Chaque jeudi de l'ascension, des dizaines de Cannois se rendent sur l'île Saint Honorat pour renouveler leur allégeance aux moines de Lérins. Une tradition qui contraste avec l'ambiance du festival de Cannes...
À quelques minutes du palais des festivals et de la Croisette en effervescence, il existe un refuge de silence et de sérénité. On y accède par bateau. Sur Saint-Honorat, la plus méridionale des îles de Lérins, une centaine de Cannois se sont retrouvés, en ce jeudi de l'ascension. Non pas pour fuir le 76e festival du film, mais pour renouveler leur allégeance aux moines.
Depuis le petit débarcadère, une courte marche sous les pins d’Alep permet de rejoindre l’abbaye millénaire située de l’autre côté de cette étroite bande de terre. Ici tout n’est qu’ordres monastiques et beautés sacrées. Le jasmin en fleurs embaume l'allée pavée qui mène à l'église, où les places sont aussi convoitées, ce jeudi, que celles de l’auditorium Lumière un soir de clôture du festival.
Un engagement datant de 1448
À l’issue de l’homélie du père Vladimir Gaudrat se forme la fameuse procession : les vingt-deux moines Cisterciens, des représentants des vieilles familles cannoises et le maire de Cannes, David Lisnard, défilent au rythme des tambours et des fifres provençaux jusqu'à la chapelle Saint-Pierre.
"Chaque année le jeudi de l’ascension, on refait cette procession pour respecter l’engagement qu’avaient pris nos ancêtres, le 20 février 1448, de faire allégeance aux moines qui les protégeaient contre les envahisseurs" décrit Marc Giuliano, le président de l'Association des vieilles familles cannoises.
David Lisnard, genou à terre
"Une cérémonie porteuse de sens, qui marque la fidélité et la tradition, dans le respect de la laïcité !" insiste avec malice le maire de Cannes, David Lisnard, qui se plie au rituel en déposant un genou à terre durant la lecture de l’acte d’allégeance aux moines.
Monseigneur, habitants de ce pays, nous venons vous reconnaitre comme prince du sépulcre et seigneur de notre cité. Humblement prosternés devant vous, nous vous prions de nous bénir, ainsi que nos familles et nos terres
Texte d'allégeance des Cannois aux moines de Lérins
Le festival de Cannes parait tellement loin depuis cette île sacrée. Ici, une communauté de moines vit au rythme des sept messes quotidiennes, cultive la vigne et, ces derniers temps, prie pour que tombe la pluie. Cette pluie honnie des festivaliers.
"Ce festival à qui on reproche tout et son contraire, ironise David Lisnard. Trop paillettes et trop artistique..." Le maire préfère louer "son ouverture sur la diversité, où se trouve le meilleur de l'homme".