Volodymyr Zelensky invité du Festival de Cannes. C'est l'image forte que l'on retient de cette soirée d'ouverture de la 75e édition. En ouverture et à la surprise générale, ou presque, le Festival s'est donné d'emblée une tonalité politique en offrant une tribune, depuis Kiev, au président ukrainien.
Alors que le film projeté en ouverture du 75e Festival de Cannes du réalisateur français Michel Hazanavicius avait changé il y a quelques semaines pour passer de "Z (comme Z)" à l'actuel "Coupez !, en raison d'un risque de confusion avec la lettre "Z" figurant sur les blindés russes en Ukraine et devenue le principal symbole de soutien à l'invasion... Volodymyr Zelensky était l'invité surprise de cette soirée du 17 mai.
En effet, le Festival de Cannes a donné d'emblée une tonalité politique à cette édition 2022, en offrant une tribune au président ukrainien.
En treillis, sur l'écran du Palais des Festivals, il a été suivie d'une longue ovation par le gratin du cinéma mondial, réuni pour la cérémonie d'ouverture d'un festival qui a promis que la guerre serait "dans tous les esprits".
Face aux spectateurs, en tenue chic et de soirée, il a affirmé :
"Il nous faut un nouveau Chaplin qui prouvera que le cinéma n'est pas muet" face à la guerre.
"Nous allons continuer de nous battre, nous n'avons pas d'autre choix (...) Je suis persuadé que le +dictateur+ va perdre", a poursuivi Volodymyr Zelensky, en référence au président russe Vladimir Poutine et au film de Charlie Chaplin, qu'il a cité à plusieurs reprises.
En Ukraine, "des centaines de personnes meurent tous les jours. Ils ne vont pas se relever après le clap de fin. (...) Est-ce que le cinéma va se taire, ou est-ce qu'il va en parler ? S'il y a un dictateur, s'il y a une guerre pour la liberté, de nouveau, tout dépend de notre unité. Alors, est-ce que le cinéma peut rester hors de cette unité ?
le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le président s'est aussi exprimé quelques temps plus tard, à l'issue de la cérémonie sur son fil Instagram : "Je continue de rassembler le plus grand public international pour l'Ukraine. Pour soutenir notre état à tous les niveaux. Et de faire pression sur la Russie à tous les niveaux. Pression de l'information, diplomatique aussi bien que culturelle. Voilà ce dont nous avons besoin. Pour que, comme à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale, la lutte pour la liberté puisse reposer notamment sur le pouvoir de l'art."
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Au delà de ce discours
Outre le bannissement des délégations officielles russes, annoncé après l'invasion, la sélection officielle porte elle aussi cette année l'ombre de la guerre.
A commencer par le film qui ouvrira la compétition ce mercredi, "La femme de Tchaïkovski", du dissident russe Kirill Serebrenniko. Voir ce cinéaste, sélectionné à trois reprises, pour la première fois les marches sera un symbole fort.
Plus tard dans le festival seront aussi montrés les films des Ukrainiens Sergei Loznitsa ou Maksim Nakonechnyi, ainsi que le dernier film du réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, tué début avril en Ukraine, "Mariupolis 2".
On savait que le conflit allait s'inviter à Cannes, mais pas forcément aussi tôt et aussi fortement ce que ce mardi soir.
Avec AFP