Le mimosa vient d'Australie, il a été importé par les Anglais au milieu du XIXe siècle pour ses qualités ornementales. Les massifs de la Côte d'Azur se parent de petites boules jaunes parfumées en hiver et attirent les touristes, mais la plante représente un danger dans la faune et la flore.
Fanny Moreau travaille au Conservatoire d'espaces naturels Provence-Alpes-Côte-d'Azur (Cen-Paca) et elle est formelle. Certes, le mimosa attire les touristes et fait le bonheur des confiseries et des parfumeries. Mais cette plante exotique en provenance d'Australie s'est très bien, et même trop bien acclimatée, aux massifs du Var et des Alpes-Maritimes. Au détriment des écosystèmes locaux.
Il s'agit bien d'une plante très envahissante et allergène qui est en train de remplacer le maquis. Plantes endémiques et microhabitats sont progressivement étouffés. Voilà qui change la végétation, et plus largement, la faune qui ne trouve plus de quoi s'alimenter.
Le mimosa d'hiver pousse d'un mètre par an en moyenne. Il envahit tout car il s'étend de trois façons, d'abord via un système racinaire, ensuite avec des rejets de souche -plus on coupe, plus ça pousse-. Enfin, le feu favorise la dispersion des graines.
Fanny Moreau, chargée de programmes et de gestion de sites au Cen-Paca
Une plante inflammable
Fanny Moreau poursuit : le mimosa épuise les sols, car il pompe énormément d'eau et il émet des substances toxiques qui vont limiter la croissance des espèces autour. De plus, il s'agit d'une essence terriblement inflammable. Son autocombustion dégage un gaz qui active le feu.
Le mimosa, c'est d'ailleurs la hantise des soldats du feu : la lutte contre les incendies de forêt commence donc très en amont des départs d'incendies par une politique de prévention du risque et dans ce cadre, les pistes des massifs doivent être débroussaillées tous les 4 ans dans un périmètre de 50 mètres. Cette mesure est destinée et garantir la sécurité des pompiers en cas d'intervention, mais en 4 ans, le mimosa envahit tout !
Une parcelle témoin
À Fréjus, dans le massif de l'Estérel, le site du Bombardier constitue une parcelle témoin, 150 hectares classés Natura 2000 traversés par une piste DFCI (Défense de la forêt contre l'incendie), dont les abords doivent rester débroussaillés.
Tortues d’Hermann, friches, maquis... Cet espace constitue une zone d'expérimentation du Cen-Paca pour limiter la propagation du mimosa.
Et il est désormais établi que débroussailler ne suffit pas : il faut procéder au dessouchage, avec un arrachage manuel des nouvelles pousses deux fois par an, au printemps et à l'automne. Les bénévoles sont sollicités, il y a aussi un partenariat avec la justice pour des chantiers de travaux d'intérêt général.
Alors le mimosa oui, mais attention, il n'est pas forcément l'ami des massifs forestiers ! Et mieux vaut éviter tout arbuste ornemental comme le mimosa à proximité de la maison. Il peut devenir une vraie torchère s'il prend feu !