À Cannes, un maigre espoir pour sauver le Bal des Fous avec de nouveaux "formats"

L'été 2023 va résonner différemment aux abords du palais des Festivals de Cannes. L'édition 2022 du Bal des Fous a semble-t-il été la dernière. Un maigre espoir se profile pour tenter de sauvegarder cette institution estivale cannoise.

Les "fous" peuvent-ils toujours se tailler une place au soleil à Cannes, lors de la saison estivale ? C'est par la négative que les derniers évènements semblent répondre à cette question. Alors que les organisateurs historiques ont annoncé la fin de ce rendez-vous festif et gratuit, un frêle espoir demeure quant à la sauvegarde de cette institution cannoise. 

Depuis des années, au cœur de l'été, les participants d'un bal spécial se réunissaient sur la terrasse du Palais des Festivals. Plusieurs dates, des entrées synonymes de gratuité... Le cocktail paraissait détonner avec les préceptes azuréens d’une saison estivale où rares sont les évènements de ce type.

L’été 2022, c’est la SAS Baôli qui était le producteur du Bal des Fous. "Le Baôli n’a pas voulu rempiler cette année, ce que je peux comprendre, pour différentes raisons. Il n’y a pas de souci, on est en très bons termes avec eux." explique Mozart, en charge de la direction artistique du "Bal des Fous".

À ce jour, on a communiqué pour dire que le Bal des Fous ne se tiendrait pas sur la terrasse du Palais des Festivals. Cela a suscité des réactions assez massives de la part du public, et notamment des 'fous'.

Mozart, directeur artistique du "Bal des Fous"

Du côté du vaisseau amiral de l’évènementiel cannois, on explique qu’aucun nouvel accord n’a pu convenir à l’ensemble des intervenants... pour le moment. Jean-Michel Arnaud, le président du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes, explique le processus qui s’est déroulé ces derniers mois : "La SEMEC (la société d’économie mixte qui exploite l’édifice, NDLR) a lancé un appel à candidatures pour la production de cet évènement qui a donné un certain nombre de réponses. Aucune de ces réponses n’a été satisfaisante pour optimiser le couple artistique/économique. Pour cette raison-là, les organisateurs, c'est-à-dire Mozart et Géraldine Jarry en termes de direction artistique, et le Palais qui accueille cet évènement, ont décidé de ne pas reproduire la même manifestation que l’an dernier et que les années précédentes. Et de réfléchir à une formule 2024, mais aussi d’étudier pour 2023, ailleurs qu’au Palais, un ou deux formats de fête qui pourraient être réalisés à l’initiative de la Ville de Cannes."

Un équilibre financier difficile à trouver

Une décision prise quant à ces candidatures que Mozart confirme :

"Peut-être qu’ils n’avaient pas l’envergure ou la capacité de pouvoir produire la manifestation dans sa globalité, telle que nous, on la conçoit. On a préféré, aujourd’hui, favoriser le sel et l’ADN du 'Bal des Fous' plutôt que de partir dans une aventure scabreuse ou hasardeuse. On n’a pas pris le risque."

Mozart.

L’enjeu majeur est bien celui de préserver la gratuité d’accès à l’évènement. "On a du mal à trouver l’équilibre financier, je le conçois, je l’intègre. Pourquoi ? Parce que l’on veut que le public puisse y accéder librement sans forcément prendre une prévente ou un pass."

Pas envie du côté des organisateurs de rejoindre le flot des autres festivals où l’entrée se négocie a minima contre quelques dizaines d’euros.

"C’est le bien commun, c’est le service public, c’est l’intérêt général qui prime évidemment qu’elle pourrait être plus rentable en faisant en sorte d’en changer l’orientation, mais ce n’est pas ce que l’on veut faire. Si on avait voulu faire différemment, on aurait pris des DJ, fait payer l’entrée, et ce serait devenu un festival de musique comme il y’en a partout dans le monde, avec des guest stars, etc. Ce n’est pas le but." renchérit Mozart. 

Une nouvelle mouture pour cet été ?

Reste un mince espoir, mais pour une version qui ne serait pas équivalente, quoi qu’il arrive, aux sept précédents bals de l’été 2022. 

Aujourd’hui on en est là, la mairie envisage de délocaliser la manifestation et de l’accueillir sur un espace qui appartiendrait à la mairie. On étudie aujourd’hui cette option. Bien que nous pensons que le meilleur endroit pour cette manifestation est la terrasse du Palais des Festivals.

Mozart, Directeur artistique du "Bal des Fous"

Une possibilité que n'exclut pas non plus le président du Palais : "Il n’est pas dit que l’on ne trouve pas un format pour animer, une ou deux rencontres, proches du concept du 'Bal des Fous', avec Mozart et Géraldine Jarry. C’est ce que la Ville est en train d’étudier". À condition de trouver une structure à la production qui pourrait encadrer l’évènement, à la mesure de ce qui se fait par ailleurs l’été dans l’enceinte cannoise.

"Les Plages Electro se dérouleront en partie au Palais, produit par Panda Events. C’est un peu le même schéma que pour le Bal des Fous, il faut trouver un producteur pour une manifestation comme celle-là, et il se trouve que cette année, les candidats n’ont pas convenu à l’organisation."

Un été chargé au Palais

L'été s'annonce malgré tout chargé au Palais, qui affiche une santé retrouvée après des années marquées par les restrictions liées au Covid-19. Si nouvelle mouture il y a pour le Bal des Fous, il est fortement improbable qu'il puisse bénéficier de l'emplacement de la terrasse, où notamment Phoenix et Mika se produiront cet été.

"Pour le moment, on est en train de voir comment évolue la saison, qui se présente plutôt très bien, puisque l’on est en train de remplir les concerts de Phoenix, Mika et Kyle Eastwood. Ça marche très fort. On a les Plages Electro, on a six feux d’artifices dans le festival pyrotechnique. Il y a aussi l’exposition éphémère de la Cinémathèque dans le hall Méditerranée, sur Romy Schneider. Comme l’exposition sur Louis de Funès l’an dernier, qui avait réuni 20.000 visiteurs. On a beaucoup de choses l’été, donc est-ce que l’on prévoit d’autres choses sur la terrasse du Palais ? Pour le moment, non, parce que l’on pense qu’il y a déjà énormément de choses pour la période estivale." se réjouit Jean-Michel Arnaud.