L'observatoire privé de Grasse va proposer des observations gratuites commentées du ciel. Cette fois, il sera possible pour les passionnés d'observer en direct ce que pointe le télescope puis de le piloter.
La vulgarisation scientifique est poussée à son paroxysme. La PME Acri-ST, propriétaire de l'observatoire privé Acristellar à Grasse, proposera bientôt la possibilité d'assister gratuitement à l'observation en direct des étoiles avant de venir sur place pour manipuler directement le télescope avec un professionnel.
C'est un projet qui prend forme depuis 2 ans et qui a été inauguré en février. Dans un premier temps, les internautes vont pouvoir observer en direct sur une plateforme existante (Twitch) les manipulations de l'astrophysicien :
"Il y aura une petite caméra braquée sur moi pour pouvoir interagir en direct et un partage d'écran. L'idée, c'est de faire les réglages du télescope en direct : mise au point, pointage... Puis le télescope va prendre des photos et les afficher en direct. On pourra expliquer, commenter et répondre aux questions" explique Anthony Salsi, astrophysicien.
Le passionné a fait sa thèse à l'Observatoire Nice Côte d'Azur avant d'être embauché par la société privée propriétaire de l'observatoire.
Anthony Salsi est connu des passionnés, notamment pour ses publications sur les réseaux sociaux sous son pseudo Astronophilos.
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Le télescope de type Newton
Le télescope utilisé à Grasse mesure 1,20 mètre. Son système optique est basé sur le type dit "Newton". Ce sont des miroirs qui se font face qui permettent le grossissement. De grandes tailles, ils mesurent 304 mm de diamètre.
Malgré ces dimensions, ce télescope n'est pas un matériel de professionnel. Habituellement, les télescopes coûtent jusqu'à 1 million d'euros. Cette installation complète vaut jusqu'à 10 000 euros. Une somme importante, mais accessible pour un groupe ou une association de passionnés par exemple : "l'idée, c'est de montrer ce que l'on peut faire avec des télescopes grand public. Lors de l'inauguration, les gens sont venus avec leur propre matériel pour apprendre à le maîtriser, c'était génial !" explique l'astrophysicien.
Une équipe de France 3 avait assisté à l'inauguration de l'observatoire en février 2024. Pour cet évènement gratuit, les places avaient été prises d'assaut, près de 200 personnes avait réservé, venant parfois de loin (région parisienne) avec leur télescope pour observer et être guidé dans l'observation.
Réserver son créneau pour manipuler le télescope
L'observatoire veut aller plus loin en proposant des créneaux bientôt réservables sur leur site internet. Concrètement, le particulier peut venir pendant une heure sur le site pour manipuler lui-même le télescope en étant accompagné par l'observateur. Les photos prises lors de l'observation seront insérées dans une base de données accessible de tous.
Les passionnés pourront avoir et partager leurs photos de l'espace gratuitement.
Anthony Salsi, astrophysicienà France 3 Côte d'Azur
De quoi découvrir un petit bout de la galaxie avec des professionnels de l'espace.
La rentabilité du projet
Ces créneaux de réservation sont et resteront gratuits. Alors comment et pourquoi l'entreprise propose ces observations gratuites et comment compte-t-elle être rentable ? L'adage dit : "si c'est gratuit, c'est toi le produit". Mais cette fois, c'est un autre slogan que veut mettre en avant le physicien :
C'est gratuit et ça le restera toujours
Devise d'un grand réseau social citée par Anthony Salsià France 3 Côte d'Azur
L'entreprise qui s'est spécialisée dans l'observation de la terre par satellite est connue notamment pour son application collaborative d'observation des méduses sur nos plages. Elle souhaite se lancer dans l'observation de l'univers. L'idée de départ est de démocratiser l'observation du ciel, de sensibiliser et de susciter des vocations. C'est l'objectif de la mission confiée à l'astrophysicien Anthony Salsi qui a monté le projet d'observatoire privé.
Si les initiations pour les particuliers sont gratuites, il sera possible de privatiser l'observatoire pour une nuit par exemple ou de demander des observations particulières dans le cadre de travaux de recherches scientifiques. C'est sur ces travaux pour les professionnels que l'entreprise compte.
Pour l'instant, l'astrophysicien azuréen prévoit d'assurer seul les observations, jusqu'à une cinquantaine de créneaux par mois.
Il espère agrandir l'équipe si l'engouement du public est au rendez-vous.