Après trois ans de silence, le réalisateur Abdellatif Kechiche a été chahuté au festival Cinemed de Montpellier par des féministes. Explications.
Invité vendredi à la 44e édition du Festival du cinéma méditerranéen, à Montpellier, le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche, a confié avoir retravaillé sa trilogie Mektoub My Love, film qui avait suscité la polémique en raison de scènes de sexe très crues, dont un cunnilingus de 13 minutes.
Avant le 28 octobre 2022, le cinéaste de 61 ans, Palme d'Or en 2013 pour la vie d'Adèle, ne s'était plus montré en public depuis la 72e édition du festival de Cannes en 2019.
La comédienne Ophélie Bau, nommée aux César pour sa prestation dans le premier volet de Mektoub My Love : Canto Uno (2016), avait monté les marches, mais s'était éclipsée avant la projection du deuxième volet Mektoub My Love : Intermezzo (2019).
Le réalisateur a promis de modifier le montage pour écarter les plans qui gêneraient son actrice.
Colère des féministes
Une vingtaine de personnes ont manifesté devant le palais des congrès pour dénoncer la venue du réalisateur, l'accusant de "sexisme" et dénonçant ses méthodes de travail.
Abdellatif Kechiche est revenu sur le déroulement de la projection de Mektoub My Love: Intermezzo. Il a affirmé "je ne savais pas que les deux acteurs les plus concernés par le film étaient partis. Autrement, la projection n'aurait pas eu lieu", a-t-il ajouté.
Selon nos confrères de Franceinfo, quelques militantes féministes l'ont alors interrompu depuis les rangs du public, en scandant "Ici aussi, on se lève et on se casse", en référence au départ fracassant d'Adèle Haenel lors des César 2020 après un prix remis à Roman Polanski.
Une enquête pour agression sexuelle
En 2018, le parquet de Paris décide d'ouvrir une enquête préliminaire pour agression sexuelle contre le réalisateur, suite à une plaine déposée par une actrice. La jeune femme explique alors "avoir dîné" avec Abdellatif Kechiche, dans un appartement à Paris dans le 20e arrondissement. Endormie après avoir bu plusieurs verres d'alcool, elle affirme ensuite "s'être réveillée sur le canapé, son pantalon était ouvert et M. Kechiche se serait livrait à des attouchements sur elle". Le réalisateur conteste les faits.
En 2020, le juge chargé du dossier estime que l'infraction est insuffisamment caractérisée.
Pour une fois, la raison l'a emporté sur le pathos.
déclarait auprès de l'AFP Jérémie Assous, avocat du cinéaste.
En 2013, après le couronnement du film la vie d'Adèle, le réalisateur est la cible de l'une des deux actrices principales du film. Léa Seydoux, dénonce des conditions de tournage "horribles", des "journées sans fin", ou "des centaines de prises pour une même scène".
