C'est un vrai film d'horreur ! Disons, au moins un film noir dont le Festival de Cannes se passerait volontiers. Le héros ? Le charançon rouge dit tueur de palmier. Ceux de la Croisette n'y échappent pas.
Il a débarqué sur la Côte d'Azur discrètement. Passager clandestinement de cargaisons de spécimens d'ornement importés à bas prix d'Egypte. Déjà la ville de Cannes a été obligé d'abattre un nombre croissant de palmiers municipaux: 43 l'an dernier, contre 13 en 2015 et quatre ou cinq en 2013 et 2014.
Comparé à Nice ou à des stations balnéaires comme Hyères, Cannes semble moins souffrir."Ce n'est pas encore dramatique mais ça peut le devenir. Il y a une accélération de la contamination, toute prolifération d'insecte est exponentielle", indique Xavier Peraldi, directeur des espaces verts.
"Nous n'avons que 450 palmiers des Canaries (le plus comestible pour le charançon, ndlr) sur 5.000 spécimens. Les attaques sont donc moins visibles. Mais cette année, nous avons eu un palmier dattier attaqué pour la première fois", poursuit M. Peraldi.
Cannes se contente pour l'instant de traitements bio, estimant que "c'est efficace".
Peints par Picasso ("La Baie de Cannes", 1958), Dufy ou Matisse, qui en a fait un thème incontournable avec la fenêtre et les persiennes, les palmiers élancés que l'on admire sur la Croisette ont été acclimatés à partir du 19e siècle avec le développement du tourisme balnéaire.
"Mais il y a encore beaucoup de particuliers qui ne font pas le nécessaire car ce sont des résidences secondaires et ils ne sont pas là, ou parce que c'est cher", dit-il.
A Cannes comme sur la Côte d'Azur, ils figurent depuis la Belle Epoque sur les affiches vantant la destination et sur un blason qui a inspiré les trophées en forme de palme remis à la fin du festival.
- Avec AFP