Le Secours populaire était avec les SDF en ce mercredi 25 décembre, en bas de la Canebière à Marseille. Au menu: café, croissants le matin et une chorba géante à midi. Un élan de solidarité qui réchauffe le cœur des aidants comme des aidés.
Un café qui réchauffe, des paroles qui rassurent. Dès l'aube, ce mercredi 25 décembre, Djaouida Aichabou, animatrice du Secours populaire, ne reste pas en place sur le petit stand qu'elle vient d'installer au bas de la Canebière à Marseille.
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En ce matin de Noël où le mercure ne dépasse pas les 3 degrés, les sans domicile fixe qui viennent à sa rencontre ont plus que jamais besoin de réconfort. Beaucoup d'entre eux ont passé cette nuit glaciale dans un parking.
Djaouida leur offre thé, café, croissants : "C'est pour leur redonner un peu le sourire. On leur montre qu'on est là, qu'on ne les laisse pas seuls. On parle avec eux. Ça fait des années que je fête Noêl avec eux. Il y a des familles avec des bébés, je les ai vus naître. Maintenant, ce sont des enfants.
J'aime ce que je fais, le sourire d'un autre, c'est très important.
Djaouida Aichabou, animatrice du Secours Populaireà France 3 Provence-Alpes
"Quand je vois le froid, le vent, je pense beaucoup à eux. On va aussi leur distribuer des duvets, des petites surprises, ajoute Djaouida.
"Ça fait toujours plaisir pour Noël, dit Éric, qui vit dans la rue. On nous offre un café, un petit déjeuner et même un repas, c'est super cool, c'est du bonheur dans nos cœurs un peu tristes," se réjouit Eric, la barbe grise, le visage usé, mais l'œil vif.
"Tout le monde meurt si on ne s'aide pas, complète Faisal, l'un de ses compagnons d'infortune, très admiratif du travail de Djaouida. Dès qu'elle se lève, elle est là. Elle attend que tout le monde ait mangé et après elle mange."
"Je pense à la réaction à la première cuillère"
Et à midi, c'est une chorba géante qui était offerte à 200 personnes pour ce Noël solidaire du Secours populaire. Une chorba offerte par un restaurateur du quartier.
"Il faut comprendre, ce que vivent les sans-abris, qui ne trouvent pas où manger, déclare-t-il. Pendant la période des fêtes, il y a beaucoup de gens qui mangent beaucoup, chez eux et pendant ce temps, il y en a d'autres, dehors, qui ne mangent pas à leur faim. J'aime bien partager mon savoir-faire avec eux. Ils ont besoin de nous.
Avec, en prime, une chorba frik traditionnelle, préparée maison et savoureuse. "C'est un plat d'Alger, de la viande d'agneau, du blé concassé avec une belle sauce rouge, des épices, des herbes, des aromates... Quand je prépare cette chorba, ajoute le restaurateur marseillais, je pense au visage des gens qui vont manger ce plat, à la réaction à la première cuillère. Ce n'est pas le plat qu'ils mangent tous les jours en vivant dans la rue, c'est mon bonheur."
Article écrit avec Frédéric Renard, journaliste à France 3 Provence Alpes