Sécheresse, inflation, hiver doux… Saison compliquée pour le mimosa de la Côte d'Azur

Après un été de sécheresse, le redoux de cet hiver n’est pas pour arranger la récolte de la précieuse fleur de mimosa cultivée dans le Var et les Alpes-Maritimes. Un décalage dans les récoltes oblige les mimosistes à quelques sacrifices et les inquiètent pour les semaines à venir.

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À la jonction des départements des Alpes-Maritimes et du Var, les fleurs de mimosas colorent massifs et collines à cette période de l’année. Une fleur particulièrement prisée dans ce coin de Méditerranée qui a dû s’adapter aux aléas climatiques des derniers mois passés.

Entre sécheresse estivale et hiver aux températures particulièrement douces, les professionnels de cette récolte risquent de devoir sacrifier une partie de leurs récoltes.

"C’est vrai que cette année on a eu du mal"

Pour Fabien Reynaud, le mimosa est avant tout une passion et une histoire de famille - avec trois générations qui ont travaillé la précieuse fleur. Pour ce producteur, cette saison 2022-2023 amène son lot de difficultés pour celui qui est installé à Pégomas, dans les Alpes-Maritimes. 

D'habitude plus précoce, les récoltes ont été repoussées cette année de quelques semaines.

Les forceries ont tourné au mois de décembre, les fleurs ont dû y être placées un temps pour assurer un minimum de stock en fin d'année. Ces serres chauffées permettent de forcer la plante à se développer, mais ces installations au fioul ont un coût qui n'est pas négligeable.

"On a commencé au 15 décembre pour pouvoir assurer des ventes pour les fêtes de fin d’année, et on n’a pas pu produire ce que l’on espérait. Justement, à cause de la sécheresse, le mimosa avait du mal à fleurir. Il s’était un peu rétracté sur lui-même. On a été obligé d’attendre début janvier, pour qu’avec les douceurs, et l’humidité ambiante, il fleurisse naturellement sur l’arbre" explique Fabien Reynaud.

Météo trop clémente

Ce décalage de quelques semaines a des conséquences financières directes pour les exploitants. "La saison a pris un peu de retard. Au niveau des ventes, on n’a pas pu fournir", déplore Fabien Reynaud.

"J’ai une variété précoce qui commence au 15 décembre, alors on a pu commencer, car il y en avait un peu, on y est allé doucement. Comme on a un hiver très doux, il a commencé à fleurir, on est en pleine récolte" explique ce professionnel de la vallée de la Siagne qui travaille même le week-end pour assurer un certain rendement.

Pour la récolte de cette année, c'est la fin des hostilités qui inquiètent certains mimosistes. "Des fois on arrive à aller jusqu’à la fête des grands-mères, début mars. Là, si ça continue comme ça, on risque de finir pour la Saint-valentin, le 14 février."

Si on n'est pas un peu plus au froid, dans un mois c'est plié. On a une quantité de production à faire en un temps donné, et quand ce temps donné se rétrécit à cause de la chaleur, forcément on n'arrive pas à tout faire.

Fabien Reynaud, mimosiste à Pégomas

Course contre-la-montre

Cette nouvelle donne climatique va en obliger certains à faire des sacrifices, ou voir leur chiffre d'affaires amputé. Cette absence de froid, on l'a également observée du côté du Tanneron, dans le Var. "On a eu de grosses difficultés au mois de décembre, car il a fait froid et le mimosa n'a pas fleuri pour les fêtes."

"On a eu de la difficulté pour satisfaire la demande des clients. Et là, malheureusement, ce qu'il se passe, c'est qu'il fait chaud et humide, et là le mimosa fleurit d'un coup. Il nous dépasse, on n'arrive pas à le rattraper" constate quant à lui Benoît Augier. Installé dans le Var, au Val Cros, il court surtout après le temps en ce début d'année 2023.

C'est "une saison, sur le Mirandol pour l'instant, qui est plus courte que prévue".  Cette variété précoce de mimosa a désormais du mal à s'acclimater avec des températures si douces.

Sans oublier la sécheresse de cet été qui a commencé à modifier les réflexes de la plante : "On espère que le froid va s'installer, car ça va mieux tenir la plante. C'est le même problème avec les fruitiers qui commencent à débourgeonner, et nous, on a le même problème. Cet été, les arbres ont souffert avec la sécheresse. Dès qu'il a eu de l'hydrométrie, ils ont pu un peu se régénérer et sont mis un peu en 'mode autodéfense' et se sont mis à fleurir spontanément."

En 2021, j'ai commencé la récolte le 26 novembre. Cette année, j'ai commencé le 22 décembre. 

Benoît Augier, mimosiste du Tanneron

Avec ses 9 salariés, Benoit Augier va devoir sacrifier une partie de ses récoltes. C'est inéluctable. "De toute façon, on ne peut pas aller plus vite que la nature, à un moment donné, il faut être fataliste, c'est comme ça" regrette-t-il.

"Pour notre chiffre d'affaires, je pense que l'on va perdre entre 25% et 30%". 

Benoît Augier, mimosite du Tanneron

Ceproducteur n'aura pas le choix, il laissera un pourcentage identique de ses fleurs sur les arbres, sans possibilité, ou temps, pour le récolter. Soit au moins un quart de sa récolte.

Seules des températures négatives en matinée pourraient ces prochaines semaines seraient salvatrices pour ces récoltes, "de l'ordre de -3 ou -4°C, avec 5 ou 6°C en journée". Au vu de la météo actuelle, on est bien loin du compte. La température va attendre au moins 13°C sur ce secteur du Var pour cette deuxième semaine de l'année.

Côté tarifs, ces professionnels parviennent à suivre celle de la courbe de l'inflation, de l'ordre de 10%. Les marchés extérieurs, hors de la France, apportent un peu plus de marge, jusqu'à 20% quand la fleur est exportée dans le nord de l'Europe par exemple.

Une fête dans la capitale

La commune de Mandelieu-la-Napoule se considère quant à elle comme étant la capitale de ces minis soleils sur tige. Exposition, grand corso et carnaval se déroulent cette année du 8 au 12 février, avec pour thème "La grande course autour du monde". 

Des routes du mimosas pour aller à la découverte de ces paysages et de ces producteurs sont également proposés, dans les Alpes-Maritimes et le Var. L'office de tourisme de Mandelieu organise une traversée de la plus grande forêt d'Europe de mimosa les 9, 11, 13 et 14 février.

Une chose est sûre, le paysage sera bien doré, car toutes les fleurs ne seront jamais récoltées cette année.

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