Un club de football d'Antibes entraine des enfants atteints d'autisme : "la différence, on l'oublie"

Ce mercredi 2 mars, l'AS Fontonne, le club de football historique d'Antibes dans les Alpes-Maritimes avait sur sa pelouse de jeunes joueurs. C'est la section d'enfants atteint d'autisme, mise en place dès septembre qui s'entrainait. Une exception dans le football azuréen.

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10 heures, ce mercredi 2 mars sur la pelouse de l'AS Fontonne, le club antibois né en 1958. C'est une équipe de football peu connue qui commence à taper la balle.

Agés de 8 à 12 ans, ces footballeurs amateurs découvrent les plaisirs du football, son aspect technique et son jeu d'équipe.

Ces huit enfants qui évoluent sur la pelouse sont atteints d'autisme. Quatre d'entre eux sont en hospitalisation de jours à la Fondation pour enfants Lenval de Nice, les quatre autres sont suivis par l'institut Henri-Wallon de Villeneuve-Loubet.

L'AS Fontonne à la relance

Le club du quartier antibois est installé en bord de mer à l'est de la ville. Non loin, de l'autre club de la ville, le Football Club d'Antibes.

Les dirigeants du club ont débuté les démarches pour créer cette section d'entrainement il y a déjà plusieurs mois.

Nom du projet : passion foot.

On a initié les contacts l'été dernier, et on a reçu un avis vraiment très favorable de l'institut Henri-Wallon et de la Fondation Lenval. Cela s'est mis en place début septembre

détaille Frank Simoes, le co-président du club.

Une volonté de la présidence du club portée également par Gilles Massa, l'autre co-président de l'AS Fontonne"nous sommes sans cesse dans la recherche de nouvelles idées pour le développement du club, et le but était de monter une structure susceptible d'accueillir des enfants en situation de handicap, qui ne peuvent pas forcément évoluer dans un cadre "habituel" d'association sportive."

Rencontrer le milieu du football

Nicolas Pillon est quant à lui éducateur à l'hôpital Lenval de Nice. Ce traitement par le sport est considéré comme tel par les équipes médicales de l'hôpital pour enfants, où 4 de ses joueurs ce matin, suivent ce programme fédérateur. 

Il explique que "cela s'est mis en place car nous avions l'idée de rencontrer le milieu du football, nous avions déjà d'autres pratiques dans des sports divers et variés, comme l'équithérapie, le rugby, l'escalade, mais le football a un impact particulier.

C'est le sport le plus populaire, et taper dans un ballon, c'est quasiment naturel. Ca transcende les cultures, ça transcende aussi les difficultés. De jouer dans la cour, avec un ballon, tout le monde l'a fait, mais ces enfants avaient des difficultés pour le faire.

L'idée était de leur permettre d'acquérir quelques compétences ici, surtout du plaisir et de l'intérêt, pour pouvoir après rebasculer ces compétences là dans le cadre de la scolarité, et de manière plus large, du lien qu'ils peuvent avoir avec les autres enfants."

L'idée est d'ouvrir une autre session à des enfants de Lenval.

Nicolas Pillon, éducateur à l'a Fondation Lenval

Ces entrainements hebdomadaires ont permis à ces joueurs d'être licenciés du club, et comme l'explique l'un d'entre eux, d'apprécier sa passion avec ses camarades : "moi, mon truc préféré, c'est de jouer avec mon ami. Je préfère faire des passes. Mon joueur préféré, c'est lui."  sourit t-il avant de reprendre la route à l'issue de cette heure d'entrainement.

S'entrainer pour jouer comme tout le monde

"On a la chance d'avoir Matthieu, insiste Nicolas Pillon, qui est un éducateur formé aux sports adaptés, qui nous permet d'avoir vraiment un apprentissage calibré aux difficultés et aux potentialités des enfants, c'est une chance." 

Le coach de l'équipe, Matthieu Chicault, s'impatiente de pouvoir faire évoluer ses joueurs avec d'autres jeunes licenciés. Dès le printemps, il souhaite effectuer des matches en 5 contre 5, ou des entrainements mixtes à l'AS Fontonne. 

En attendant, il dispense ses conseils techniques : "quand vous avez fini votre slalom, essayez de prendre l'intérieur du pied pour bien viser".

Pour cet enseignant en activités physiques adaptées, chaque atelier est l'occasion de prodiguer ses précieux conseils.

Une habitude devenue hebdomadaire avec cette équipe : "tous les mercredis, on met en place ces séances avec des petits jeux, des exercices, et un petit match" à la fin de cette heure d'entrainement.

Une attention particulière est toutefois nécessaire, mais peu de détails diffèrent avec un groupe plus classique :

Il faut varier un maximum, car ils s'ennuient assez vite, il faut varier les jeux, les exercices, mettre des variables. Ca ne dure jamais plus de 5 ou 10 minutes sur un exercice,

Matthieu Chicault.

Quant à leur appétit pour ce sport, il ne diffère que guère des autres enfants. "Ils adorent le foot, ils connaissent beaucoup de joueurs, les Mbappé, Messi et Ronaldo, mais ils ne sont pas du tout dans le "moi je veux jouer tel poste, je veux être attaquant, ils s'amusent, ils sont plus dans le loisir et dans le plaisir." détaille Matthieu Chicault.

Parole de champion

Cette initiative de l'AS Fontonne, avec une équipe de joueurs atteints d'autisme, reste exceptionnelle dans le département maralpin.

Nicolas Pillon juge à qu'à "[sa] connaissance, c'est la seule qui existe. D'ailleurs le district s'est renseigné sur le projet, ça va essaimé, du moins c'est ce que l'on espère [...] Le but est que l'on soit précurseurs et de poser des jalons pour la suite." 

Du côté de la municipalité, c'est le nageur Alain Bernard - conseiller municipal à la jeunesse et aux loisirs - qui est en charge de l'accueil collectif de mineurs, les mercredis et toutes les vacances scolaires, qui est venu saluer ces joueurs ce mercredi matin.

Celui qui est aussi ancien champion olympique connait l'importance de telles démarches. 

Le sport, le handicap, l'inclusion dans la société par le sport, est mon combat de tous les jours. J'ai eu la chance de vivre des émotions extraordinaires, en faisant du sport, en étant acteur, mais aussi en étant spectateur,

Alain Bernard.

"Il y a encore 15 ou 20 ans, on parlait pas, aussi facilement, de handicap physique ou de handicap mental. Aujourd'hui, on arrive à le faire de manière plus décomplexée. Et là notamment, quand on voit ces jeunes qui jouent au foot, c'est génial [...] et finalement, la différence, on l'oublie." 

Le sport, qui est un "vecteur fondamental pour faire évoluer ce regard" sur toutes les formes de handisport, facilite ce type d'initiatives.

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