radicale : interdire la diffusion sur le territoire de la commune dont il a la responsabilité, pendant 15 jours. L'édile, coordinateur départemental du Var du parti Reconquête, a pris un arrêté municipal visant une interdiction de projection sur grand écran dans sa ville, située dans le golfe de Saint-Tropez.
Un endroit, traditionnellement peu enclin à tolérer les combats de rue.
Marc-Étienne Lansade pratique lui-même le noble art et ne comprend absolument pas cette tendance. Il a d'ailleurs découvert les évènements en allant s'entrainer ce lundi matin dans la salle où il pratique les sports de combat. Et pour cause, la police n'a pas été appelée le soir des faits, mais une plainte a bien été déposée par la suite.
Je ne vous cache pas que je fais de la boxe, et lundi matin, quand je suis arrivé à ma salle, mon prof de K-1 (une forme kick-boxing japonais) m’a dit qu’il y avait eu une baston.
Marc-Étienne Lansade, maire de Cogolin
Le premier édile a décidé de rapidement apaiser les esprits : "Les forces de l’ordre n’ont pas été prévenues, j’ai été informé après le dépôt de plainte. Il faut calmer un petit peu le jeu. Il n’y a pas eu d’ITT (incapacité totale ou temporaire de travail, ndlr), mais bon, quand vous vous faites attraper à 1 contre 6, vous vous faites défoncer".
Marc-Étienne Lansade n'a pas suivi l'actualité cinématographique, mais déplore que le 7e art amène à ce type de situation.
"Une salle de cinéma, ce n’est pas un ring. On a eu deux projections qui ont fait l’objet d’incidents à répétition dans la salle. […] En plus, il y a eu une baston à la sortie d’une représentation, et comme j’ai entendu qu’à Sainte-Maxime, ils s’étaient battus à l’intérieur du cinéma, cela me paraissait être un trouble à l’ordre public suffisant pour que je mette un terme à la plaisanterie" explique ce proche d'Eric Zemmour, candidat, notamment, aux dernières législatives non loin de là.
Un arrêté de 15 jours
Au cinéma, il demande d’abord de suspendre la diffusion de cette récente production américaine. L’exploitant explique au maire "que ce n’était pas possible". "Vis-à-vis des distributeurs et il fallait que je prenne un arrêté. Qu’à cela ne tienne, j’ai pris un arrêté. J’ai appelé le préfet qui m’a spécifié qu’il fallait que je le limite dans le temps".
Ce lundi 6 mars, l'arrêté municipal 2023/242 a été publié. Il stipule qu'après la séance du 3 mars dernier, et compte tenu qu'il est "indispensable pour assurer le bon ordre et la tranquillité publique sur le territoire de la commune, d'interdire les regroupements de personnes qui, de par leurs comportements, sont susceptibles de troubler l'ordre public...", la projection du film "Creed 3" est interdite au cinéma Le Raimu.
La durée est donc de 15 jours pour le moment, et le maire n’envisage pas le prolonger, en espérant que tout cela se tasse.
Mentionné 2,5 milliards de fois sur Tik Tok
Sur la plateforme en vogue chez les adolescents, c'est un raz de marée. Le hashtag, ou mot-clé, faisant référence au film, est mentionné 2,5 milliards de fois. Parmi ces publications, on retrouve celles prises dans les salles obscures où l'ambiance monte d'un cran rapidement.
Sur Twitter aussi, les prises de bec devant la nouvelle trilogie qui suit la série des films Rocky, avec Sylvester Stallone, deviennent rapidement virales. Quelque 40 000 vues pour cette vidéo concernant cette fois une altercation entre des jeunes femmes.
Certains s'amusent même de compiler et de recenser ces bagarres qui ont lieu sur le territoire.
Côté entrées, le film ne pâtit pas d'une mauvaise publicité, au contraire. Du 1er au 7 mars, il a réuni 1.105.921 spectateurs en France. Un excellent démarrage pour sa première semaine d'exploitation.
La production ou le réalisateur restent quant à eux muets face à ces évènements. Ou comment mettre K.-O. Le box office a grand renfort d'une forme de publicité gratuite.
