Dans la région de Valence, les inondations meurtrières ont laissé un territoire dévasté. Même si l'aide internationale n'a pas été demandée par les autorités espagnoles, des actions humanitaires s'organisent. Dans les Alpes-Maritimes, plusieurs associations vont se rendre sur place dans les prochains jours.
C'est, l'histoire d'une solidarité qui se remet en ordre de marche. Chaque fois que la Terre tremble. Chaque fois que le ciel tombe sur la tête des Hommes. C'est comme un reflexe pour de nombreuses associations engagées dans l'aide humanitaire. Parmi elles, Mission Trekkeurs et U.L.I.S. installées dans les Alpes-Maritimes.
"Aller dans les lieux isolés où personne n'est encore allé"
Leur mission n'est pas de rechercher des corps morts, mais bien d'aller aider les vivants. L'association Mission Trekkeurs est née lors de la catastrophe de la tempête Alex, en 2020. Son président, Martial Lyonnais nous explique "Les trekkeurs, c'est une communauté de passionnés de randonnées en milieu hostile. Marcher dans un environnement inhospitalier, c'est comme une respiration. Cela va de soi." Il poursuit "Nous, on veut aller dans les endroits isolés, uniquement accessibles à pied. Aller là où l'aide n'est pas encore arrivée. Alors, on propulsera des trekkeurs." Car les secours déjà présents sur le lieu de la catastrophe, sont naturellement concentrés là où la population est la plus dense.
Nous, les trekkeurs, nous sommes en autonomie complète. On peut dormir n'importe où.
Martial Lyonnais, président de l'association Mission Trekkeurà France 3 Côte d'Azur
"Nous avons notre eau et notre nourriture. Nous sommes entraînés à porter des charges lourdes. On peut apporter de l'aide à des personnes très isolées et les autorités n'ont pas à nous prendre en charge", ajoute-t-il.
Dans un premier temps, l'association a cherché dans les médias et sur les réseaux sociaux, quelques informations. Elle comprend que les points de collecte pour l'eau et la nourriture sont centralisés à une dizaine de kilomètres du centre-ville de Valence. Soit à environ 2h30 de marche pour une grande partie de la population. La ville n'est toujours pas accessible. Le temps passe et l'eau stagne, et la boue se fige.
Les pompes présentes dans la région ont toutes été mobilisées. Ces pompes, que l'on appelle "pompe d'épuisement", manquent cruellement. Les pompiers espagnols et leurs camions sont très mobilisés sur les opérations concernant les parkings souterrains et les grandes surfaces. Mais la moindre cave, le moindre rez-de-chaussée a été aussi inondé.
L'heure est au nettoyage. Après l'urgence du sauvetage des personnes et des biens, qui se poursuit encore, il faut désormais enlever la boue qui a envahi les rues et les moindres recoins des habitations. Pour pouvoir, ensuite, reconstruire.
Les quatre pompiers volontaires de l'association partent ce jeudi soir, pour quelques jours. Ils emportent avec eux du matériel de nettoyage, des pelles, des balais et des raclettes ; ils espèrent pouvoir équiper 70 personnes environ.
Leur chargement comprend également, trois précieuses pompes d'épuisement financées par le Secours Populaire, qui vient, lui aussi, agrandir la chaîne de solidarité maralpine. Le premier objectif de Mission Trekkeurs est de distribuer le matériel, et surtout de prendre des informations précises afin d'organiser rapidement les prochaines missions.
"Une pelle, un balai, des gants ou tout autre outils, ce serait formidable "
Pas de mobilisation solidaire dans les Alpes-Maritimes, non plus, sans Patrick Villardry et son association U.L.I.S, Unité Légère d'Intervention et de Secours. Si l'ancien pompier est plutôt spécialisé dans la recherche de personnes disparues, après un tremblement de terre, il est toujours volontaire lorsqu'une aide humanitaire s'impose. Quel que soit le lieu sur la surface terrestre.
Il a croisé la route de l'association Mission Trekkeurs lors de la catastrophe de la Tempête Alex, en 2020. Et un lien naturel s'est créé. Aujourd'hui, il fait un appel aux dons pour amener lui aussi du matériel dans la région de Valence.
Patrick Villardy, et les volontaires qui l'accompagnent, tous pompiers volontaires ou professionnels, sont des secouristes aguerris aux catastrophes naturelles. Déjà près de 600 missions de recherche à leur actif : Mexique, Turquie, Taïwan, Arménie, Inde, la liste est longue, et probablement pas terminée. Cette expérience lui a permis de cibler au mieux, l'aide qu'une association de sa taille peut apporter sur des zones sinistrées.
Là-bas, ça s'organise, il y a beaucoup de volontaires. Il ne faut pas représenter une charge supplémentaire. Ce dont il manque : du matériel.
Patrick Villardry, président de l'association U.L.I.S.
Avant de partir en Espagne, lui aussi, a pris quelques informations sommaires. Comme il a pu. Et il va opérer de la même façon que Mission Trekkeurs. Une mission de plusieurs jours, afin de cibler des lieux isolés, et les besoins matériels, concrets et immédiats de la population. "Comme pour la tempête Alex". Il partira, ce samedi, avec cinq autres pompiers. Dans son véhicule utilitaire : des bottes, des balais, des serpillières, des seaux.
Ils conduiront un autre véhicule, un poids lourd contenant plusieurs tonnes de nourriture pour les animaux. Depuis de nombreuses années, U.L.I.S. est en lien avec la fondation Brigitte Bardot. L'ancien pompier est bien connu des donateurs de la fondation : " Les gens qui me donnent, savent que je donne en main propre". Après la tempête Alex, il publiait la photo de chaque sac de nourriture apporté aux sinistrés, les généreux donateurs pouvaient apprécier la portée de leur geste. Il a l'intention d'en faire de même sur les terres espagnoles meurtries.