Cinq ans de prison avec sursis ont été requis jeudi à l'encontre de l'ex-électricien Pierre Le Guennec et son épouse Danielle soupçonnés du "recel" de 271 oeuvres de Picasso entreposées pendant 40 ans dans leur garage. Pierre Le Guennec s'est dit choqué.
Le représentant ministère public, Laurent Robert, a estimé, devant le tribunal correctionnel de Grasse, que "nous avons affaire à un délit
particulier, au préjudice de l'Humanité". Pour lui, le don n'est pas envisageable.
Brève réaction de Pierre Le Guennec et de Charles-Etienne Gudin l'avocat des époux Le Guennec à la sortie de l'audience de ce jeudi :
La notion de vol est prescrite. Pour lui, le couple Le Guennec a" privé le monde de ces œuvres pendant 40 ans. Le don est incohérent et inconcevable. Et s'il n'y a pas eu don, il y a eu appropriation illicite."
Tweets sur #ProcesPicasso Il a également estimé que les époux Le Guennec avaient porté préjudice à "la confiance" et à "la mémoire" de Pablo Picasso.
Il a néanmoins appelé à une sanction "fruit de l'équilibre", en parlant de prévenus "totalement dépassés" et qui "n'ont pas gagné d'argent avec cette affaire".
"On peut être d'honnêtes personnes au cours d'une vie et commettre une faute, un dérapage", a-t-il concédé.
Il a exprimé plus généralement "une certaine frustration de se dire qu'on ne connaîtra jamais la vérité", mais "une satisfaction d'en finir avec cette mystification qu'on a bien voulu propager pendant cinq ans".
"Jusqu'au bout, Pierre et Danielle Le Guennec ont nié les accusations reprochées", a-t-il noté. "Je n'ai aucun doute de la culpabilité des époux Le Guennec", a-t-il dit, en reprenant de nombreux témoignages du procès de trois jours.
Il a notamment jugé que "la quantité des oeuvres est incompatible avec toute notion de don".
Dans les maisons de Pablo Picasso, "il y a des milliers d'oeuvres, il y en a partout, la disparition d'un carton n'est pas nécessairement remarquée", estime le procureur.
Mais "aucun élément de l'enquête n'a permis de confondre l'auteur de ce ou ces vols", a-t-il rappelé, sans commenter les spéculations des avocats de la partie civile décrivant Pierre le Guennec comme un pion manipulé par des marchands d'art peu scrupuleux, tentant d'écouler des oeuvres volées en grande quantité par son cousin, l'ex-chauffer de Picasso.
"Ma démonstration ne reposera pas sur des hypothèses, mais des certitudes", avait-il précisé d'emblée.