Cannes, Nice... Des communes installent des capteurs de CO2 et purificateurs d'air dans les écoles pour cette rentrée

Pour lutter contre la Covid 19, Cannes installe 420 détecteurs de CO2 (dioxyde de carbone) et purificateurs d'air dans les écoles. A Nice, il faudra attendre la Toussaint pour voir ces nouveaux dispositifs. D'autres communes emboitent le pas dans les Alpes-Maritimes.

"L'équipement des écoles et des établissements en capteurs de CO2 est désormais recommandé", préconise le ministère de l'Education nationale en ce début de rentrée scolaire.

Ces capteurs seraient les nouveaux outils de prédilection du gouvernement pour lutter contre la Covid 19. Leur fonction ? Savoir à quel moment il est nécessaire d'aérer une pièce, une information d'importance alors que le SARS-CoV-2 se transmet par aérosols, en particulier dans les espaces confinés. Jean-Michel Blanquer veut ainsi éviter que la rentrée ne soit signe d'un rebond de la contagion.

Dans les Alpes-Maritimes, la ville de Cannes a décidé d'équiper ses écoles et ses crèches de ce nouvel arsenal : 300 détecteurs de dioxyde de carbone et 120 purificateurs d'air ont rejoint les salles de classe. 

Nos 230 classes des écoles communales ainsi que toutes les crèches sont équipées des détecteurs de CO2. Un dispositif simple, mis en place en lien avec des chercheurs du CNRS, et efficace pour contribuer à lutter contre la propagation du virus et prendre de bonnes habitudes.

David Lisnard, maire de Cannes

L'initiative cannoise fait école.

A Saint-Laurent-du-Var, la mairie a équipé ses établissements de 115 capteurs pour cette rentrée. La municipalité de Nice déploiera quant à elle ces détecteurs dans 173 restaurants scolaires pour la Toussaint.

Les salles de classe ou autres locaux occupés pendant la journée sont aérés au moins 15 minutes le matin avant l’arrivée des élèves, pendant chaque récréation, pendant les intercours, au moment du déjeuner et pendant le nettoyage des locaux.

précisent les services de la ville.

Au Cannet, l'ensemble des cantines scolaires ont aussi été fournies en purificateurs d'air et chaque salle de classe a son propre capteur de CO2. 

Comment ça fonctionne ? 

La pandémie a joué un rôle de révélateur pour le besoin de filtrage de l'air : les aérosols, nuages invisibles de particules que nous émettons en parlant ou en respirant, sont considérés comme "la principale voie de transmission du Covid-19", rappelle à l'AFP l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale à l'Université de Genève.

Selon lui, des purificateurs d'air doivent être ajoutés "si les fenêtres ne peuvent pas s'ouvrir."

Ces détecteurs placés dans une salle permettent d'y mesurer la concentration de CO2 dans l'air et de juger le besoin d'aération, ils "agissent comme des "thermomètres" du CO2, précise Jean-Michel Blanquer.

Dans un rapport du 28 avril, le Haut Conseil de la Santé Publique recommande de "mettre en œuvre des actions d’aération et d’assurer le bon fonctionnement de la ventilation lorsque la concentration dépasse 800 ppm (unité de concentration en CO2.)" 

Il fonctionne comme une alarme, soit sous forme de boitier, soit sous la forme d'une borne lumineuse qui avertit en temps réel du niveau de CO2, grâce avec un système de couleurs. Si la lumière est verte tout va bien ! Si c'est orange, il vaut mieux ouvrir les fenêtres car le seuil de CO2 est atteint. Et si la lumière apparaît rouge, là on sature, tout le monde sort. Si une pièce est saturée en CO2, il faut aérer car cela signifie que la charge virale dans l'air l'est aussi. 

Le fonctionnement d'un purificateur d'air fonctionne quant à lui comme ceci : l'appareil aspire l'air ambiant, le filtre et le rejette dans la pièce après l'avoir débarrassé des particules en suspension. Des normes européennes définissent des classes de filtres en fonction de leur pouvoir filtrant. 

Une technologie qui a un coût 

Le coût de ces capteurs varie entre 150 et 250 euros l'unité en moyenne, ce qui peut fraîner certains établissements. Il est en effet à la charge des collectivités territoriales, et toutes ne peuvent pas soutenir le financement. Interrogé par nos confrères de France Bleu Azur, le maire de Cannes David Lisnard précise : "ce sont des dispositions supplémentaires qui ont été prises en charge intégralement par la mairie de Cannes de façon anticipée et proactive pour contribuer à réduire le risque dans les établissements scolaires, pour les enfants, pour les enseignants et pour les autres personnels qui pourraient les fréquenter."

L'investissement total pour cette municipalité est de 250.000 euros. Dans les Alpes-Maritimes, le département a déboursé quant à lui 45.000 euros pour équiper une centaine d'établissements. Pour ce proviseur, c'est une bonne initiative : 

c'est important pour nous, on accueille beaucoup d'élèves le temps du midi dans la cantine

Hervé Beauvais, proviseur de la cité mixte du Parc impérial.

Une technique controversée 

Jusqu'au printemps, le gouvernement s'opposait à ces équipements (purificateurs d'air), en se référant uniquement à un avis négatif de l'Anses datant de 2017. 

Il était reprochait à certaines technologies d'émettre des nanoparticules de dioxyde de titane, voire de "renvoyer le virus". Le ton a donc changé après la publication de l'avis de l'Institut national de recherche et sécurité (INRS), suivi d'un autre du Haut conseil de la santé publique (HCSP) en avril (cité plus haut). Les deux estiment désormais que seuls les purificateurs équipés d'un filtre Haute Efficacité des Particules Aériennes (HEPA) sont dignes d'intérêt.

Mais l'association pour la prévention de la pollution atmosphérique (APPA) continue de freiner des quatre fers pour les dispositifs mobiles, accessibles au grand public comme aux collectivités."Rien ne remplace l'aération" estime l'APPA, le docteur Fabien Squinazi a piloté un rapport scientifique publié en juin préconisant "l'aération et la ventilation" naturelles comme "principes clés" pour assurer une qualité d'air optimale.

En somme : ouvrir les fenêtres dix minutes chaque heure pour faire entrer de l'air neuf extérieur.

Pas d'obligation mais une recommandation 

L'aération fait partie "des éléments clés qui nous ont permis de traverser la crise jusqu'à présent et d'avoir l'objectif d'ouvrir les écoles", a rappelé Jean-Michel Blanquer.

Avant d'ajouter :"le capteur de CO2 n'est évidemment pas central dans la stratégie de gestion de la crise sanitaire (...) ce qui est le plus important c'est surtout d'ouvrir les fenêtres le plus souvent possible" : 

L'association APPA pointe aussi du doigt le bruit fait par ces équipements, susceptible de gêner le travail d'une classe. Reste à régler le problème des salles non-aérables. 

Pour sortir de cet imbroglio, le député écologiste de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, a réclamé fin août la mise en place d'un "comité d'actions pour une stratégie qualité de l'air - Covid dans les écoles" associant tous les acteurs concernés (enseignants, parents, directeurs, médecins, experts de la qualité de l'air, représentants des collectivités...). 

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