Martial Lyonnais et Patrick Villardry sont partis il y a quatre jours à Valence, pour apporter le matériel collecté par solidarité sur la Côte d'Azur et aider les sinistrés. Sur la route du retour, ils racontent comment la solidarité s'organise.
Ils sont de nouveau sur la route, cette fois pour rentrer en France. Après 4 jours de mission dans la région de Valence en Espagne, touchée les 29 et 30 octobre par des inondations dévastatrices, les bénévoles de deux associations azuréennes partis au pied levé rentrent en France.
"La catastrophe est tellement immense", se désole Martial Lyonnais, de l'association Mission Trekkeurs. Il est présent depuis ce vendredi 8 novembre avec quelques autres bénévoles dans la petite commune de Paiporta, en banlieue de Valence, où 89 personnes ont perdu la vie selon un bilan toujours provisoire. "Ce qui marque tout de suite, c’est la solidarité. Les jeunes de Valence viennent notamment aider sur leurs week-ends, et les sinistrés se coordonnent", raconte celui qui a créé cette association après la tempête Alex.
Sur place, les renforts extérieurs restent toujours limités, près de deux semaines après les inondations. "L’aide internationale est limitée, on a été les premiers français à être arrivés", explique Martial Lyonnais. "Ça nous a étonnés, je pensais qu’on en verrait plus." Il a néanmoins croisé la route d'un autre azuréen, l'ancien pompier Patrick Villardry et son association U.L.I.S, Unité Légère d'Intervention et de Secours, qui a ramené de son côté "deux camions complets de pioches, pelles et de nourriture".
Une bataille contre la nature
Les deux azuréens, accompagnés de quelques bénévoles, ont ramené et distribué dans les zones sinistrées tout ce qui avait été collecté dans l'urgence il y a quelques jours, notamment par le Secours Populaire Français de Nice. "On vit cette histoire avec les gens, on est avec eux. Ils nous considèrent comme des héros, ce qu’on est pas, pour nous c’est juste viscéral. On apporte une aide aux gens, mais ça reste une goutte d’eau", raconte Patrick Villardry.
Mais Martial, c’est pas des inondations, c’est un théâtre de guerre !
Patrick Villardry, ancien pompiers'adressant à Martial Lyonnais, président de Mission Trekkeurs
"On a été beaucoup remerciés", confirme Martial Lyonnais. "Il y a cette relation forte entre l'Espagne et la France qui est très présente. Mais là, on avait quand même l'impression que c'était la fin du monde, puisqu'on se battait ensemble contre la nature. Il y a des montagnes de déchets et de voitures, et les gens descendent dans les sous sols insalubres pour nettoyer armés d'un petit seau", poursuit celui le fondateur de Mission Trekkeurs.
"Là où la vague a fait des massacres, c’est là où c’était bétonné"
Il faut dire que c'est loin d'être le premier événement climatique majeur auquel sont confrontées les deux associations. Il y a notamment eu le passage de la tempête Alex, il y a 4 ans.
Mais pour Patrick Villardry, les inondations d'il y a dix jours en Espagne, c'est "comme Alex, mais puissance 10. La situation est catastrophique, quand vous avez une vague de 200 mètres de large qui descend des montagnes sur une ville comme Valence ça fait des dégâts. Et là où cette vague a fait des massacres, c’est là où c’était bétonné, c’est le gros problème qu'il va falloir essayer de régler, y compris chez nous à l'embouchure du Var."
La tempête Alex, c’était comme un couloir, mais on ne voyait pas ce qu’il y avait en haut. Là, on voit tout d’un seul coup, parce que c’est une ville
Martial Lyonnais,président de l'association Mission Trekkeurs.
Bien qu'il soit encore sur la route du retour, le président de Mission Trekkeurs appelle déjà à faire de nouveaux dons pour permettre de retourner apporter de l'aide aux sinistrés. Ils ont bien sûr besoin de brouettes, de balais larges ou encore de pelles à neige, via le Secours Populaire, mais aussi d'argent : "Ça coûte 500-600€ le déplacement pour y aller, alors on a besoin de donations, via la plateforme HelloAsso par exemple".
Martial Lyonnais estime à encore "minimum 15 jours" le temps nécessaire pour évacuer "les dégâts visuels". Mais pour que la région de Valence retrouve une vie normale, les deux hommes l'assurent : il faudra des années.