DATA. La forêt de Méditerranée, une richesse menacée par les sécheresses successives

Le département des Alpes-Maritimes est le 4ᵉ le plus boisé de France après la Guyane, les Alpes-de-Haute-Provence et le Var. Conséquence du réchauffement climatique : la forêt méditerranéenne souffre, les arbres sont attaqués par des scolytes. Faut-il continuer à planter les mêmes espèces ? Éléments de réponse.

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"Aujourd'hui, 30% des arbres sont touchés. On imagine, vu la cadence, que l'année prochaine ce sera 40% et l'année d'après 50%. En fait, on s'aperçoit que ça va vraiment très vite. C'est pour ça qu'on se pose vraiment des questions sur la pérennité de la forêt".

Ce message peu optimiste porte sur l'avenir de la forêt méditerranéenne et il est signé de Loïc Varrone. Et il sait de quoi il parle : il fait partie de la troisième génération qui exploite 660 hectares à Andon, dans le haut pays des Alpes-Maritimes.

Cette commune située à 800 mètres d'altitude au-dessus de Grasse n'est pas épargnée par la sécheresse. Et cela fait une décennie que cela dure.

Plusieurs parcelles touchées

Comment repérer les arbres qui dépérissent suite à une sécheresse hydrique et qui devront être coupés à brève échéance ? Premier indice : le gui ou  viscum album. Cette plante autrefois connue pour être celle des druides, est une plante parasite qui vit aux dépens d'un arbre hôte. 

Autre indice, le scolyte. 

Cet insecte de la famille des coléoptères vit sous l'écorce des arbres, et il creuse des galeries sous l'écorce.

Pour identifier la présence de scolytes, rien de mieux que de faire appel à un expert forestier.

Quentin Vanneste est de ceux-là. Son diagnostic est rapide... et sans appel.

Sur l'écorce, on voit la trace des oiseaux, les Pics, qui viennent creuser pour manger les larves de scolytes. Seul problème : les larves ont fait leurs galeries et elles ont consommé le tissu vivant de l'arbre et ont provoqué définitivement sa mort. 

Quentin Vanneste, technicien forestier du centre régional de la propriété forestière

Le bois est à nu, les feuilles tombées et les jours de l'arbre comptés.

Taux de dépérissement des forêts en France

Quels arbres à l'avenir ? 

L'INRAE, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, est sans équivoque. Sur son site, il précise que certes, la forêt méditerranéenne est un écosystème rompu depuis longtemps à des étés chauds et secs et que les plantes doivent s’accommoder au moment où leur croissance devrait être optimale.

Mais aujourd’hui, les scénarios de changement climatique laissent entrevoir, en été, une augmentation des températures et une diminution des précipitations, donc une aggravation de la sécheresse. Aggravation avec laquelle les forêts doivent désormais composer.

INRAE

Comment la forêt va-t-elle s'adapter ? Ce réservoir de biodiversité va-t-il résister aux changements climatiques ? Les scientifiques considèrent que la forêt méditerranéenne a besoin d'un cumul moyen d'environ 400 mm de pluie par an.

Quentin Vanneste creuse la terre pour évaluer l'état du sol. Humus, puis plus en profondeur une couche de pierres : le sol est bien drainé et adapté aux conifères. Mais il y a aussi une forte évaporation qui s'ajoute aux problèmes liés au réchauffement climatique.

D'autres critères sont aussi pris en compte par le spécialiste : aspect général de l’arbre, hauteur, feuilles, aspect et largeur du tronc et les éventuels problèmes sanitaires, tout est renseigné. En résulte un code couleur. Un exemple : rouge pour un sapin dans un secteur donné avec une hausse des températures, c'est un reboisement potentiellement "risqué".  

Cela nous met en alerte de ne pas forcément sur l'ensemble du massif repartir à 100% sur du sapin.

Quentin Vanneste, technicien forestier

Du coup, voilà 4 ans, l'exploitant a opté pour des semis de pin et de cèdre. Ce reboisement plus adapté à la chaleur coûte de 10 à 15 euros le semis, il y a 5 % de perte la première année et rien depuis, donc ce programme a l'air de bien marcher.

Confirmation à la villa Thuret, un jardin botanique doublé d'une unité expérimentale à Antibes. Il compte plus de 1000 espèces du monde entier, qui se sont très bien acclimatées tout au long des années.

Ici, on prodigue des conseils à la fois aux professionnels et aux collectivités sur les arbres de demain sur notre territoire.

Les espèces qui seront encore plus adaptées dans 50 ans, 60 ans, 100 ans seront des espèces qui se situent encore plus bas que nos latitudes et avec des périodes de sécheresse encore plus importantes, des plantes semi-désertiques du monde entier et de climat subtropical à méditerranéen.

Gildas Gâteblé, ingénieur de recherche villa Thuret

Alors que la 28ᵉ Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP 28) se termine ce mardi à Dubaï, les 197 États représentés planchent encore sur un accord, les derniers scénarios de réchauffement climatique publiés par le  s'orientent toujours vers une hausse des températures allant de 3 à 6 degrés et une baisse des précipitations.

Une certitude : nos paysages vont changer, inexorablement.  

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