Après l'eucalyptus et le mimosa, l'euphorbe épineuse est devenue très prisée à la revente pour les marchés des pays frontaliers.
Les gendarmes ne leur ont pas fait de fleurs. Lorsque les gendarmes ont interpellé en flagrant délit trois personnes il y a quelques semaines à Andon dans les Alpes-Maritimes, ils ont découvert que les suspects tentaient de voler de l'euphorbe épineuse. Une espèce végétale protégée mais prisée.
La plupart du temps, les voleurs sont déjà loin lorsque les dégâts sont constatés. Mais cette fois-ci, le propriétaire du terrain ciblé a repéré le véhicule des voleurs alors que ceux-ci étaient encore en pleine action. Et a alerté les gendarmes, relate Nice-Matin.
La brigade de gendarmerie de Séranon a saisi entre 5 et 6 m³ de cette plante en buisson, arrachée, déracinée. L'intérêt de l'euphorbe épineuse, plante qui s'épanouit sur les terrains secs et pierreux du pourtour méditerranéen, ne saute pas forcément aux yeux.
Son feuillage vert sombre et ses petites fleurs jaunes sont pourtant très prisés dans les compositions ornementales. "Sa cueillette est réglementée, et sa racine est protégée", souligne la Section opérationnelle de lutte contre les atteintes à l'environnement des Alpes-Maritimes - SOLCAE.
Des réseaux vers les pays frontaliers
La SOLCAE, unité d'experts, apporte son appui aux brigades de terrain. Elle nous le confirme, l'euphorbe épineuse fait désormais partie des plantes prisées des réseaux de revente, au même titre que l'eucalyptus ou le mimosa dans l'ouest du département. Avant toute chose pour leurs qualités ornementales.
"Les profils des voleurs peuvent différer en fonction des espèces. Mais nous avons souvent affaire à des ressortissants étrangers qui alimentent les marchés des pays frontaliers pour revendre à des fleuristes."
Section opérationnelle de lutte contre les atteintes à l'environnement 06à France 3 Côte d'Azur
L'eucalyptus se revendrait ainsi entre 5 et 10 euros le kilo. L'euphorbe épineuse, jusqu'à 20 euros.
En quatrième position des plantes cueillies de façon sauvage, se trouve le génépi. Cette espèce de haute montagne est intégralement protégée. Quantitativement, les prélèvements sont bien moindres et l'objectif bien différent, davantage "pour une consommation personnelle".
De la contravention au délit
Ces plantes ne peuvent pas être prélevées de façon sauvage et sans limites. Leur cueillette est réglementée.
En dessous de 2 m³, il faut l'autorisation du propriétaire du terrain, que ce soit un particulier ou l'État, faute de quoi c'est une infraction, passible d'une amende de 135 euros.
Au-delà de 2 m³, c'est un délit.
"Comme tout vol, il peut être sanctionné de 3 ans d'emprisonnement et jusqu'à 45 000 euros d'amende."
SOLCAE de la gendarmerie des Alpes-Maritimes.à France 3 Côte d'Azur
Le préjudice peut être important lorsque la plante est cultivée par des professionnels, comme le mimosa ou l'eucalyptus. Mais les plaintes sont relativement rares, "trop rares", déplorent les gendarmes qui souvent ne peuvent compter que sur les alertes des promeneurs.
Attention, cueillette réglementée pour toutes les plantes
Sans aller jusqu'à des vols de cette ampleur, il faut savoir que ces règles encadrant la cueillette sont valables pour toutes les espèces végétales en France.
"Si vous ramassez dans la forêt plus de 2 m³ de pommes de pin, même si elles ne sont pas protégées, c'est un délit."
Section opérationnelle de lutte contre les atteintes à l'environnement, gendarmerie 06à France 3 Côte d'Azur
Appliquée à l'extrême, la règlementation signifie donc qu'il faudrait l'accord du propriétaire du terrain ou de la forêt pour une simple cueillette de champignons... De quoi faire réfléchir tout promeneur.
-Article publié une première fois le 16 novembre 2023