Les écrans et les tout-petits, objet d'un débat au MIPJUNIOR à Cannes

Dans les familles, la question fait débat. A Cannes, elle a été officiellement posée, à l'occasion du marché mondial des programmes pour enfants, ce week-end, à Cannes.

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Télévision, ordinateur, tablette, les foyers français sont  généralement équipés de plusieurs écrans. Les enfants en profitent, parfois dès leur plus jeune âge. Il s'agit pour les parents d'occuper les bambins, sachant que des études sont formelles : une consommation extrême provoque une addiction, voire un autisme virtuel.


La réponse varie selon les pays


A Cannes, cette question, qui fait incontestablement débat, a été évoquée à l'occasion du Mipjunior, le marché mondial des programmes pour enfants, qui s'est tenu ce week-end, avant le MIPCOM, le marché international des contenus audiovisuels qui débute ce lundi au Palais des Festivals.



Aux Etats-Unis, l'Association américaine des pédiatres (APA) a conseillé officiellement d'interdire les écrans avant l'âge d'un an et demi.
De son côté, en France, le CSA, a décidé dès 2008 d'interdire les programmes télé destinés aux moins de trois ans, lorsque des chaînes anglo-saxonnes dédiées aux bébés ont cherché à s'installer en France.


Nous avons réuni des professionnels de santé qui ont tous dit que ça n'avait pas de sens : de zéro à trois ans, un bébé doit interagir avec le monde qui l'entoure, ses jouets, ses parents et ses frères ou soeurs, et pas être passif



rappelle Carole Bienaimé-Besse, membre du collège du CSA, pour qui il s'agit d' "un problème de santé publique".



Quelle relation enfant-média ?



Interdire les écrans, "personnellement, je pense que c'est très bien", estime  Christophe Erbes, consultant en médias; selon lui, "en France, contrairement à l'Allemagne, l'Angleterre ou la Scandinavie, les politiques ne s'intéressent pas vraiment à l'univers culturel des enfants et leur relation avec les médias".
Le gouvernement français a fait de l'éducation culturelle, y compris aux médias, une priorité, "de la maternelle au lycée", comme l'a rappelé cette semaine la ministre de la Culture Françoise Nyssen.


Une interdiction irréaliste



Certains professionnels doutent cependant de l'efficacité des appels à interdire totalement les écrans, vu leur omniprésence, et plaident plutôt pour un usage "modéré".

C'est admirable, mais c'est probablement irréaliste. Aujourd'hui, le numérique est partout



estime Alice Webb, directrice des programmes pour enfants à la BBC.
Elle défend un "régime équilibré", dans lequel les enfants visionnent "avec modération" des programmes spécifiques. Sur la chaîne pour "les 6 ans et moins" du groupe public britannique, Cbeebies, "nous faisons des programmes pour les enfants à partir de deux ans, mais nous savons que des enfants encore plus petits les regardent, donc nous devons le prendre en compte lorsque nous concevons nos émissions", dit-elle.


Les réseaux sociaux : la pédagogie



Autre débat brûlant, l'usage d'internet et des réseaux sociaux, théoriquement interdits aux moins de 13 ans, ce qui n'empêche pas des bambins d'y accéder.
"C'est impossible de se dire qu'on peut contrôler tout ce qui est en ligne, c'est comme une vague qu'on n'arrivera jamais à surmonter", estime Alice Webb.
La BBC cherche selon elle à "aider les enfants à distinguer ce qu'ils devraient regarder ou pas, à réagir lorsqu'ils voient des contenus qu'ils ne voulaient pas voir, et à développer leur sens critique pour comprendre ce qui est réel ou pas".
Le CSA, lui, voudrait réguler les contenus numériques. Ce qui nécessite de réformer la réglementation audiovisuelle en France.

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