Dans les Alpes-Maritimes, l'ouverture de la pêche à la truite coïncide avec l'activation de l'alerte sècheresse

Le deuxième samedi du mois de mars marque tous les ans le retour de la pêche à la truite. Dans les Alpes-Maritimes, il coïncide avec le déclenchement de l'alerte sècheresse. Le niveau des cours d'eau est au plus bas. La saison de la pêche ouvre entre plaisir et inquiétude.

C'est la "rivière à truite" par excellence.

Le Loup, cours d'eau de 49 kilomètres de long, prend sa course à 1240 mètres d'altitude, au pied du massif de l'Audibergue pour se jeter dans la Méditerranée à Villeneuve-Loubet.

C'est en amont du village de La Colle-sur-Loup, où le cours d'eau est encore en première catégorie piscicole, que le président de la Fédération de pêche des Alpes-Maritimes, Jean-Luc Cerutti, traque sa première truite de l'année.

La canne en main, mais les pieds au sec sur la berge. Car en ce 11 mars, le niveau du Loup est au plus bas.

C'est assez fréquent qu'au mois de mars on soit en période d'étiage. En général ça se recharge après la fonte des neiges. Alors on croise les doigts. Et puis il va bien finir par pleuvoir ! Ca ne peut pas continuer comme ça !

Jean-Luc Cerutti, président de la Fédération de pêche des Alpes-Maritimes

Alerte sècheresse pour maintenir le niveau des rivières

Cette année dans les Alpes-Maritimes, la période de recharge hivernale des ressources en eau n'a pas tenu ses promesses. 50% de déficit pluviométrique pendant l'hiver, après une année 2022 déjà déficitaire de 43%.

La préfecture des Alpes-Maritimes vient d'annoncer l'activation de l'alerte sècheresse dans tout le département. Ce niveau d'alerte 2 sur 4 implique des restrictions de l'usage de l'eau pour tous, collectivités, entreprises et particuliers. L'objectif à court terme est justement de "permettre que le débit des cours d'eau retrouve des niveaux compatibles avec le maintien, dans de bonnes conditions, de la vie aquatique", expliquait Pierre Boutot, chef du service Eau à la DDTM 06, invité du 19/20 Côte d'Azur ce vendredi 10 mars.

Le débit des cours d'eau est en effet sous surveillance permanente :

Pour une bonne partie des cours d'eau des Alpes-Maritimes, on frôle, voire on est en-dessous des seuils d'alerte garantissant de bonnes conditions pour le milieu aquatique et les poissons.

Pierre Boutot, chef du service à la Direction départementale des Territoires et de la Mer 06

Pour le Loup, comme pour d'autres cours d'eau, ce niveau minimum n'est à l'heure actuelle maintenu que grâce aux "débits réservés", obligation qui est faite aux gestionnaires d'ouvrages hydroélectriques pour maintenir la vie aquatique en aval des centrales.

Et les pêcheurs surveillent de près l'état des rivières :

Car moins d'eau dans les cours d'eau, c'est moins de nourriture pour les poissons, et une température plus élevée donc plus propice au développement de bactéries.

Jean-Luc Cerutti, lui, adapte sa méthode de pêche :

Je pratique la pêche en "no kill" sur les truites fario. Sur les poissons lâchés, si on en attrape, on les garde !

Jean-Luc Cerutti, président de la Fédération de pêche des Alpes-Maritimes

Dans certains secteurs, et notamment à La Colle-sur-Loup, sur des parcours-découverte identifiés comme tels, des lâchers sur-densitaires ont en effet été pratiqués ces derniers jours. Des truites d'élevage ont été déversées pour que les pêcheurs non-expérimentés puissent pratiquer leur loisir sans revenir bredouille.

Si les pêcheurs sont particulièrement inquiets pour certains secteurs du département, et notamment pour le lac du Broc dont le niveau est de huit à neuf mètres en-dessous de la normale, il y a aussi quelques bonnes nouvelles cette année :

La pratique de la pêche va pouvoir reprendre dans certains secteurs de la Vésubie et de la Roya. Dans ces cours d'eau, la biodiversité avait été gravement impactée à la suite du passage de la tempête Alex en 2020, et la pêche interdite. Depuis, la recolonisation de la truite fario a été, par endroit, très rapide. La pêche peut donc y reprendre, en suivant tout-de-même une règlementation spécifique avec des quotas réduits pour préserver la ressource.

Quoi qu'il en soit, Jean-Luc Cerutti veut rester optimiste :

On a la chance d'avoir un gros château d'eau qui est le Parc du Mercantour, et le massif du Cheiron qui a beaucoup de sources. Et puis... il va bien finir par pleuvoir !

Jean-Luc Cerutti

Sur le papier la saison va se prolonger jusqu'au troisième dimanche de septembre. Reste à savoir si les conditions resteront réunies jusque-là.

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