Réchauffement climatique : comment les pompiers se préparent à lutter contre les grands feux de demain

Avec le réchauffement climatique, la sécheresse et la chaleur vont augmenter avec des conséquences sur les feux de forêt. Fin de la saisonnalité, feux plus importants et plus récurrents, comment les pompiers se préparent pour faire face à ce fléau ?

 2019-2020 ont marqué les esprits par la multiplication des incendies très importants, appelés Méga Feux, comme : l'Amazonie, la Californie, l'Australie, la Sibérie mais plus près de chez nous le Portugal, la Lettonie, la Suède, la Grèce ont aussi été durement touchés. Le changement climatique en cours est en partie responsable et cela ne va pas aller en s'améliorant. C'est pourquoi les soldats du feu en France et plus particulièrement dans la région Provence-côte d'azur ont commencé à se préparer à lutter face à ces feux de grandes ampleurs.  Le réchauffement climatique a comme conséquence directe sur les feux, l'allongement de la durée, les lieux de départ ( ils se multiplient en montagne aussi) et l'intensité due à la sécheresse et l'augmentation des températures..

Plus de saisonnalité des incendies

"Dès 2040 les dérèglements climatiques perturberaient les conditions météorologiques, indique  l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique ( ONERC), puisqu’une sécheresse extrême conjuguée à une canicule intense pourrait avoir lieu durablement et régulièrement durant les étés dans les territoires méditerranéens.

La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est une des régions de France les plus concernées par le risque de feux de forêts, en particulier sur la zone littorale (départements des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-Maritimes). Mais plus seulement, au cours des dernières décennies, environ 130 incendies ont été recensés par an dans les Alpes du Sud en France. La saison propice aux incendies s’est allongée de 3 semaines dans cette zone aussi et n’est plus cantonnée à l’été.

Les conditions météorologiques (sécheresse, température et vent) ont une forte influence sur la sensibilité de la végétation au feu et sur la propagation une fois le feu déclenché.

Cette donnée est déjà intégrée par les pompiers.

" On a déjà adapté notre posture au changement climatique, avec l'allongement des saisons estivales et de plus en plus chaudes et plus longues, et la perte de saisonnalité des feux de forêts, pour être opérationnels toute l'année", explique Jean-Marc Roditis, lieutenant-colonel, chef du groupement risques naturels et feux de forêts au service départemental d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône ( Sdis 13).

Concrètement cela passe par la façon de mobiliser le personnel et de les déployer sur le terrain.

La mobilisation rapide, le déploiement en nombre

500 pompiers travaillent chaque jour dans le département des Bouches-du-Rhîone, et " en cas de nécessité, 700 hommes sont mobilisables de suite rien que sur le département".

Et si ce n'est pas suffisant, " on fait appel aux départements limitrophes et s’il faut des colonnes de renforts peuvent également venir de toute la France", précise le spécialiste des feux de forêts.

Avec réchauffement climatique, les températures auxquelles sont exposés les pompiers lors des incendies sont beaucoup plus élevées.

Un effort conséquent a été apporté sur la manière dont est traité le personnel en intervention".

Les pompiers sont soumis à des contraintes physiologiques très élevées l'été, à plus de 40° en tenue de pompiers.

" La tenue de base pèse entre 10 et 15kg, suivant l'équipement et ensuite il faut rajouter les 30 kg de la clé de portage ( NDLR les tuyaux), donc le pompier court sous près de 40kg à plus de 40°" insiste le lieutenant-colonel.

"Il faut donc veiller à les  maintenir en forme physique sur toute l'intervention, savoir quand les relayer,  fournir du personnel médical et paramédical pour notre personnel"

La surveillance avec des outils très précis et perfectionnés

Les pompiers de la zone sud travaillent en étroit partenariat avec l’ONF et Météo-France pour les prévisions et anticiper les contextes propices aux départs de feu.

"Le partenariat avec les prévisionnistes de Météo France est primordial, ils nous transmettent des données extrêmement précises, spécialisées avec tous les éléments dont nous avons besoin pour caractériser le risque incendie quotidiennement".

assure le lieutenant-colonel Jean-Marc Roditis à France 3 Provence-Alpes

Au niveau de l’ONF, les agents procèdent à des relevés hydriques des sols quotidiens et dressent un état de sécheresse des végétaux. Ces données sont ensuite transmises à Météo France.

En période estivale, du 15 juin au 15 septembre, un prévisionniste de Météo France est dédié pour travailler sur la météo des incendies et des feux de forêts.

Cinq prévisionnistes spécialisés feux de forêt à Météo France, basé à Aix-en-Provence, se relayent sur toute la période estivale.

" Ils analysent les données stabilisées de l’ONF, et ils établissent des cartes et des bulletins très précis de danger", explique Le lieutenant-colonel Jean-marc Roditis .

Chaque département de la zone sud est découpé en huit sous zones. " Sur ces zones, est étudié le risque météorologique avec la prise en compte de certains paramètres : la température, la vitesse du vent, l‘humidité de l’air, et les précipitations ainsi que les relevés hydriques de l'ONF" précise Romaric Cinotti, prévisionniste spécialisé feux de forêts à Aix-en-Provence.

Cela donne un niveau de sécheresse expertisé. " Il existe six niveaux : faible, léger, modéré, sévère, très sévère et extrême", détaille Romaric Cinotti.

Avec l'ONF, il n'y a pas qu'en amont d'un feu que fonctionne le partenariat, mais aussi " entre  l'éclosion, et la prise d'importance d'un feu, on travaille avec les agents ONF sur les mesures et l’état des végétaux", détaille Jean-marc Roditis.

Prévention et sensibilisations beaucoup plus strictes

" D'autres outils nous sont aussi très utiles dans notre travail de prévention, ce sont les préventions des risques d'incendies de forêts (PPRIF) ce document qui est disponible pour les communes ".

Le plan de prévention des risques d'incendies de forêts (PPRIF) est un document de prévention des risques naturels prévisibles (PPRN) qui cible les risques d'incendies de forêts et qui émane de la préfecture, et cela donne des indications et des préconisations notamment à destination des communes pour les plans d'urbanisation.

" On travaille depuis plusieurs années avec les communes et cela nous permet d'avoir des actions  directes sur les plans d'urbanisme, cela conditionne des mesures de défensabilité d'un quartier en lisière de forêts par exemple...".

En juillet de cette année, le code forestier a été modifié par une loi qui prévoit des obligations de débroussailler renforcées, des aides fiscales, interdiction de fumer en forêt pendant la période à risque...

Annonce Macron, ce que cela change concrètement

Des feux indomptables, des sapeurs-pompiers démunis et sous pression face aux mégafeux. Après les feux en Gironde et en Bretagne de 2022 où le manque des moyens avait été souligné, le président de la république avait annoncé une série de mesures de soutien aux pompiers de France le 28 octobre 2022.

Parmi les mesures, 250 millions d’euros pour moderniser la flotte aérienne française de lutte contre le feu, une enveloppe aussi pour le renforcement des moyens des départements et une reforestation d'ici à 10 ans et la création de la météo des forêts véritable outil de sensibilisation nationale.

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