Cécile de France et Vincent Macaigne sont venus présenter "Bonnard, Pierre et Marthe", un film de Martin Provost. Ils nous parlent du couple que formaient le peintre qui a fini sa vie au Cannet à quelques pas de Cannes et sa Croisette.
Le célèbre peintre qui avait élu résidence au Cannet au tout début du XX e siècle, Pierre Bonnard, et sa compagne Marthe font l'objet d'un film de Martin Provost (réalisateur de Séraphine en 2008). Ce film, Bonnard, Pierre et Marthe, a été présenté au Festival de Cannes dans la catégorie Cannes Premières.
Les deux acteurs qui incarnent le peintre et sa muse ont répondu à quelques questions.
Parlez-nous de votre couple dans ce film ?
Cécile de France : Ils sont indissociables, ils se nourrissent l'un, l'autre. Pierre s'inspire de son corps en mouvement, de sa vitalité, de son mystère, de sa bizarrerie pour nourrir son œuvre et Marthe, elle, a besoin de son regard amoureux pour rester vivante. Il l'a rendu éternelle, immortelle, elle qui a combattu la mort depuis son enfance : elle a vécu une enfance très douloureuse. C'est comme si elle naissait le jour où elle le rencontre : elle s'invente un nom pour cacher sa différence sociale.
Vincent Macaigne : C'est une histoire de haute fidélité. Malgré les tromperies, il y a le pardon. Les épreuves passent et ils choisissent d'être encore ensemble malgré tout. Je trouve que c'est très émouvant. À la lecture du scénario j'avais été très ému de voir ce couple qui choisit d'être ensemble jusqu'au bout.
Comment vous êtes-vous entraîné chacun pour peindre ?
Vincent Macaigne : J'avais une prof de peinture. C'était la peintre qui a peint les tableaux dans un précédent film, sur Van Gogh avec Williem Dafoe ( At Eternity's Gate sorti en 2018, ndlr) puis elle a appris à reproduire les peintures de Bonnard et elle m'a appris du coup à reproduire Bonnard aussi. Donc là, j'ai mis plein de faux Bonnard sur les marchés et je me fais plein d'argent (rires).
La professeure de peinture me disait que chez Bonnard, il y a une précision extrême, une grande technicité et aussi ce détachement avec la technique. Ces deux choses-là forgent aussi son personnage, son caractère.
Vincent Macaigne
Cécile de France : C'est Edith Baudrand qui nous a appris à tous les deux.C'était plus facile pour moi parce que Marthe ne se voulait pas peintre. Elle a peint pour sublimer sa douleur et Pierre l'a encouragé. Monet aussi trouvait ça super ! Je voulais garder ma maladresse parce que c'est une œuvre très naïve.
Il y a un désir profond entre Pierre et Marthe Bonnard ?
Cécile de France : Oui ! Toujours dans les petites choses du quotidien. Leur amour, leur passion du début, le fait qu'elle offre son corps comme ça, ça a été comme un déclic dans son cerveau d'artiste, comme une rencontre avec l'émerveillement, qu'il a voulu conserver. C'est pour ça qu'ils sont restés ensemble. Elle personnalisait la manière dont il a été transpercé par cette exaltation érotique et créative. C'est cela qui a fait qu'il est devenu le Pierre Bonnard grâce à cette émotion qu'il avait en la regardant.
Vincent Macaigne : J'ai l'impression que Marthe lui a apporté une forme de vérité. Elle l'a tirée vers son art et vers une concentration, mais pas avec autorité. Je pense que c'est une question que tout le monde se pose : est-ce que Bonnard aurait été Bonnard sans avoir rencontré Marthe ? Ce n'est vraiment pas sûr. C'est un chemin à deux qui crée cette œuvre-là.
Propos recueillis par Sabine Gorny, Mathieu Niewenglowski et Thierry Mongellaz.