"Sans filtre", satire des ultra-riches et des rapports de classe dans les sociétés occidentales, à l'humour aussi marxiste que corrosif, arrive ce mercredi 28 septembre en salles après avoir décroché la Palme d'Or à Cannes.
Croisement de "Titanic" et "La Grande Bouffe", le film "Sans filtre" ("Triangle of sadness" ) a permis au Suédois Ruben Östlund d'entrer dans le club restreint des cinéastes double palmés à Cannes, aux côtés des frères Dardenne, Ken Loach ou Michael Haneke.
Il avait déjà obtenu le titre en 2017 pour "The Square", attaque en règle contre la vanité qui peut entourer l'art contemporain.
Revoyez l'annonce et la remise du prix par Vincent Lindon en mai dernier :
Durant 2h30, c'est une croisière de luxe déjantée qui se déroule sur l'écran.
Synopsis : Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s'inversent lorsqu'une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.
La bande annonce:
Notre journaliste, critique cinéma, Jacky Bornet, est en revanche lui resté sur sa faim devant ce film. Dans sa critique, il déplore "les lacunes d’une approche un peu simpliste d’une lutte des classes actualisée par un réalisateur de talent et un rien provoquant, certes, mais au discours attendu."
La sortie du film a été percutée par la mort soudaine, à seulement 32 ans, fin août, de l'actrice sud-africaine qui interprète ce personnage principal, Charlbi Dean.
Pour son ultime rôle, elle côtoie à bord du yacht de "Sans Filtre" une galerie de richissimes personnages : oligarques russes alcooliques, charmant couple de retraités britanniques ayant fait fortune dans la vente de mines antipersonnel et autres odieux passagers.
De longues minutes d'applaudissement à l'issue de la projection au festival de Cannes :
Les riches contre les pauvres
Dans une sorte de "Titanic" inversé, où cette fois les plus faibles ne sont pas forcément les perdants, Ruben Östlund, 48 ans, décortique les ressorts de classe de fond en comble : les riches contre les pauvres, mais aussi les hommes contre les femmes, et les Blancs contre les Noirs.
Une scène de mal de mer généralisé, scatologique à souhait, mettra à l'épreuve même les estomacs les plus blindés: "dans la scène où tout le monde vomit, c'est ce qui se joue: chacun essaie de garder sa contenance, de tenir sa fourchette", explique Ruben Östlund.
Volontiers caricatural et outrancier, Ruben Östlund prend bien soin d'égratigner aussi les faibles, aussi méchants et médiocres que les puissants. Et prompts à abuser à leur tour du pouvoir dès qu'ils l'obtiennent.
Avec AFP