La ministre de la Santé attendue à Cannes ce dimanche pour clore l'université d'été de la confédération des syndicats médicaux français. Les médecins demandent une revalorisation de leur profession pour attirer les jeunes.
La désaffection croissante des jeunes médecins pour l'exercice libéral, qui reflète de nouvelles aspirations, nécessite une revalorisation de la profession, estiment les participants à l'université d'été de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux, réunis à Cannes.
Invitée à clore l'université dimanche, la ministre de la Santé Marisol Touraine est attendue au tournant par les congressistes qui redoutent que la médecine libérale soit mise de côté au profit de l'hôpital. " Le seul projet du gouvernement pour la médecine libérale se limite à mettre un terme aux dépassements d'honoraires qui ne concernent qu'un quart des médecins!", déplore le président de la CSMF Michel Chassang.
La ministre de la Santé Marisol Touraine à son arrivée à Cannes ce dimanche matin :
Des déserts médicaux
Des négociations sont en cours entre l'assurance maladie et les syndicats de médecins pour limiter ces dépassements qui entravent à l'accès aux soins selon le gouvernement. M. Chassang se dit "inquiet" pour la médecine libérale "vue uniquement à travers ce prisme", d'autant plus que son attractivité est en chute libre auprès des jeunes. De moins en moins nombreux à vouloir s'installer à leur compte, les jeunes médecins préfèrent l'activité salariée, ce qui aggrave le phénomène des déserts médicaux, en raison des nombreux départs à la retraite.
Sur les 5.392 nouveaux médecins inscrits à l'Ordre des médecins au 1er janvier 2011, seulement 9,4% avaient choisi le secteur libéral. Cette désaffection trouve son origine dans les aspirations différentes des jeunes générations: temps de travail, attrait pour l'exercice en équipe, lourdeur des tâches administratives en cabinet, etc.
De plus en plus de femmes dans le métier
Dans le même temps, la part des femmes est passée de 24,5 % en 1984 à 40,3 % en 2010, selon l'Irdes (Institut de recherche et documentation en économie de la santé). "Les femmes préfèrent commencer par le salariat ou les remplacements pour pouvoir faire des enfants car en tant que salariée, elles ont droit au congé maternité et en tant que remplaçante, elles n'ont pas à faire face aux charges", explique Isabelle Ettori-Ajasse, interne en médecine générale à Tours et membre de l'Isnar-Img (internes en médecine générale). D'où la nécessité, selon elle, d'accorder "un vrai congé maternité" au médecin libéral, même si la féminisation "n'explique pas tout". Le problème est "surtout générationnel", dit-elle.
Une mauvaise image
Pour Emmanuel Bagourd, président de l'Isnar-Img, les études de médecine ne favorisent pas l'exercice libéral car les stages en cabinet sont trop rares: "on ne s'installe pas dans un milieu que l'on ne connaît pas", a-t-il affirmé lors d'une table ronde. "C'est important d'accompagner les jeunes et de passer le relais" car "ils ont souvent peur d'utiliser leurs connaissances seuls face au patient, dans des conditions très différentes de l'hôpital", relève en écho Béatrice Fazilleaud, médecin généraliste, membre de la CSMF, qui accueille des internes dans son cabinet.
En fait, la médecine libérale souffre d'une "mauvaise image" car "on a l'impression que le métier est dévalorisé", juge M. Chassang. Par exemple, les médecins "doivent pouvoir aménager leur temps de travail", ce qui passe aussi par une "meilleure rémunération", selon lui.