Les 24 et 25 octobre, la compagnie Arketal présentera au théâtre de la Licorne son nouveau spectacle, "La légende de la troisième colombe". Deux comédiennes-marionnettistes interprètent la nouvelle écrite par Stefan Zweig. PointCult' en profite pour explorer ce art où les émotions se libèrent.
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La nouvelle fut écrite en pleine Première Guerre Mondiale.
Avec La légende de la troisième colombe, l'écrivain autrichien Stefan Zweig rouvre le livre de la Genèse. Et se prend à imaginer ce que fut le destin de l'oiseau, envoyé par Noé depuis l'arche à la recherche de la terre après le déluge, et qui ne revint jamais.
Il y a quelques années j'ai eu un choc en voyant la colombe de Bansky. Et puis nous avons retrouvé ce texte de Stefan Zweig. Nous avons alors choisi, pendant le confinement, de créer "La légende de la troisième colombe" en spectacle.
L'idée est audacieuse. Arketal a engagé deux comédiennes-marionnettistes qui ont par ailleurs leur propre compagnie, et leur a demandé à chacune de créer, à partir du même texte, un solo.
"Des ailes aux racines"
Pour Fanny Tissot-Giordanna (compagnie Gorgomar), la nouvelle de Stefan Zweig réveille des souvenirs d'enfance autour du personnage de Noé. Sa marionnette, centrale, observe, du haut de son mât-arbre, le périple de la colombe.
La troisième colombe porte en elle les éléments de la terre et de l'humanité. Au cours de son voyage elle puise les forces et les faiblesses du monde. Elle s'abreuve de nature et devient en partie humaine.
"Une épopée de papier"
Pour Sandrine Maunier (le Théâtre désaccordé), cette légende a ravivé une envie de fabriquer du papier. Ses colombes, finement ciselées, dansent dans un délicat théâtre d'ombres.
J'avais envie de créer une nouvelle page. Pour moi le papier est une matière fragile, très légère. Si je n'avais pas eu cette texture, je n'aurais pas réussi à raconter cette histoire qui est assez sombre. Ca m'a permis de retrouver un souffle, de donner de l'espoir à cette colombe.
Cette création a été accompagnée par les membres de la compagnie Arketal dans le cadre de la formation professionnelle des deux artistes. Ces deux solos donnent deux points de vue, deux visions, deux ressentis de cette légende au message très fort.
L'important, c'est que l'on puisse parler de l'espoir de la paix, c'est le point commun des deux solos.
"Les marionnettes ont la mort derrière elles"
La compagnie Arketal, basée à Cannes, crée des spectacles et forme des marionnettistes depuis 37 ans.
Les deux co-directrices, Sylvie Osman, metteure en scène et elle-même marionnettiste, et Greta Bruggeman, factrice de marionnettes et scénographe, travaillent main dans la main pour adapter des textes classiques telles Antigone de Sophocle, ou Le conte d'hiver de William Shakespeare. Elles s'inspirent aussi de grands artistes, tel Fernand Léger. Elles abordent enfin des thèmes d'actualité, comme dans Passager clandestin.
Greta Bruggeman, qui construit les marionnettes de la compagnie, les conçoit comme des "outils", entre les mains de l'humain, pour l'aider à exprimer ses émotions :
Je construis des instruments. C'est ensuite le manipulateur qui les anime. La marionnette doit donc être assez neutre, et pouvoir prendre toutes sortes d'expressions.
Les marionnettes ont la mort derrière elle. Contrairement à nous... Elles vont donc au-delà de la vie, et peuvent exprimer tout ce qui est propre à l'humain, tout ce avec quoi l'humain se débat pendant toute une vie.
La légende de la troisième colombe sera à découvrir les 24 et 25 octobre prochains au Théâtre de la Licorne à Cannes dans le cadre du festival P'tits Cannes à you. Puis du 24 au 27 novembre au Théâtre National de Nice. Enfin les 30 et 31 mars 2022 sur la Scène 55, à Mougins, dans le cadre du Printemps de la marionnette.
En attendant, ne manquez pas l'émission PointCult', "Des marionnettes pour exprimer nos émotions", ce samedi à 19 heures 15 sur France 3 Côte d'Azur. Réagissez à l'émission avec #pointcult.