Maison d'arrêt de Grasse : « il nous a agressés de manière violente et gratuite pour du tabac » un surveillant raconte

Une violente agression est survenue ce dimanche 13 décembre à la maison d’arrêt de Grasse. Cinq surveillants ont été blessés par un détenu incarcéré pour apologie du terrorisme. A l'origine, le prisonnier voulait plus de tabac. Les syndicats dénoncent des missions de plus en plus dangereuses.

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C’est un début d’incendie qui a alerté les surveillants ce dimanche 13 décembre à la maison d’arrêt de Grasse dans les Alpes-Maritimes. A leur arrivée, le prisonnier était très énervé et surtout très déterminé. François, représentant Unsa-Ufap, fait partie des cinq surveillants qui sont intervenus pour l’extraire de sa cellule et tenter de le maîtriser.

« C’était une agression violente car il voulait du tabac », raconte le surveillant. « Depuis plusieurs jours, on le dépannait. On a toujours quelques paquets de côté pour les prisonniers indigents ». Les prisonniers indigents sont ceux qui n’ont pas assez d’argent pour « cantiner », s’acheter des paquets de cigarettes.

Pas de tabac en quantité suffisante

Mais ce dimanche, vers 10 heures du matin, le prisonnier est passé à l’acte.

A l’ouverture de la porte, il s’est jeté sur un surveillant et l’a frappé au visage. Ses collègues ont tenté de le maîtriser avec le renfort d’un quatrième agent, mais le détenu était impossible à contrôler.

Voyant qu’il n’avait pas eu de tabac en quantité suffisante, il nous a agressés de manière violente et gratuite. On a reçu des coups de pied, des coups de poing. Il était déterminé à faire du mal. On était cinq, mais on a eu beaucoup de difficulté à le maîtriser. Il s’est battu à mains nues. On a dû le sortir de la cellule pour le maîtriser sur la coursive.

François, représentant Unsa-Ufap à la maison d'arrêt de Grasse

Quatre agents hospitalisés

L’agression a duré pendant deux longues heures. Bilan : quatre agents se sont retrouvés à l’hôpital ce dimanche.

Deux d’entre eux ont reçu des coups sur le corps et le visage. Une surveillante a eu le poignet écrasé, une autre a eu le doigt cassé.

Ce lundi, le détenu était en garde en vue pour une éventuelle comparution immédiate. Il est actuellement incarcéré pour apologie du terrorisme. Pour François, qui travaille depuis 20 ans dans le milieu pénitentiaire, c’est l’une des agressions les plus violentes qu’il ait connu.

Nous ce qu’on demande c’est qu’il fasse les 30 jours au cachot. Et que ça passe au pénal pour violences aggravées envers personnes dépositaires de l’autorité publique. On demande aussi son transfert dans une autre maison d’arrêt, une fois sa peine au quartier disciplinaire terminée. 

Si possible dans une autre région.

François, représentant Unsa-Ufap

En signe de protestation, le syndicat FO pénitentiaire a retardé la prise de service d’une heure, à 7 h 45 ce lundi. Sur les réseaux sociaux, le syndicat a dénoncé cette "sauvage agression" pour "un motif aussi futile que débile". 

Les représentants des syndicats pénitentiaires se sont entretenus avec la direction. Tous demandent que le caractère dangereux de leur mission soit reconnu.

Ils affirment se sentir "délaissés et abandonnés" par leur administration et leur ministre. 

Agressions à Liancourt et à Beauvais

Cette nouvelle agression survient alors que d’autres agents ont été victimes de violences à l’intérieur et à l’extérieur des établissements, notamment à Liancourt et à Beauvais. 

Une surveillante du centre pénitentiaire de Liancourt, dans l'Oise, a été passée à tabac devant sa maison dans la soirée du 10 décembre. Hospitalisée dans la Somme, ses jours ne seraient pas en danger. En soutien, ses collègues ont entamé une grève vendredi 11 décembre.

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