À Grasse dans les Alpes-Maritimes, la sécheresse inquiète la filière des plantes à parfum

Presque 50 jours sans pluie dans les Alpes-Maritimes et plus précisément du côté de Grasse, berceau des plantes à parfum. Sans vouloir être alarmiste, l’inquiétude se dessine chez les producteurs. Sans compter que les gelées tardives de l'an passé pourraient aussi compromettre les futures récoltes de jasmin ou de roses.

Ne parlez pas de changement climatique à Armelle Janody, la présidente de l'association Fleurs d'exception du Pays de Grasse. Pour elle, il n’y pas assez de recul.

Pourtant les faits sont là. Cela fera bientôt deux mois qu’il n’est pas tombé une goutte d’eau dans le secteur de Grasse là où on trouve les plantations de fleurs illustres que se disputent les plus grandes marques de parfums.

"Nous regroupons", explique Armelle Janody, "33 producteurs de plantes à parfum bio. C’est vrai que nous observons un certain nombre de phénomènes".

40 degrés

Celle qui est aussi productrice, récemment interviewée par le célèbre journal anglais, The Guardian, résume ainsi la situation : "on a connu les gelées tardives en avril de l’an dernier, puis une vague de sécheresse longue et enfin des températures à plus de 40 degrés l’été."

Elle précise : 

Cela a un impact sur nos cultures mais on ne peut pas parler de changement climatique en tant que tel car il n’y pas d’études qui a quantifié les conséquences et on ignore combien de temps cela va durer.

Armelle Janody, la présidente de l'association Fleurs d'exception du Pays de Grasse.

"Cela fait tout de même 4 à 5 ans que cette tendance est observée" ajoute-t-elle sans dissimuler une certaine forme d’inquiétude.

D’autant qu’un autre paramètre va entrer en piste d’ici peu : "Concernant l’eau et les restrictions prochaines, on va être obligé d’arroser les roseraies beaucoup plus tôt qu’on ne le fait d’habitude. Cela n’est jamais arrivé, en général, on commence plutôt en mai !"

Heureusement, elle, comme les producteurs de son association, ont de quoi s’organiser : "Nous avons tous un système de goutte à goutte, nous ne sommes pas soumis aux restrictions d’eau". Armelle Janody fait référence aux prochains arrêtés préfectoraux qui pourraient intervenir peut-être d'ici à quelques jours, si l’on en croit ce qui se passe déjà dans le département du Var.

Inquiétude des producteurs, mais aussi des industriels du secteur après une année 2022 disons compliquée.

"On a eu bon nombre de restrictions d’eau," explique Philippe Massé, du Syndicat national des industries de parfumerie, "20 % en juin, puis en août, puis en septembre et finalement jusqu’au 15 décembre."

Nos industries travaillent sur une diminution de l’utilisation de l’eau et les discussions sont permanentes entre les agriculteurs, les industriels et la préfecture.

Philippe Massé, du Syndicat national des industries de parfumerie.

Jasmin et tubéreuses

Et de s’interroger : "on utilise l’eau potable pour arroser, ce qui est absurde. Il faudrait une eau provenant des eaux usées."

Les plantes qui pourraient manquer d’eau sont le jasmin et la tubéreuse.

Quant aux conditions climatiques actuelles, Philippe Massé évoque le gel : "Chaque année, c'est le risque quant à nos plantations de rosiers. On récolte en mai. En mars ou avril, il est important qu’ils puissent grandir. Quand ils sont en boutons, ils sont sensibles au gel. Si le gel est faible, il va toucher la première percée des boutons."

Selon cet observateur aguerri, les conséquences des aléas du temps ne sont pas sur la qualité des produits, mais sur la quantité. Ainsi en est-il de la production de roses. L’an dernier, on a eu 104 tonnes de roses, on en espérait 120 à 130 tonnes.

Avec ce chiffre à cependant mettre en perspective. Certes, l’arrosage des plantations de fleurs n’est pas une priorité, mais les plantes à parfum ne représentent, dans les Alpes-Maritimes, que 0,036 % de la production totale.

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