La chasse est ouverte dans les Alpes-Maritimes depuis ce dimanche 11 septembre. Celle au gros gibier et celle à la marmotte aussi ! Un député demandait l'an dernier au préfet du département d'interdire cette pratique. Une chasse "très marginale" selon la fédération des chasseurs du département. Où en sommes-nous ?
L'ouverture de la chasse s'est bien tenue ce dimanche 11 septembre dans les Alpes-Maritimes et le Var. La sécheresse et la fragilité actuelle des animaux avait un temps laissé penser à un possible report. Le gros gibier peut donc être tiré depuis ce dimanche, mais on y pense moins, la marmotte aussi.
En effet, sa chasse est possible dans les massifs des Alpes-Maritimes. Cette année 2022, c'est depuis ce 11 septembre et jusqu'au 9 octobre, uniquement les samedis, dimanches, mercredis et jours fériés que la chasse est ouverte selon les conditions de l'arrêté préfectoral du 23 mai 2022.
Comme l'an dernier, elle est possible dans 25 communes du département :
Cette pratique peu connue a ce samedi 10 septembre fait donner de la voix à un collectif de dix-huit ONG de la protection animale. Dans une tribune au journal "Le Monde", elles demandaient d'interdire la chasse de ce rongeur protégé par la Convention de Berne.
Une manifestation s'est aussi déroulée en Savoie ce week-end. Chaque année, c'est entre 300 et 400 rongeurs qui sont ainsi tués en Savoie. En 2021 par exemple, 342 marmottes ont été prélevées, selon le rapport d'action de la Fédération des chasseurs de Savoie.
Un député des Alpes-Maritimes voulait interdire cette chasse
En près de 25 ans, le nombre de rongeurs chassés a été divisé par quatre, passant de 80 en 1998 à 20 en 2019, selon les chiffres publiés sur le site internet de la fédération.
Aujourd'hui, sur les 3 000 chasseurs de montagne que comptent des Alpes-Maritimes, il n'y a plus que "les vieux" qui traquent les rongeurs, fusil ou carabine en main, en se postant parfois des heures devant les terriers pour repartir bredouille.
Il y a un an, alors qu'il était député de la majorité présidentielle, Loïc Dombreval, s'était mobilisé pour faire interdire la chasse.
Nous faisons le point avec lui ce 12 septembre 2022.
France 3 Côte d'Azur : où en est votre demande, sachant que vous n'êtes plus député ?
Loïc Dombreval : "je n'ai pas de réponse au courrier, ni d’accusé de réception. Les pouvoirs publics ne prennent même pas le temps de répondre ! Vous savez, c’est répandu que les préfets considèrent ces sujets comme accessoires et ils considèrent qu’ils n’ont pas de temps à perdre. Mais je note que la mobilisation qui a eu lieu en Savoie se basait sur les mêmes motifs que ceux que j’ai présentés l’an dernier."
Cette chasse reste minime ?
Loïc Dombreval : "C’est vrai, c’est un prélèvement déclaré. Mais plusieurs dizaines de marmottes sont tuées par an, mais personne ne sait si les quotas de chasse sont bien respectés. Le principe même d’autoriser une chasse comme celle-là me semble à rebours à 180° de la façon dont on devrait considérer la nature et les animaux.
C'est un animal qui ne fait aucun dégât et qui est facile à chasser... Il n'y a aucune raison de la chasser sauf pour se faire la main !"
En effet, pour chasser la marmotte, il est obligatoire de noter ses prises dans un carnet de prélèvement, au même titre que pour les espèces de petit gibier de montagne (trétras-lyre, perdrix, et lièvre). Il est interdit de chasser plus de deux marmottes par chasseur et par jour de chasse, indique la fédération de chasse des Alpes-Maritimes dans son schéma départemental de gestion cynégétique.
Protégée par la convention berne
La marmotte est un animal protégé par l’annexe III de la Convention de Berne, signée en 1979 et relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe. Ce qui implique que les prélèvements doivent être réglementés afin de maintenir les populations hors de danger.
Même s'il n'y a que 5 marmottes tuées chaque année, c'est 5 de trop !
Loïc Dombreval, ancien rapporteur général de la loi contre la maltraitance animale.
Selon l'ancien député, également vétérinaire, "Il faut aujourd'hui une approche au niveau de la sensibilité du public."
Actuellement, la population de marmottes ne fait pas l'objet d'une surveillance particulière dans les Alpes-Maritimes. "L’espèce est très commune en montagne aux altitudes qui lui sont favorables. De plus, l’étendue de son habitat a été historiquement augmentée par le déboisement et les pratiques pastorales", expliquent les équipes du Parc national du Mercantour sur leur site internet.
Le plus grand prédateur des marmottes : le changement climatique
"Face aux modifications climatiques, les femelles sortent donc d’hibernation avec un poids de plus en plus faible et produisent en conséquence des portées de plus en plus petites au printemps", déploraient déjà l'an dernier les scientifiques du Projet Marmotte Alpine sur leur site internet.
Tout l'été, la marmotte fait des réserves de graisse, avant de se retirer dans son terrier pour hiberner d'octobre à mars. Le rongeur dépend fortement de l'épaisseur de la neige, qui lui garantit une isolation optimale. Pourtant, depuis une dizaine d'années, les chutes de neige s'amoindrissent sur le massif alpin.
Or, moins il y a de neige, plus les hivers au fond du terrier sont rudes. Plus il fait froid, plus la marmotte doit puiser dans ses réserves de graisse.
Au niveau national, une pétition en ligne a été lancée pour interdire cette pratique. Elle affiche à ce jour près de 30.000 signatures.