180 élèves d’Occitanie sont partis à la découverte de Mars dans le sillage de Perseverance. Ils participent au défi robots martiens, une initiation aux sciences spatiales en partenariat avec la Cité de l'espace de Toulouse. Reportage.
“On peut pas aller dehors aujourd’hui, mais c’est pas grave je préfère jouer avec le robot”. Ce jeudi 7 avril, les élèves de deux classes de CE1 scolarisés à l’école élémentaire de Papus à Toulouse ont loupé la récréation. Et pour cause : ils étaient en train de guider un robot sur Mars.
Comme trois autres classes d’autres écoles de la région Occitanie, ils participent au projet “Défi robots martiens” porté par la Cité de l’espace à Toulouse. Objectif : apprendre à programmer des rovers martiens. Ils doivent s’appuyer sur la performance du robot Perseverance, envoyé sur la planète rouge après un voyage de sept mois (juillet 2020-février 2021) afin d’analyser les sols et chercher toute trace de vie sur Mars.
"Ils doivent travailler ensemble pour réussir"
Tout est chronométré. Ils ont seulement 45 minutes pour trouver le chemin qui permettrait au rover posé sur Mars de faire le tour du cratère Jezero, celui-là même où Perseverance (le vrai) a été envoyé pour analyser de l’eau glacée sur la planète rouge. Pour y parvenir, les élèves sont en binôme. Ils doivent trouver l’itinéraire pour guider le robot et pour y parvenir, établir un programme grâce à des cartes qui indiquent la direction. “Ils doivent travailler ensemble pour réussir”, résume Chloé Dabin, insitutrice.
Leurs résultats vont ensuite servir aux autres élèves des écoles qui participent aussi au défi martien et qui sont connectés via Zoom. À chaque classe son défi. “Nous, on doit emmener le robot d’un point A à un point B. C’est ça notre mission”, rappelle l’institutrice.
On ne peut pas se tromper. Si on fait une seule erreur, l’ensemble de la mission peut échouer
Héloïse Brault, institutrice en classe de CE1, à ses élèves
La mission est périlleuse : s’ils se trompent, Perseverance risque de s’endommager ou de rater son objectif. “Il faut beaucoup réfléchir pour y arriver”, confie la petite Amel. Au bout du temps imparti, trois binômes ont réussi.
Un travail de plusieurs mois
Distance entre Mars et la Terre ? "480 000 kilomètres !" Température moyenne sur Mars ? "-60 °C !" Désormais, ils sont quasiment incollables. Les élèves de CE1 ont pu découvrir la planète pendant plusieurs mois au cours d’ateliers. À partir d’un parcours pédagogique élaboré par la Cité de l’espace et transmis aux enseignants, ils ont également travaillé sur les caractéristiques d’un robot. “Ils ont appris comment le robot était fabriqué, par qui, ce qu’il allait faire dans l’Espace, pourquoi on envoyait un robot sur Mars et pas un humain”, résume Héloïse Brault.
“Un robot c’est en métal, c’est pas un humain”, se souvient Loïs. “Alors on peut l’envoyer à notre place sur Mars. Il n’aura pas froid”, complète Hassna. “Mais il risque pas de s’envoler avec toutes les tempêtes qu’il y a sur Mars ?”, s’inquiète un élève. “Non, rappelle-toi que Perseverance est lourd et solide”, rassure Chloé Dabin.
Démocratiser les sciences spatiales
Avant de participer à ce projet, aucun élève de ces deux classes ne connaissait l’existence du rover Perseverance. La plupart d’entre eux n’ont même jamais mis les pieds à la Cité de l’espace. “Moi j’en ai parlé à ma mère et on a pu y aller”, lance Anas, conquis. À ses côtés, le petit Adam a fait de même. Amel, elle, avait déjà envie de devenir spationaute avant de participer au défi robots martiens. Et compte bien aller “voir toutes les galaxies” quand elle sera plus grande.“
Ma maman ne connaissait pas du tout le robot Perseverance. Je lui en ai parlé parce que j’aime beaucoup ce qu’on fait
Hasna, élève en CE1 à l’école élémentaire de Papus à Toulouse
Pour les deux institutrices arrivées il y a cinq ans dans cet établissement toulousain, ces projets sont nécessaires pour enrichir les connaissances des enfants et démocratiser les sciences spatiales. “Beaucoup d’entre eux viennent d’un milieu assez défavorisé. Ils n’ont pas forcément l’habitude de voir ce genre de choses et nous n’avons pas les moyens de leur offrir des robots de ce type”, explique Héloïse Brault. Tout le matériel (tablette numérique, visuels, robots, cartes de jeu, plateaux de jeu pour le sol avec une impression de Mars…) a été prêté par la Cité de l’espace de Toulouse.
Au total, huit écoles élémentaires d’Occitanie ont pu participer aux “défis robots martiens”. Ce vendredi, les 180 élèves de la région sont attendus à la Cité de l’espace de Toulouse pour assister à la restitution de leurs travaux et voir des modèles réduits de robots.