Le sculpteur Jason deCaires Taylor réagit après son entrée dans le Guinness World Records Book pour ses oeuvres immergées à Cannes

Le très influent Guinness Book a parlé. Il a sacré pour l'année 2022, l'artiste Jason deCaires Taylor, dans la catégorie "Most underwater art installations by an individual", soit celle de la plus importante installation d'oeuvres d'art sous l'eau. Un nouveau record mondial.

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Le sculpteur Jason deCaires Taylor détient un record mondial pour son installation sous-marine au large de Cannes. La parution du Guinness World Records 2022 l'intègre dans son édition annuelle pour ces six visages monumentaux plongés sous les eaux en baie de Cannes.

Il a réagi depuis Londres à l'annonce de cette nouvelle qui vient saluer son travail dans l'écomusée cannois. Jason deCaires Taylor est désormais un Anglais à la page du Guinness, il décrit ses premières émotions : "J'étais très surpris, très honoré, ce n'était pas quelque chose que je cherchais consciemment à accomplir, c'est agréable d'être reconnu pour son travail. Ils m'ont demandé quelques informations l'an dernier, je leur en ai fourni ainsi que quelques photographies, mais j'ai vraiment découvert, il y a environ deux semaines, que j'étais inclus dans le livre."

Créée en 1955, cette institution britannique compile chaque année des records à travers le monde dans diverses catégories. Parfois insolites, ou anecdotiques. Celui de Jason deCairnes salue la plus grande installation aquatique mais aussi la démarche environnementale de l'artiste pour cette création de l'écomusée dans la baie de Cannes. "J'ai juste reçu un email, je n'ai pas pour le moment reçu de copie (rires)" s'amuse Jason deCairnes qui n'a pas encore eu l'occasion d'avoir un exemplaire en mains. 

Immersion en eaux cannoises

Ce record mondial, Jason deCairnes le doit à son travail dans les eaux peu profondes de Cannes, à côté des Iles de Lérins. "J'ai travaillé sur le projet pendant presque 3 ou 4 ans, je suis venu pour la première fois à Cannes en 2017. Je devais prendre connaissance de l'espace, regarder la vue et explorer l'environnement sous-marin. Ca a été un processus de quelques années, pour avoir le permis, construire les sculptures, trouver les bons modèles et sélectionner la bonne zone. C'est important de trouver le "spot" qui convient. Donc j'étais très heureux quand nous avons tout installé en janvier. C'était un grand moment pour moi" explique-t-il. 

En début d'année, la baie de Cannes a accueilli les 6 oeuvres sculptées par l'artiste, en béton au PH neutre, non polluant. Elles ont été plongées dans les eaux de l'île Sainte-Marguerite non loin du rivage, à une distance de la plage de 84 à 132 mètres, et à une profondeur allant de 3 à 5 mètres. Chacune d'entre elles atteint une hauteur de deux mètres pour un poids d'une dizaine de tonnes. Il a fallu les transporter sur une barge. Une logistique saluée à l'époque par le maire de la commune, David Lisnard.  

Ces six sculptures répondent aussi à un même thème : l'évocation du très mystérieux Homme au masque de fer. Il fut emprisonné onze ans sur l’île Sainte-Marguerite. Ces visages représentent 6 Cannoises et Cannois, de tous les âges. C'était en 2018, du 2 au 4 juillet, que l'artiste britannique avait installé un atelier éphémère pour réaliser des moulages en plâtre. Un moment que les équipes de France 3 Côte d'Azur n'avaient pas manqué de filmer. 

 

Une attraction plébiscitée

Impossible de connaitre l'affluence de cet écomusée ouvert aux quatre eaux. Aucun horaire ou billetterie, les plongeurs et touristes peuvent y accéder à leur guise. Une expérience unique que beaucoup ont su apprécier depuis l'ouverture du musée cette année. Même des magazines étrangers, comme la référence new yorkaise du magazine Time, ont inscrit Cannes et cette installation sous l'eau parmi les 100 plus belles destinations de l'année 2021.

Enjeu environnemental

Jason deCaires Taylor intervient à travers le globe pour promouvoir, créer et installer ce concept d'écomusée. Il est devenu le spécialiste de la discipline et compte par exemple des installations à Lanzarote, en Espagne, ou le plus récent Musan au large des côtes chypriotes. "Tout mon travail est guidé par l'environnement, donc quand je regarde une zone, avant tout, je ne veux pas causer le moindre impact négatif, ce doit être une intervention positive. C'est très important de trouver une zone où l'on ne cause aucun dommage. C'est pour cela que j'aime l'endroit où l'on a travaillé à Cannes car il y avait beaucoup de déchets sur le fond marin. Il y avait de vieilles pièces de moteurs, de tuyaux, des bouts de ciment. Une partie du projet était de nettoyer les alentours et de restaurer les fonds dans leur état d'origine. Nous avons mis les sculptures entre les prairies de posidonie et les herbiers de mer. C'est un emplacement que j'aime beaucoup car il est très accessible, à un mètre en dessous du niveau de la mer, et il est à côté de l'île, donc on n'a pas besoin d'être un plongeur pour y aller, n'importe qui peut s'y rendre avec des compétences de nage assez basique" détaille le sujet de Sa Majesté. 

 

Un péril extrême

Le Britannique qui vit à Londres a constaté comme beaucoup de ses concitoyens l'échec de la COP 26 de Glasgow et l'absence d'ambitions pour protéger les mers et océans du globe. Très critique, il s'exprime sur ce point en commençant par un long souffle : "Je pense que c'est incroyablement triste, que les océans sont au premier plan du changement climatique. Le plancton absorbe plus de CO2 que les forêts tropicales dans le monde. Ce sont les océans qui changent le plus, avec l'acidification, les saisons qui se réchauffent, les glaciers qui fondent... Sans des océans en bonne santé, nous sommes tous dans un péril extrême".

Le Britannique est tombé amoureux de la plongée il y a bien longtemps. Il l'a même enseignée en Australie, un temps. Partout il constate ces changements dans la vie des mers et des océans : "Il y a moins de vie sauvage sous les eaux qu'auparavant, on a tué et mangé à peu près tout. Depuis les années 1970, nous avons tué environ 65% de toute la vie sauvage, c'est une statistique incroyable. Nous l'oublions. Nous ne chassons plus tant que ça en surface, sur les terres, nous chassons toujours dans nos mers, jusqu'au point d'extinction. Ou que j'aille, j'entends toujours les mêmes histoires du style "cet endroit était plein de vie il y a encore 20 ans et maintenant c'est vide.""

Y compris sur les rivages de la Côte d'Azur, Jason deCaires Taylor se remémore les mêmes anecdotes : "Quand j'étais à Cannes, un des modèles avec lesquels j'ai travaillé était un pêcheur local qui avait travaillé sur la Méditerranée toute sa vie, et il m'a dit "je ne suis jamais revenu au port avec trois poissons dans mon bateau, les 5 dernières années ont été vraiment terribles". 

Pour prolonger le combat en faveur de la protection de cet élément indispensable à la vie, Jason deCaires poursuit : "Je travaille sur un projet en Australie, sur la Grande Barrière de corail, avec une série de sculptures célébrant des scientifiques de la mer et leurs recherches. Evidemment, il a été un peu retardé par la pandémie. Je termine ce travail cette semaine et ensuite les sculptures sont envoyées en Australie, dans le nord du Queensland. Je suis en discussion pour d'autres projets, dont un en mer Rouge, où je n'ai jamais travaillé, ce qui est excitant."

 

 

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