Des chercheurs notamment de Sophia-Antipolis vont créer une bibliothèque des odeurs du passé

Le projet Odeuropa vient d'être lancé par des chercheurs européens et financé par l’Union Européenne. Il a pour objectif de faire revivre, grâce à la science, les odeurs disparues à partir entre autres d'oeuvres d'art. Des chercheurs de Sophia-Antipolis dans les Alpes-Maritimes y participent.

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Que sentait Marseille, Paris ou Nice au XVIe siècle ? Des chercheurs de sept pays sont en train de créer une encyclopédie des odeurs du passé pour le soir.

Ils sont historiens, experts en intelligence artificielle, chimistes et parfumeurs, unis autour de ce qui se veut une encyclopédie des odeurs du passé. Six structures européennes sont impliquées dans le projet dit Odeuropa. 

On se demande tous comment on vivait avant, le cinéma nous replonge dans le passé parfois, mais là on a envie de le faire avec un sens que l'on utlise tout le temps... On va analyser des textes, des images ou des peintures, depuis le XVIe siècle, pour essayer de trouver des références ou des mentions à des odeurs particulières. 

Raphaël Troncy enseignant chercheur à Eurecom à Sophia Antipolis sur France Inter.

Pour Raphaël Troncy , il faut se plonger dans les bibliothèques des grands fonds de documents qui sont disponibles, "qui demandent juste à être analysés entre guillemets. 
Par exemple aux XVIe et XVIIe siècles,  les gens pensaient que l'odeur du romarin pouvait protéger contre la peste." Ainsi, dans les masques en cuir de l'époque on y mettait des brins ou de l'essence de cette herbe devenue aromatique.

Une première 

Cette encyclopédie, une première dans le genre, "permettra aux internautes de découvrir comment les odeurs ont façonné nos communautés et nos traditions", explique un communiqué de l'université Anglia Ruskin (Cambridge), une des structures engagées.
 
Les chimistes et parfumeurs du projet seront aussi chargés de recréer, grâce à des indications trouvées par une intelligence artificielle dans des textes historiques ou peintures, des odeurs clefs de certaines époques - comme le tabac ou de grands parfums historiques - mais aussi de certains espaces, comme la puanteur des villes
provoquée par la révolution industrielle. 

Près de 400.000 images et dessins vont être analysés, les fonds documentaires et les catalogues des bibliothèques également. "Etant proche de Grasse ville du parfum, nous allons aussi voir avec les entreprises historiques comme Fragonard et Galimard si nous pouvons avoir accès à leurs archives. Mais ce sont bien les odeurs et non les seuls parfums qui seront l'objet de nos recherches", le redit Raphaël Troncy.

Un de nos chercheurs travaille sur des peintures et va essayer de recréer l'odeur de (la bataille de) Waterloo,

professeur William Tullett, historien à l'université Anglia Ruskin.

Le rôle des Azuréens ?

En tout 30 à 40 chercheurs sont engagés dans cette étude globale. Ici à Sophia-Antipolis, l'équipe de l'école d'ingénieurs Eurecom sera de trois à quatre personnes.

Spécialisés en modélisation des connaissances et extraction des informations dans les textes et les images, Raphaël Troncy et ses collègues vont construire une énorme base de données, de connaissances, une forme de compilation de toutes les références à l'odeur.

"Nous avons déjà une grande expérience sur les projets liés au patrimoine et à la culture," précise-t-il. Après avoir travaillé sur la musique classique (Projet Doremus) et encore en ce moment sur la route de la soie (Projet Silk Now), "nous nous lançons là sur quelque chose de très ambitieux, c'est vrai !"
 
Des applications interactives permettront au public de redécouvrir ces odeurs ensuite. Les odeurs du passé seront recrées. Les échantillons d'odeurs recréées voyageront à partir de l'année prochaine dans différents musées européens, plongeant les visiteurs olfactivement dans le passé.
 

On pourra ainsi se demander quelle était l'odeur de tel ou tel tableau. On pourra deviner quel est le tableau qui correspond à ce parfum ?

Raphaël Troncy

Le projet Odeuropa, dont le coût s'élève à 2,8 millions et entièrement sur des fonds publics, va durer 3 ans à partir du 1er janvier prochain.

Comme si l'anosmie causée par le Covid-19 avait remis l'odorat au "goût du jour", il débute dans une actualité qui s'interrroge sur la place de ce sens humain souvent négligé et oublié.



 
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