Ce lundi 6 novembre, à 11h25, les femmes ont commencé à travailler "gratuitement", selon Les Glorieuses, une organisation féministe. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, des acteurs économiques poursuivent leurs efforts pour réduire l'écart salarial.
La newsletter qui se présente comme "féministe et culturelle", Les Glorieuses, a inscrit la date du 6 novembre sur le calendrier comme étant une date au-delà de laquelle les femmes commencent à travailler "gratuitement".
Si le mode de calcul, basé sur des données de l’Eurostat, est contesté, il permet de soulever une problématique que beaucoup visent à régler.
Pour la région Paca, selon les dernières données de l'INSEE, l'écart salarial entre les femmes et les hommes (pour les salariés âgés entre 15 et 64 ans) et de -15% dans les zones urbaines. Dans les zones rurales autonomes, l'indicateur baisse à -13%, mais remonte à 18% dans les zones périurbaines.
Du côté de la FCE, un non-problème
Créée en 1945, l'association des femmes chefs d'entreprises est une association internationale. La FCE de Cannes a été créée en 1969. Son actuelle présidente, Lucie Bufarull, est cheffe d'entreprise.
Pour elle, cette problématique de différence salariale est caduque dans les entreprises qu'elle côtoie. "Au niveau de notre délégation, on a très peu de structures au-delà de 20 salariés. Dans mes entreprises également, il n'y a pas d'écart salarial entre les hommes et les femmes." insiste Lucie Bufarull.
L'ordonnance de 2017-30 a fait également évoluer les mentalités en donnant un égal accès des femmes et des hommes aux instances professionnelles (organismes, conseils d'administration et de surveillance).
L'obligation paritaire nous aide énormément.
Lucie Bufarull, présidente de la FCE de Cannes Côte d'Azur
Au niveau local, "cela peut être aussi pour le tribunal de commerce, au tribunal des prud'hommes" et permet de "se mobiliser dans l'obtention de mandats", qui "participent à la mixité".
"Pour le coup, ce n'est pas de la mixité salariale, mais c'est de la mixité représentative, là où les choses sont décidées." [...] Avant, ce n'était pas quelque chose qui était forcément accessible" explique Lucie Bufarull. La cheffe d'entreprises en est convaincue, la législation lui a permis d'accéder à certaines places de responsabilité : "Sur mon mandat des prud'hommes, on m'a clairement dit qu'il y avait aussi cette question de parité".
Une discrimination positive ? "Exactement, c'est ça. J'espère que l'on n'est pas pris 'que' pour ça, parce qu'on est une femme, et que l'on est pris aussi pour nos compétences" explique la présidente de cette délégation de la FCE, un sourire dans la voix.
Places de crèches et accès à l'emploi
Dans le Var, la data - les jeux de données informatiques - est aussi utilisée pour déceler de nouveaux axes de travail visant à réduire l'inégalité salariale.
Marc-Antoine Moché est le secrétaire général de l'Union Patronale du Var. L'organisation regroupe la CPME - la Confédération des petites et moyennes entreprises - et le Medef. Une caractéristique unique en France, avec 5 000 adhérents, pour un total d'environ 100.000 salariés.
"J'ai travaillé avec Julien Orlandini, le directeur de la CAF, et en regardant un peu les chiffres, on s'est rendu compte [...] qu'aujourd'hui il y a beaucoup d'allocataires féminins du RSA, si on mixe ces données avec le monde économique, et leur géolocalisation dans le Var, on a des zones blanches de crèches, c'est évident." explique Marc-Antoine Moché.
"C'est compliqué de faire un retour à l'emploi ou de travailler à plein temps quand vous n'avez pas de solution de garde pour votre enfant", même si cette problématique n'est pas exclusive aux femmes.
Dans le Var, sur 100 enfants de moins de 3 ans, il y a en 48 qui sont gardés par une nounou ou par une crèche, ce qui veut dire qu'il y en a 52 qui sont gardés dans le cercle familial. Au niveau régional, on arrive à 58% d'enfants gardés. L'idée est arrivée à 70%.
Marc-Antoine Moché, le secrétaire général de l'UPV
"C'est une data que j'ai donné au ministre du Travail", qui est venu en visite dans le Var il y a quelques mois. Une problématique identifiée au niveau national, suivie d'une action du gouvernement. Le 1ᵉʳ juin, la Première ministre Elisabeth Borne a ainsi annoncé la création de 200.000 places de crèches au niveau national.
Au niveau local, l'UPV œuvre auprès des entreprises pour développer des crèches d'entreprises. Un argument parfois difficile à comprendre pour "des patrons qui ont parfois du mal à se dire qu'ils vont payer un berceau dans une autre structure". Dans ce type de projet, les lieux d'accueil peuvent être mutualisés hors des murs de l'entreprise.
La publication des grilles salariales comme remède ?
Une idée que défend l'ancienne présidente de la FCE cannoise, Isabelle Croquin, est celle de la publication des grilles salariales dans les entreprises. Un moyen de déceler les écarts trop importants pour elle. Pour l'Union Patronale du Var, ce serait une fausse bonne idée, et induirait de nouvelles problématiques pour les entreprises.
"Toutes peinent déjà à recruter. Il n'y a pas de grille salariale genrée. Si on venait à les publier, ce serait problématique pour certaines sociétés. Un concurrent en meilleure "
Miser sur l'index
Créé par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, l’Index de l’égalité professionnelle permet aux entreprises de mesurer les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes, sur une notation de 100 points au total. Il est obligatoire depuis 2019 pour les structures de plus de 250 salariés, et depuis 2019, pour celles de plus de 50 salariés.
En 2022, pour la CCI de la région Paca, la chambre de commerce et d'industrie, a eu une note de 83/110.
Le secteur public joue davantage le jeu lorsqu'il s'agit de transparence sur ce sujet. La CPAM des Alpes-Maritimes affiche une note de 95/100 pour l'année 2022. Le critère de "La présence de femmes parmi les plus gros salaires de l'entreprise" y obtient par exemple une note de 5 sur 10.
Chez France Télévisions, c'est - presque - un sans faute, avec une note de 99/100 !