Journée mondiale du vol spatial habité : l’étonnante histoire du Space Camp de Cannes

Peu d'Azuréens s'en souviennent, mais une cité de l'espace avait été créée à Cannes dans les années 90 pour sensibiliser les jeunes à la conquête spatiale et pour faire découvrir les vols spatiaux habités. Retour sur cet envol qui n'aura duré que 4 années.

En 1993 fermait le Space Camp initié par Patrick Baudry, le deuxième spationaute français à avoir pu rejoindre l'espace.

L'ancien pilote de chasse de l'Armée de l'Air avait ouvert sa Cité de l'Espace, où de jeunes azuréens ont pu découvrir la vie de ceux qui pouvaient prétendre quitter notre atmosphère.

Cette structure pédagogique avait également pour vocation d'accueillir des professionnels. Et pourquoi pas de former de futurs spationautes.

Située avenue des Cormorans, à Cannes, elle aura permis, une poignée d'années, d'accueillir quelque 10.000 oisillons rêvant de prendre leur envol pour aller tutoyer les étoiles.

Centrifugeuse et look américain

Appelés à l'époque les "spatiens", les enfants, adolescents et candidats aux vols spatiaux pouvaient se plonger dans cet endroit hors du commun et côtoyer des technologies révolutionnaires.

Centrifugeuses, ordinateurs, centre de commande, simulateurs de vol ou de gravité lunaire... L'entraînement de ces apprentis candidats aux vols spatiaux habités avait été capté en 1989 par les caméras de France 3 Côte d'Azur :

Patrick Baudry au centre du projet

Au centre de l'image, en 1989, Patrick Baudry est entouré des premiers stagiaires du Space Camp cannois qui a ouvert le 6 juillet de cette même année.

Un look ravageur pour l'époque, très inspiré par la NASA, l'agence spatiale américaine, où Patrick Baudry avait fait une partie de ses classes.

L'ancien pilote français de l'Armée avait été l'un des rares à être formé à la cité des étoiles russe, où il a été entraîné au vol spatial habité, faisant de lui l'un des rares Occidentaux à connaître les deux "écoles" de la conquête spatiale, aux USA et en URSS.

Et ce, en pleine guerre froide.

C'est grâce à la mission américano-francophone STS-51, qu'il a pu voler en orbite autour de la Terre, à bord de la navette Discovery, en juin 1985.

Le spationaute français a passé ainsi 7 jours, 1 heure et 38 minutes dans l'espace.

A titre de comparaison, Thomas Pesquet a bouclé 196 jours, 17 heures et 49 minutes au détour de cinq missions spatiales. 

Une fin précoce 

Ce Space Camp, bien que soutenu par la Ville de Cannes, le ministre de l'Industrie de l'époque et par l'entreprise publique nationale l'Aérospatiale, semblait bien démesuré. 

Il ne connaît que trop peu de débouchés financiers. Le site n'accueille que 3000 entrées chaque année, principalement des scolaires. Il aurait fallu 20.000 visiteurs pour arriver à l'équilibre.

Rencontre avec Patrick Baudry et les jeunes du centre en 1991 :

Le Space Camp ne génère que 15 millions de francs par an de revenus (soit environ 2,3 millions d'euros)... alors que l'investissement initial était de l'ordre de 20 millions de francs.

Le site ferme en 1993, laissant une ardoise d'environ 100 millions de francs (environ 15 millions d'euros), la vingtaine d'employés bénéficiera d'un plan social, et d'une reconversion.

Cela signe l'arrêt de cet ambitieux complexe. Seules quelques traces demeurent, en ligne.

Comme une poussière d'étoile.

 

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