C'est grâce à son ADN, qu'un soldat tombé au champ de bataille de Verdun a été identifié. Le portrait de la reconstitution faciale de ce soldat a été remis à son descendant sous la forme d'un portrait robot, un habitant de Cannes en novembre 2017. Retour sur cette histoire.
Ce lundi 6 novembre 2017, à Cannes, à quelques jours de la journée d'hommage du 11 novembre, Robert Allard s'est retrouvé face au visage de son grand-père maternel.
C'est le chef d’escadron de gendarmerie De Azevedo, commandant la compagnie de Cannes, qui lui a remis le portrait de son grand-père, le sergent Claude Fournier, mort pendant la première guerre mondiale, le 4 août 1916.
Tout a commencé le 6 mai 2015
Sur une zone de travaux autour de l'ossuaire de Douaumont, des ouvriers mettent au jour des ossements. Il s'agit des corps de trois poilus, deux sont probablement âgés d'une vingtaine d'années et le troisième aurait environ 35 ans. Une plaque de soldat est aussi retrouvée non loin, un nom y est inscrit : Claude Fournier, 1900, Mâcon.
La gendarmerie nationale est prévenue. L'on dépêche sur place le Dr Bruno Frémont, médecin urgentiste à Verdun qui est devenu d'une certaine façon, "le légiste médecin des Poilus".
Commence alors le travail d'identification
Le petit fils du sergent Fournier se souvient : "35 ans, la plaque, très vite, les ossements trouvés pouvaient être ceux de mon aïeul. Il était sergent. En 1914, il a été appelé comme réserviste et s'est retrouvé au front à Verdun."
Les conditions de la mort de l'ancètre restent ne sont elles pas encore connues. Son corps n'avait jamais été retrouvé. Sa veuve, décédée à l'âge de 101 ans en 2011 ne connaîtra donc pas la fin de l'histoire de son mari.
Le docteur Fremont, demande à Robert Allard s'il accepte l'identification par un prélèvement ADN.
Sur demande du ministère de la Défense, des prélèvements ont été réalisés sur chacun des trois corps et sur celui du petit-fils pour réaliser un test. La certitude absolue que c'était le bon corps est établie.
2e épisode : la reconstitution du visage
L'institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale de Pontoise est sollicété pour réaliser une reconstitution faciale du défunt. Un portrait robot.C'est l’adjudant Franck Nolot du département anthropologie hématomorphologie (DCIH) qui a réalisé ce travail à partir du crâne découvert. Soixante-dix points de mesure ont été relevés et ont permis de traduire la forme du visage. Puis, dans un second temps, le capitaine Amaury Pussiau du service central d'analyse génétique de la gendarmerie a réalisé un portrait robot génétique en comparant les ADN du soldat et de son petit fils. Quatre portraits avec des pilosités différentes sont dressés.
Ainsi, il a pu être déterminé que son aïeul avait, à priori, les yeux bleus, les cheveux blonds et que son type était européen.
Pour Robert Allard, le petit-fils, il est assez difficile de réagir à cette création :"c'est vrai qu'on a retrouvé les traits de famille dans ces visages, mais ce n'est pas flagrant non plus. J'avais des photos de lui dans nos albums de famille, mais lors de la terrible inondation d'octobre 2015 à Cannes, toutes nos photos ont été détruites... Alors difficile de comparer !"
A 75 ans, lui et sa famille sont quand même heureux de cette belle aventure technologique et généalogique. Le 21 février 2018, ils se sont rendu à Verdun pour célébrer le centenaire de la bataille. Le sergent Claude Fournier y a alors été inhumé avec les honneurs, lui qui n'avait laissé comme seul souvenir matériel à ses proches sa médaille militaire. Une distinction, la plus haute pour les sous-officiers et aux soldats, donnée en récompense de ses services exceptionnels.