Le Samu social de Cannes a demandé aux pouvoirs publics et à l'Agence Régionale de Santé de les soutenir dans le cadre d'une campagne de dépistage organisée le lundi 12 avril pour les personnes sans domicile. La vaccination n'est pas encore à l'ordre du jour.
L'opération aura lieu de 9 h 00 à 16 h 30, à la gare maritime de Cannes. Le samu social a demandé environ 200 tests antigéniques à l'Agence Régionale de Santé, il s'agit pour ce groupement d'associations d'avoir un aperçu des cas positifs chez les personnes qui sont à la rue dans cette ville des Alpes-Maritimes.
Le but est d'établir un listing des personnes qui souhaitent être vaccinées, et une fois cette liste établie, de communiquer l'information aux services municipaux et à ceux de l'État.
L'objectif final est de mettre en place avec la mairie de Cannes une matinée spéciale, destinée exclusivement à la vaccination des personnes sans domicile fixe qui en auront émis le souhait.
Un public qui n'est pas prioritaire
Christophe Visentin, directeur du Samu social de Cannes, regrette la mise à l'écart des sans-abris : "Depuis tous ces mois, le gouvernement n'a pas arrêté de parler des personnes âgées, fragiles avec des comorbidités, mais rarement le sujet des personnes de la rue a été évoqué. Il était indispensable d'effectuer des tests et surtout de proposer une vaccination à cette population aussi exposée."
"C'est faux !" s'exclame le docteur Pierre-Marie Tardieu, responsable pour le CHU de Nice de la permanence d'accès au soin de santé en charge des publics dits précaires. Il affirme que le gouvernement a régulièrement évoqué le cas des personnes à la rue.
Pierre-Marie Tardieu est également coordonnateur au niveau régional, il s'occupe également des gens du voyage, des foyers de travailleurs migrants et d'autres personnes en situation de précarité.
Dans le cadre du Covid, il nous a été demandé d'être promoteur du dépistage de ces populations. Entre 2000 et 2500 personnes ont été testées et isolées sur les Alpes-Maritimes.
Il estime qu'il y a dans le département entre 1000 et 1500 personnes sans domicile stable, et que seulement une vingtaine de personnes ont refusé d'être hébergées dans le cadre de cette campagne.
Pourquoi ne pas vacciner maintenant ?
L'espérance de vie d'une personne SDF s'élève à moins de 50 ans, alors qu'elle atteint en moyenne 82 ans dans le reste de la population française. La France compterait même 300 000 sans domicile fixe, selon Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre qui s'était exprimé dans le JDD en 2020.
Aujourd'hui, l'État n'a pas prévu de campagne de vaccination des sans-abris. Selon le docteur Pierre-Marie Tardieu, c'est en grande partie dû à la difficulté de planifier une seconde injection pour ce public spécifique qui n'est pas souvent au même endroit et qui a peu de moyens de communication.
Les vaccins Pfizer et Astra Zeneca doivent être injectés deux fois pour être suffisamment efficaces. Le gouvernement attendrait donc l'arrivée du vaccin Johnson & Johnson qui n'a besoin que d'une seule dose pour lancer la campagne.
Quand ce vaccin arrivera, "on sort à deux en équipe mobile, on peut vacciner 80 personnes par jour avec un suivi" affirme Pierre-Marie Tardieu. Il ajoute : "Peut-être faudrait-il le réserver à une population spécifique car il n'y a pas eu une commande en grande quantité."
Concernant les chiffres de la vaccination, le nombre de personnes ayant reçu une première dose de vaccin en Provence-Alpes-Côte d'Azur ne cesse d'augmenter.
Il était d'un peu plus de 800 000 personnes le 8 avril.