"Les gens riches sont ceux qui donnent le moins", derrière les paillettes du Festival de Cannes, les sans-abris

À Cannes, le contraste est saisissant, des centaines de sans-abris presque invisibles au milieu des festivaliers. Pour France 3 Côte d'Azur, ils se livrent sur leur quotidien pendant et hors festival.

Certains viennent à Cannes, en particulier le Festival, espérant que leur manche soit plus prolifique, d'autres errent dans la cité des Festivals depuis 1, 4, 12 ans… À contresens, de la foule bouillonnante, eux, restent statiques. Pour France 3 Côte d'Azur, ils nous racontent leur quotidien à la recherche perpétuelle de solutions.

"Les gens riches sont ceux qui donnent le moins"

Titouan a à peine 20 ans, il est venu de Lyon pour Cannes, expressément pour le Festival. Il espérait trouver une opportunité de travail ou au minimum, récolter plus d'argent pour vivre, mais c'est la désillusion. "Je pensais que ça serait plus facile, mais les gens riches sont ceux qui donnent le moins" nous confie-t-il. 

"On m'avait dit qu'il y avait de la place dans les foyers dans le sud, en fait, non, ils sont pleins."

Pour trouver une place, il faut avoir de la chance.

Titouan, sans-abris à Cannes

à France 3 Côte d'Azur.

Le jeune homme attend la fin du festival et ira tenter sa chance à Nice, où il espère trouver du travail pour la saison. En attendant, il dort dehors, près de la rue d'Antibes, l'axe très commerçant de la cité du cinéma. 

Un quotidien qu'il partage avec une centaine d'autres sans-abris de la ville. Le nombre exact de sans domicile fixe est difficile à évaluer en raison des nombreux mouvements. En 2018, le Samu social de Cannes les avait estimés à 150.

Antonio, lui, est roumain, arrivé à Cannes il y a un an et demi. Il a 35 ans, son spot est proche de supermarché Monoprix, en face de la gare. "Je ne trouve pas de solutions pour dormir, alors j'ai du mal à trouver un travail" explique-t-il. 

Plus de forces de l'ordre pendant le Festival 

Pour Antonio, la période du Festival est source de stress avec l'augmentation des forces de police en ville. "C'est plus compliqué, parce que la police surveille plus le centre-ville. On peut moins rester par ici pour faire la manche. Ils essaient de nous faire partir, mais il n'y a pas de places d'hébergement."

À 31 ans, Nicolas vit dans les rues cannoises depuis quatre ans. Lui, est connu de "la municipale" comme il dit. "Personne ne m'embête, même pendant le Festival parce qu'ils savent que je suis respectueux."

Durant cette période particulière, il constate à quelques mètres du Palais qu'il y a beaucoup plus de monde, plus de circulation, mais ce n'est pas pour autant que les gens badgés s'arrêtent. "Je fais la manche ici pour survivre" malgré sa situation, Nicolas reste positif.

D'origine italienne, Christian erre dans les rues cannoises depuis 12 ans. Après un accident du travail, une maison en hypothèque, des dettes qui s'accumulent, il n'arrive plus à sortir la tête de l'eau. Le Festival, il connaît bien et mis à part le passage incessant des 35 000 festivaliers devant lui, sa vie ne change pas. "Pendant le Festival ou non, ça fait quatre ans qu'on me fait des promesses, je suis contact avec l'assistance sociale, mais il n'y a pas de solution pour moi" raconte-t-il.

Lui aussi, constate que la police est plus présente, mais son quotidien reste le même. "Nous, ça va, on ne nous demande pas de partir, car on n'est pas violent, on ne boit pas. C'est vrai que la police essaie de faire partir les autres, ceux qui boivent beaucoup, et ils ont raison."

Christian espère pouvoir se loger prochainement. "Je suis handicapé, je perçois un peu d'argent, je peux payer un petit loyer, mais pas 1 000 €, ici, c'est de la folie, c'est trop cher."

À Cannes, 21% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté, et ce chiffre monte à 27% pour les 40/49 ans contre 14% au niveau national.

Un accueil de jour et de nuit proposé 

Contactée, la ville nous indique que les mesures habituelles d’aides en faveur des personnes sans domicile fixe sont les mêmes toute l'année.

"Nous ne changeons pas notre politique en faveur des sans-abris pendant le Festival de Cannes" explique la ville de Cannes.

  • Un accueil de jour (capacité de 30 personnes) dans les locaux de Lycklama est proposé aux sans domicile fixe avec une prise en charge sur le plan alimentaire (20 repas de midi) et hygiénique (douche et kits d’hygiène) et présence d’une assistante sociale.
  • Un cabinet médical est accessible à certaines heures avec des médecins bénévoles.
  • Un accueil de nuit (capacité de 24 personnes, doublé lors des épisodes de grand froid) est proposé avec dîner, petit-déjeuné.
  • Ils ont la possibilité d’avoir un animal (box-chenil au sein des locaux de Lycklama).
  • Une prise en charge médico-sociale du Samu social leur est dispensée du lundi au vendredi en journée (subventionnée par la Ville de Cannes) pour les personnes qui ne viennent pas à l’accueil de jour.

Le Samu social et diverses associations effectuent des maraudes le soir grâce à des bénévoles.

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