Pendant plus d'une semaine, au large de Théoule-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes, les plongeurs de l’entreprise YDGS ont ramassé des tonnes de déchets dans les fonds marins. Un chantier d'ampleur qui vient de se terminer.
Depuis le 4 octobre dernier, les équipes de YDGS supervisées par le Conservatoire du littoral ont fouillé les fonds marins pour extirper d'anciennes installations d'une ferme aquacole.
Près de 50 tonnes de déchets ont été ramassées : des blocs de bétons, des chaînes ou encore des cordes. Cette opération d'envergure s'est terminée il y a quelques jours.
Dans les années 2010, la ferme aquacole de Théoule-sur-Mer dépose le bilan : "Ils ont tout laissé en place et ils sont partis. Les coups de mer ont fait le reste, ils ont ramené beaucoup de déchets sur le littoral. C’est alors la commune de Théoule qui avait pris en charge, à l'époque, le nettoyage des plages mais il restait tous les corps morts, les chaînes très lourdes en mer...", explique Sophie Sejalon, déléguée adjointe du Conservatoire du littoral dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
On s’est retrouvé avec des cages éventrées, des cubis flottants un peu éparpillés sur le long du littoral mais tous les gros blocs de béton, les grosses chaînes, ça n’avait jamais été retiré des fonds marins,
raconte Pascal Bietta, le garde littoral.
Une aire marine protégée
À la demande de la commune de Théoule-sur-Mer et du département des Alpes-Maritimes, l'organisation a pu demander à l'État de leur accorder le domaine public maritime pour en faire une aire marine protégée.
Le Conservatoire s'est donc vu attribuer plus de 350 hectares au large de Théoule.
"On travaille en concertation avec les acteurs locaux, notre feuille de route a maintenant 10 ans et lors d’une réunion de concertation de ce plan de gestion, les plongeurs nous faisaient remonter le fait que les fonds marins étaient dans un mauvais état", confie Sophie Sejalon.
On a de très beaux herbiers de posidonie mais par ailleurs malheureusement il y a des gros points noirs liés à cette ancienne ferme aquacole qui avait énormément bétonné les fonds marins.
Sophie Sejalon, déléguée adjointe du Conservatoire du littoral dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Corps morts contre posidonie
Grâce à cet avertissement, les équipes du Conservatoire ont décidé de monter un dossier de demande de financement auprès du Fonds d'intervention maritime (FIM) pour mener une action.
Ce nettoyage des fonds marins était essentiel pour la déléguée adjointe : "Les corps morts ne font pas de dégâts, mais ils empêchent la colonisation des herbiers de posidonie. Les plus gros dégâts c’est à cause des chaînes qui ratissent les fonds marins au gré des houles et ça abîme tous les herbiers".
Elle ajoute que "les herbiers de posidonie sont des habitats de faune, ils jouent le rôle d’abri de nombreuses espèces et par ailleurs, ils séquestrent énormément de carbone plus que la forêt amazonienne. Ils ont un rôle énorme vis-à-vis de ce qui nous préoccupe en ce moment, c'est-à-dire : le changement climatique. Ils jouent aussi le rôle d’atténuateur de houle, ces herbiers ont une certaine hauteur donc ils amortissent la houle et ils ralentissent l’érosion".
Ils sont vraiment indispensables pour l’Homme, on se doit de mettre tout en place pour les protéger et la dé-bétonnisation en fait partie".
Sophie Sejalon
Une opération lourde
Depuis la création du parc marin, la commune avait toujours mené des actions dans le cadre associatif pour des petits retraits de déchets mais "là ça nécessitait une opération lourde avec une barge, une grue, des scaphandriers", avoue le garde littoral.
"Il y a eu un appel d’offres pour s’entourer de professionnels, c’est l'entreprise YDGS qui a répondu et qui est venue plusieurs journées sur le site. J’ai encadré les équipes, connaissant bien les fonds marins, pour retirer un maximum de corps morts, de chaînes et on est tombé sur des surprises tout au long de l’opération".
Pour réaliser cette action de nettoyage, il y a tout d'abord eu une reconnaissance dans les fonds marins pour permettre ensuite de choisir les moyens nautiques nécessaires et les plongeurs adéquats pour sortir les éléments.
"C’est un bateau équipé d’une grue qui récupère les éléments pour les mettre sur le bateau. Après c’est déchargé dans un port et c’est emmené par camions en centre de revalorisation. On a ramassé plus de 50 tonnes de déchets, c'est énorme", déclare Yann Gaucher, directeur de YDGS et capitaine du bateau.
Ce chantier a coûté environ 55 000 euros, financé à plus de 60% par l’État via le Fonds d’intervention maritime (FIM).