Près de Grasse, la décharge illégale de Spéracèdes continue de faire polémique : la ministre de l'Environnement a été interpellée

Depuis juillet 2019, une entreprise du BTP déverse ses déchets dans un bois classé zone naturelle. L’Association spéracèdoise pour l’information des citoyens et la défense de l’environnement (Aspic) continue son combat dans cette affaire qu'elle qualifie de "scandale écologique."

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Le scandale ne finit pas de hanter la commune de Spéracèdes. Un village de 1 500 habitants, près de Grasse, dans les Alpes-Maritimes : 

Le 1er février, un nouveau cri d'alerte, a été lancé par l’Association spéracèdoise pour l’information des citoyens et la défense de l’environnement (Aspic), par le biais de son avocat. Ses membres s'inquiètent depuis 2019 de la présence d'une décharge illégale dans un bois classé zone naturelle sur la commune. 

Une lettre a été envoyée à la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili"Depuis deux ans, des dépôts non autorisés de matériaux de chantier sont déposés sur la commune (...) je vous demande d'ordonner une enquête administrative", peut-on y lire. 

Ces déchets amassés et mélangés à de la terre, forment un chemin de 400 mètres de long et de 15 mètres de haut !

Rappel des faits 

L'ancien maire de la commune de Spéracèdes, Joël Pasquelin, aurait donné un accord verbal à l'entreprise du BTP SEETP, pour qu'elle déverse ses déchets dans cette zone boisée du moyen pays grassois.

Depuis plus de deux ans, des camions viennent quotidiennement y déposer des détritus : 

On a constaté des matériaux de chantier à profusion, il y a de tout, du plastique, de la ferraille et même des traces d'amiante.

s'indigne, Florence Pintus, membre de l'ASPIC et élue d'opposition

Un scandale sanitaire et écologique pour ce collectif citoyen de l'ASPIC. Mais la polémique ne s'arrête pas là. La commune avait pour projet d'utiliser ce chemin créé de toute pièce en une piste de défense des forêts contre les incendies (DFCI). Cette zone avait été au préalable déboisée, sur autorisation préfectorale. 

A quelques mètres de ce chemin de terre et de déchets, se trouve une piste existante de terre, dite du "gazoduc". Empruntée par les secours en cas d'incendie ou par les habitants. Problème, sur 50 mètres, elle s'étend sur une zone privée. Le propriétaire des lieux ne souhaitait pas avoir du passage sur son chemin.

La nouvelle piste devait  être une boucle de contournement :

Ca devait être une piste de contournement du Gazoduc, c'était ça le projet, rien d'autre...je reconnais que je n'aurais pas fait les choses comme ça à sa place.

Jean-Marc Macario, actuel maire de Spéracèdes

Un bout de plastique, retrouvé sur site au milieu de la terre : 

"Des zones d'ombre" 

Certaines questions restent encore en suspens. L'actuel maire de Spéracèdes, reconnaît également que toutes les autorisations n'ont pas été délivrées à son prédécesseur. Des dires que confirment les autorités publiques : "aucune autorisation administrative n'a été donnée pour la création d'une piste DFCI." La piste est donc illégale. Celle-ci, s'avérerait même dangereuse, de quoi alimenter la polémique autour de sa réelle utilité : 

Les couches successives pour former la piste ont créé une instabilité, en cas de pluie tout pourrait s'effondrer, c'est impossible que des camions de secours l'utilisent.

Jean-Marie Pfau, membre du comité intercommunal de sécurité civile et feux de forêts

Selon l'enquête menée par nos confrères de Nice Matin, la société du BTP affirmerait également avoir payé la commune pour déverser ses déchets. Un contrat à 11 000 euros. 

Certains citoyens révoltés affirment également que plusieurs "entreprises voyoutes" s'appuieraient sur cette autorisation pour venir à leur tour déverser les déchets. 

Attaqué sur son manque de réactivité sur ce dossier depuis sa prise de fonction en mai 2020, Jean-Marc Macario rétorque : "Je n'ai pas récupéré que ce dossier merdique lors de mon investiture, avec le covid j'ai aussi dû gérer d'autres problématiques." 

Une enquête toujours en cours

France nature environnement (FNF) a déposé plainte contre X devant le procureur de la République de Grasse, en janvier 2020.

Contacté par nos soins, le parquet affirme que cette enquête serait toujours en cours. Les protagonistes ont été entendus par les gendarmes et les enquêteurs. Il faudra déterminer les responsables et analyser la nature des déchets enfouis. 

Il y a des responsables et des responsabilités. Nous, on attend que les responsables rendent compte, qu'ils soient jugés pour ce qu'ils ont fait.

Florence Pintus

Elle ajoute : "Et puis que derrière, la situation soit régularisée, au sens remise en état du lieu tel qu'il était." 

La Direction départementale des territoires et de la mer se serait également rendue sur place pour constater les dégâts. Jusqu'à nouvel ordre, la mairie a pris un arrêté, pour fermer l'accès du site au public. 

En France, selon l'Etat, chaque année, 2,2 millions de tonnes de déchets du BTP seraient déversées illégalement dans la nature.  

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