Pour la première année, la ville de Mougins dans les Alpes-Maritimes ouvre l'accès au toit du clocher de son église chaque soir de la compétition de feux d'artifice de Cannes.
La nuit tombée, un groupe de neuf personnes se rassemble sur la place de l'église du village de Mougins, dans les Alpes-Maritimes. En cette soirée du 8 août, la plupart des vacanciers finissent leur repas dans les restaurants de la vieille ville. Légèrement à l'écart, deux couples et une famille de trois enfants ont un rendez-vous au pied du clocher l'église Saint-Jacques-le-Majeur, tout en haut du village.
Roxane Vouret, 20 ans, les y attend. La jeune femme est travailleuse saisonnière à l'office de tourisme de Mougins. Le groupe rassemblé autour d'elle va bientôt gravir l'escalier en colimaçon de la tour du clocher. Pour rejoindre le toit, il faut monter 30 mètres au-dessus du sol. Le lieu domine le littoral alentour à près de 300 mètres d'altitude.
Ce soir-là, à six kilomètres de Mougins, la ville de Cannes accueille dans sa baie l'un des six feux d'artifice de son festival d'art pyrotechnique, qui se tient du 14 juillet au 24 août.
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Chaque été, le festival met en compétition des sociétés spécialisées dans les spectacles de feux d'artifice venues de plusieurs pays. Le spectacle du soir doit commencer à 22 heures et a été conçu par la société française Lux Factory.
Le sommet du clocher de Mougins dispose d'une vue imprenable sur la baie cannoise d'où est tiré le feu d'artifice. Cette année et pour la première fois, l'office municipal de la ville a donc eu l'idée d'ouvrir le toit de la tour au public chaque soir de la compétition pyrotechnique.
"Les places sont parties très vite"
Pour faire l'expérience, et se voir en prime offrir un apéritif, les heureux élus ont eu à débourser 10 euros (30 euros pour l'option avec champagne) et surtout à être parmi les plus rapides à réserver. Pour chaque soirée de ce type, moins d'une dizaine de personnes peuvent avoir accès au clocher. "Les places sont parties très vite", confie Roxane Vouret, de l'office de tourisme.
Toutes les personnes présentes ce soir-là ont eu vent de l'initiative dans le journal ou sur internet, et ont décroché le téléphone rapidement. "On a vu ça sur internet, on a trouvé ça drôle", raconte Béatrice Mounot, venue pour l'occasion de Valbonne. "On avait déjà vu le festival il y a quelques années à un autre endroit, mais cette fois, on peut avoir une belle vue en faisant moins de route", s'amuse Serge Holderith, qui l'accompagne.
L'office de tourisme organise régulièrement sur réservation des apéritifs en haut du clocher, mais ne l'avait jamais fait la nuit ou les soirs de feu d'artifice avant cette année.
Une famille mouginoise – deux parents et trois enfants – est donc présente ce soir pour goûter à cette nouvelle activité dans leur ville.
La montée de la tour du clocher se fait sur les marches en pierre de l'escalier en colimaçon. Arrivée derrière l'horloge, il faut désormais grimper sur une échelle jusqu'au toit.
Sur le toit du clocher, aucun nuage ne se montre à l'horizon ; la vue sur la baie et les villes alentours est dégagée. L'endroit est exigu. La dizaine de participants se rassemble sur quelques mètres carrés d'espace et l'accompagnatrice décrit l'environnement à l'auditoire : au loin, on voit les lumières de Cannes, de Nice, de Grasse et le parc des Rives-du-Loup.
Sur un téléphone, elle diffuse la station radio qui doit retransmettre en direct les musiques qui accompagneront le spectacle. D'aussi loin, la vue sur le spectacle est dégagée, mais il manque le son.
Un prix international en jeu
À 22 heures, le clocher sonne juste au-dessus des têtes des participants. Quelques instants après, l'air de La Marseillaise retendit à la radio. Compétition internationale oblige, l'hymne du pays compétiteur est diffusé avant chaque spectacle.
Viennent ensuite les performances pyrotechniques, au loin, accompagnées d'un mélange éclectique de musique : celles du groupe Metallica, de Wax Taylor et de Shaka Ponk se font entendre à la radio.
Cette année, les feux en compétition promettent d'être particulièrement spectaculaires. Les participants concourent en effet face à un jury de spécialistes pour remporter la "Vestale d'or".
Tous les quatre ans, les vainqueurs des éditions précédentes du festival s'affrontent pour remporter ce prix spécial. Les Vestales d'or sont des trophées "reconnus sur la scène internationale comme étant les prix d’excellence en matière d’art pyrotechnique", avancent les organisateurs du festival.
Perché sur ce point de vue, loin des 100 000 spectateurs présents sur le littoral cannois, "on se sent privilégiés", confie un père de famille.
Le public reste attentif tout le long du spectacle et le grand final se fait remarquer avec des feux plus bruyants et plus hauts que les autres.
Le site internet du festival invite les spectateurs à attribuer en ligne une note au feu d'artifice à l'issue de l'expérience, en vue d'une remise d'un Prix du public en fin de saison. Les membres du public perchés de la tour de Mougins ce soir-là ne le feront pas, préférant regarder le panorama de nuit une fois le silence revenu. "On vous laisse un peu de temps pour observer le paysage", leur confie l'accompagnatrice de l'office de tourisme. Et les participants s'exécutent.
Deux feux d'artifice doivent encore avoir lieu en baie de Cannes avant la fin de la compétition, le 15 et le 24 août.
En haut du clocher de Mougins, une soirée est prévue pour les deux soirs, qui affichent tous les deux déjà complet.