En pleine période hivernale, ce sans domicile fixe est décédé dans un incendie survenu au Cannet ce dimanche. Les associations sur place souhaitent honorer sa mémoire : "il s’appelait Ahmed, c’est important de le répéter".
"Parfois, on ramasse les morts." Ce sont les mots saisissants du fondateur d’une association qui intervient dans le secteur du Cannet (Alpes-Maritimes), lui-même ancien sans-abri. Il décrit une réalité trop souvent passée sous silence.
Ce dimanche 29 décembre, les sapeurs-pompiers ont été appelés aux alentours de 15h30 pour un incendie. Sur place, ils ont fait une macabre découverte : un cabanon de 5 mètres carrés entièrement détruit par les flammes avec, à l’intérieur, un corps carbonisé.
Selon les associations, proches de l’homme, il s’agirait d’Ahmed, un septuagénaire vivant seul dans ce modeste abri précaire niché dans un sous-bois. Face au froid hivernal, il aurait allumé un feu de charbon pour se réchauffer.
Contacté, le parquet de Grasse confirme qu'il s'agirait effectivement d'une personne sans-abri : "des premiers éléments de l’enquête, il ressort que la victime serait une personne sans domicile fixe. Une autopsie doit être prochainement pratiquée."
Ses deux chiens, ses seuls amis
Lara, membre de l’association Etre-Humain, a souvent été au contact d'Ahmed. Elle se souvient avec émotion d'un homme digne, chaleureux, malgré les conditions difficiles dans lesquelles il vivait. "Je fais des maraudes tous les lundis, donc j’essayais toujours de lui apporter des repas. Ce qu’on donne, nous, c’est de la considération."
L'homme était particulièrement attaché à ses deux chiens, qu'il ne quittait jamais. "Ils étaient ses seuls amis depuis 14 ans", explique Lara, qui se remémore sa première rencontre avec Ahmed.
La première fois que je l’ai vu, il m’a dit qu’il n’avait pas mangé de viande depuis des années. Et quand on lui en a apporté, il en a donné la plus grande partie à ses chiens.
Lara, de l'association Etre-humainà France 3 Côte d'Azur
Lara, qui malgré le drame doit continuer son travail associatif sur le terrain, insiste sur l’importance de respecter les souhaits des sans-abris : "aider les sans-abris, c’est aussi leur demander ce qu’ils veulent".
Ahmed était bien connu des habitants du quartier. "Beaucoup discutaient avec lui et partageaient un café lorsqu’ils le croisaient", témoigne une représentante de l’association MACA sur les réseaux sociaux. "Le plus important, c’est qu’on dise son nom", souligne le fondateur de cette association basée à Cannes.
"Le froid et la misère tuent en silence"
Ce tragique événement survient dans un contexte hivernal difficile pour les sans-abris. "Cette année, le froid et la misère tuent en silence", alerte le fondateur de l'association MACA. "Dans ma structure, j’en suis à quatre décès cette année." Il rappelle notamment que, dans la ville de Cannes, la pauvreté touche 21% de la population, un taux bien supérieur à la moyenne nationale, située autour de 14%.
Le parquet de Grasse précise, auprès de France 3 Côte d'Azur, qu'une "ouverture d’information pour recherche des causes de la mort a lieu ce jour pour déterminer les circonstances de cet incendie".