Les pères de familles sont heureux de présenter leurs jeux vidéo des années 80 ou 90. Des designs moins précis et esthétiques que les jeux actuels où la violence est souvent présente. Lors d'une conférence, une psychologue a démontré comment les enfants devenaient accros au jeu en vogue, Fortnite.
C'est comme un pèlerinage... dans le monde des "anciens" jeux vidéo. Généralement, ce sont les pères qui ont eu l'idée d'amener leurs enfants au festival Re-Play de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). Pour cette 8ème édition, les organisateurs ont sorti le grand jeu : vieilles consoles Sega, Nintendo, vieux Mac, et mêmes des consoles Thomson ! Magazines et transats en accès libre, pièces de rechange gratuites pour les ordinateurs obsolètes... et bien sûr parties de jeux illimitées sur les bornes d'arcades ou découverte de la "VR" réalité virtuelle. Ce festival, c'est un saut dans les époques du jeux vidéo. Et un beau succès : des centaines de visiteurs s'y pressent chaque année.
Univers plus ou moins merveilleux
Les papas sont heureux de présenter les jeux qui les ont passionnés pendant leur adolescence. Des designs moins précis et esthétiques que les jeux actuels. Les enfants comprennent en un clic comment tuer des monstres, tirer sur des poulets ou retrouver son chemin dans des univers plus ou moins merveilleux. Une adaptation ultra-rapide car cette génération-là est tombée dans les jeux vidéo... dès le berceau !
"Cartoon"
A 5 ou 6 ans, les mystères de la télécommande, de la tablette ou des manettes des consoles n'ont plus de secret pour eux. Pour Lenzo, 9 ans : "les images sont différentes, on voit que c’est un jeu ancien." Sur la violence de ces jeux en accès libre, les parents sont un peu perdus. Les jeux trop réalistes les inquiètent mais lorsque l'univers est plus "cartoon", dessin animé, ça passe.
Déconseillé aux moins de 12 ans
En même temps, au premier étage du gymnase se déroulait une conférence sur la violence dans les jeux vidéo. Séverine Némesin, co-fondatrice de PsykheClick.com est psychologue. C'est aussi une ancienne testeuse de jeux vidéo. Elle a testé le jeu Fortnite qui fait fureur chez les enfants, dès sa mise sur la marché : plus de 125 millions de joueurs à travers le monde. Elle a découvert comment l'éditeur Epic Games, a réussi à rendre les enfants accro.
"Battle royale"
Normalement, ce jeu est déconseillé aux moins de 12 ans mais la plupart des enfants y joue dès 8 ans. Sur son site PsykheClick.com, le media qui bouge les codes de la culture numérique, elle signe un dossier intitulé : "Fortnite a-t-il été conçu pour rendre nos enfants dépendants ?". Elle explique : "Je suis face à une Battle Royale, en mode survie mais aussi attaque, quelque chose de primitif et de presque archaïque me gêne. J’alerte mes compagnons ! « Mais ce jeu s’adresse à des très jeunes et on leur apprend à tuer des gens pour arriver premier ! ». Réponse de la rédaction « Séverine, tu déconnes, t’es trop psy, c’est un jeu pour gosses, juste un jeu pour gosses ».
Mais ce jeu s’adresse à des très jeunes et on leur apprend à tuer des gens pour arriver premier ! Réponse de la rédaction : Séverine, tu déconnes, t’es trop psy.
"il devient fou"
Lors de la coupure mondiale organisée par l'éditeur pour lancer sa 2ème version, elle a découvert que les enfants étaient devenus accros à ce jeu. Dans son cabinet, elle voit : "un enfant de 10 ans, qui me dit jouer depuis deux ans et que je reçois en urgence car selon les propos de la maman « il devient fou depuis deux jours… ». Alors oui j’avais déjà observé le caractère addictif du jeu (...). Mais là, force est de constater que c’est la première fois de ma carrière que j’observais face à l’absence de « substance jeu » un véritable syndrome de manque en lien avec un sevrage imposé. Le syndrome de manque se caractérise par une anxiété, une irritabilité, des comportements impulsifs, difficultés en lien avec le sommeil."
C’est la première fois de ma carrière que j’observais face à l’absence de « substance jeu » un véritable syndrome de manque en lien avec un sevrage imposé. Séverine Némesin, psychologue et testeuse de jeux vidéo.
Habitudes de jeu nocturnes
La psychologue est surtout inquiète car avant 12 ans, le cerveau des enfants n'est pas encore complètement construit. Ces habitudes de jeu, trop fréquentes et même nocturnes pour de très jeunes joueurs, pourraient laisser des traces. Et même renforcer un terrain addictif plus tard. Les jeux vidéo à forte dose pourraient donc les fragiliser et retarder les apprentissages scolaires à cause d'un sommeil insuffisant. Certains enfants de 7 ou 8 ans se réveillent la nuit pour continuer à jouer en cachette.
Pas de jeux vidéo avant 6 ans
Ses conseils aux parents : pas de console ou de télévision dans la chambre, ne pas passer plus de ¾ d’heure par jour, à 10 ans, devant les jeux vidéo, pas plus d'une demi-heure pour les moins de 10 ans. Son collègue Jean-Paul Santoro, psychologue à Draguignan, préconise l'absence d'écrans avant 3 ans et pas de jeux vidéo avant 6 ans. La clé étant de jouer avec eux et d'en parler pour vérifier que la violence ne s'invite pas sournoisement dans le salon ou la chambre à coucher.