En campagne pour les Européennes, Manon Aubry n'a pas choisi les quartiers populaires de Nice par hasard. Là elle peut y trouver un électorat sensible aux idées de la France insoumise, longtemps portées par Jean-Luc Mélenchon. Son thème de prédilection pour ce déplacement niçois : les logements insalubres.
Le thème est d'actualité, les mauvaises langues diront électoraliste. La tête de liste de la France insoumise, LFI, Manon Aubry, vient sur les terres de Christian Estrosi, le maire Les Républicains de Nice, pour évoquer la problématique du logement.
Plus précisément, elle vient parler de logement insalubre et des problématiques de manque de logements, stigmatisant la tout-puissante plateforme Airbnb, réduisant, selon LFI, drastiquement l'offre en matière de logements.
Sur place, Manon Aubry prend le temps de rencontrer les habitants de plusieurs résidences situées route de Turin et dans le quartier Bon Voyage, et de discuter avec eux.
"On veut donner de la force à ces habitants méprisés"
Manon Aubry, tête de liste LFI
Prenant fait et cause pour les résidents s'estimant lésés et devant un parterre de micros et caméras, elle exhorte certains ne plus payer les loyers : "vous devriez faire une grève des loyers, c'est des voleurs, lance l'eurodéputée.
Avant de confier son désarroi : "On abandonne les locataires, le premier enjeu, c'est comment rénover des endroits où il n'y a pas d'eau froide ou d'eau chaude, où il y a des cafards. Il faut un grand plan de rénovation des logements. L'Europe peut en faire une priorité ! On veut donner de la force à ces habitants qui sont méprisés".
Récemment, la presse locale s'était fait l'écho de la grande insalubrité régnant dans des logements du quartier de l'Ariane, où une maman et son fils handicapé vivaient un enfer dans un logement social, leur appartement n'étant pas adapté et l'ascenseur de l'immeuble ne marchant plus depuis des semaines. Le bailleur avait été alors pointé du doigt. Mais ce cas semble loin d'être isolé à Nice. Nice qui souffre d'un vrai manque de logements sociaux, 14% du parc immobilier seulement.
Selon la Fondation Abbé Pierre, à Nice, une personne sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté, et cette proportion est à la hausse.
Cette visite intervient après une polémique lancée par Manon Aubry sur les rémunérations annexes des députés européens.
Le post, que la tête de liste a refusé de supprimer, a provoqué une onde de choc.
J'alerte depuis plusieurs jours sur les députés 🇪🇺 rémunérés par des entreprises, des lobbys ou des Etats étrangers.
— Manon Aubry (@ManonAubryFr) May 7, 2024
Ces revenus parfois mirobolants créent de grave conflits d'intérêts et pourtant... ils sont légaux.
Quelques exemples qui montrent l'urgence de les interdire !⬇️ pic.twitter.com/T50TinFi3g
Ce tweet en dit long sur le climat délétère de cette campagne pour les élections européennes. Puisque, en réponse, la tête de liste Renaissance, Valérie Hayer, a menacé de porter plainte contre la tête de liste de La France insoumise.
La liste LFI créditée de 7% d'intentions de vote
Sur le terrain, les choses sont bien éloignées de toutes ces polémiques, comme en témoigne cette journée que Manon Aubry consacre à la rencontre d'électeurs potentiels dans les quartiers dits populaires.
Avec en ligne de mire des sondages, dont celui révélé par Ipsos et France Info qui confirme que 32% des électeurs ont l'intention de voter pour la liste du Rassemblement National le 9 juin prochain.
Ce même sondage révèle que la liste Renaissance, Modem, UDI, Horizons est créditée de 16%, la liste PS, Place publique, de 13% et la France insoumise, Europe Écologie les Verts de 7%.
Reste que Manon Aubry, qui est aussi coprésidente du groupe de la gauche au Parlement européen, souffre d'un déficit de notoriété, relève le même sondage avec 84% des Français qui disent ne pas connaître assez ou pas connaître du tout la tête de liste de LFI. Pour beaucoup, la figure écrasante de Jean-Luc Mélenchon prend le pas sur ceux qui incarnent le parti de gauche.
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