Le gouvernement a annoncé 24 millions d'euros pour rénover une vingtaine de zones commerciales en périphérie de villes, symboles d'un modèle urbain à rebours des enjeux écologiques. À Grasse dans les Alpes-Maritimes, la zone commerciale de La Marigarde est candidate pour participer à l'expérimentation de ce plan de rénovation.
À Grasse (Alpes-Maritimes), la zone commerciale de La Marigarde, au sud-est de la ville, pourrait participer à un plan national de transformation des périphéries urbaines, ont annoncé ce lundi Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique, et Dominique Faure, la ministre chargée des Collectivités territoriales.
Le gouvernement a lancé ce lundi 11 septembre un appel à projets pour la rénovation d'une vingtaine de zones commerciales en périphérie des villes. Une enveloppe de 24 millions d'euros servira à rénover ces espaces situés à l'entrée des villes et devenus le symbole d'un modèle urbain à rebours des enjeux écologiques ; celui de la voiture pour tous et du grignotage des terres agricoles.
À Grasse, La Marigarde, proche de la gare, a été sélectionnée parce qu'elle "souffre de sa situation en cul-de-sac et n’a pas bénéficié jusqu’à présent d’une stratégie d’ensemble", informe un dossier de presse, le gouvernement jugeant la zone "désuète en matière de desserte urbaine et de qualité architecturale".
La Ville de Grasse pourra donc proposer un projet de réaménagement candidat et espérer bénéficier d'une partie de l'enveloppe gouvernementale.
"Ces zones sont à bien des égards l'incarnation du vingtième siècle : celui de la consommation de masse, celui de l'automobile pour tous, celui du pavillon pour chacun."
Olivia Grégoire, ministre chargée des PME, du commerce et de l'artisanat
Dans un monde "qui prend conscience de ses limites, la zone commerciale a atteint les siennes", a affirmé la ministre chargée des Collectivités territoriales face à la presse.
Les projets de réaménagement candidats devront être déposés auprès des préfectures, qui effectueront une pré-sélection des dossiers. Les villes lauréates seront désignées en deux vagues, en novembre 2023 puis au début de 2024, indique l'AFP.
Une "identité propre"
"Aujourd'hui, ce quartier de la gare va devenir un quartier de grand centre", détaille Jérôme Viaud, le maire de Grasse, heureux d'avoir appris lundi matin la pré-sélection de sa commune. Dans le projet de réaménagement que la Ville déposera, le maire entend métamorphoser La Marigarde en véritable quartier de centre-ville.
"Ce quartier de la gare va devenir un quartier de grand centre", évoque l'édile, avant de préciser :
"On ne doit pas avoir d'industriel, d'usine dans le cœur de ville, mais plutôt travailler sur l'esthétisme urbain, le paysage, la végétalisation et quelque chose qui soit plus propre au centre-ville."
Jérôme Viaud, maire de Grasse
Dans le cadre de ce projet national de rénovation, le même modèle de transformation ne sera pas appliqué dans toutes les villes. Une zone commerciale dynamique proche de la ville pourrait ainsi être densifiée avec de nouveaux logements, tandis qu'une zone peu dense et en déprise pourrait connaître un verdissement.
Dans le cas de la capitale des parfums, la rénovation doit servir à donner "identité propre" au quartier de La Marigarde, dont les bâtiments sont, en l'état, disposés "sans réelle organisation", indique le dossier de presse gouvernemental. "Il y a une époque où peut-être que le quartier de la gare s'est bâti au gré de certains usages qui ont changé", acquiesce le maire de la commune.
La rénovation servira à "mieux mailler le quartier pour faciliter les mobilités, proposer un panel de nouveaux modes de déplacement pour offrir une réelle alternative à la voiture, préserver l’axe paysager".
Remporter l'appel à projet permettrait à la municipalité grassoise de disposer de moyens financiers pour compenser le déficit foncier causé par les coûts de destruction du quartier, et qui pourrait effrayer des investisseurs, explique le maire. Ce dernier compte aussi sur l'aide "sur l'ingénierie" promise aux lauréats du projet.
La "France moche"
La zone commerciale grassoise compte parmi ce que certains observateurs appellent "la France moche" : des zones érigées depuis les années 1960 et se caractérisant par de larges voies bordées de commerces, panneaux publicitaires et parkings. Le gouvernement en identifie 1 500 à 1 800 en France.
Depuis octobre 2021, un compte X (ex-Twitter) s'amuse d'ailleurs à pointer du doigt les lieux de cette "France moche". Dans les Alpes-Maritimes, la ville de Nice y a été épinglée à deux reprises pour son écoquartier du Ray et une sculpture proche de son aéroport.