Plus de la moitié des médecins spécialistes appliquent des dépassements d'honoraires, selon l'association de consommateurs UFC Que Choisir, qui dénonce "l'envolée du prix des soins" et ses conséquences sur la santé des plus modestes.
Selon l'association Que Choisir, qui a compilé les données de l'Assurance maladie, les médecins spécialistes libéraux étaient 52,2% à appliquer un dépassement d'honoraires en 2021, contre 45,8% cinq ans plus tôt.
Sur les huit spécialités prises en compte dans l'étude, la gynécologie est celle qui pratique le plus les dépassements, avec 71,4% des praticiens concernés. Le dépassement moyen des gynécologues est de 20,60 euros, sur une consultation de base fixée à 30 euros (chiffres de 2022).
Viennent ensuite les ophtalmologues (66,7% excédent le tarif de l'Assurance maladie, pour un dépassement moyen de 13,80 euros), et les anesthésistes (58,8% sont au-dessus du tarif Sécu, pour un dépassement moyen de 10,90 euros).
"Profondes inégalités territoriales"
Mais "les moyennes nationales masquent de profondes inégalités territoriales", souligne Que Choisir, qui relève qu'une consultation peut être "jusqu'à 2,5 fois plus onéreuse d'un département à l'autre".
Le podium des consultations plus chères :
- Paris s'affiche en champion toutes catégories des dépassements
- suivi par le reste de l'Ile-de-France
- Alpes-Maritimes
- Var
- Quelques départements comptant de grandes métropoles, notamment le Rhône et le Bas-Rhin.
Exemple dans une clinique privée à Grasse dans les Alpes-Maritimes. La consultation est facturée 65 euros chez un gastroentérologue. En "secteur 1", elle ne couterait que 30 euros.
Au micro de France 2 Antibes, le Docteur Delassale considère qu'il a de bonnes raisons de pratiquer ce prix.
Si vous le voulez, il suffit de vivre dans ces zones-là. À Paris ou dans les Alpes-Maritimes, où le mettre carré est très cher. Sans vous dire le prix de la location des locaux où j'exerce...
Dr. Patrick Delasalle, hépato-gastro-entérologue
Dans son étude, Que Choisir évalue à 37,5 € le tarif moyen chez un gastro-entréologue en France.
Loyer et charges, justifieraient le tarif plus élevé. Mais bien souvent, les patients n'ont pas le choix, les spécialistes se font rares.
"Tout le monde le dit, c'est compliqué à l'heure actuelle... Aussi bien pour le dentiste que pour l'ophtalmo, tout, tout ! Moi, j'ai mis au moins 3 mois pour avoir mon rendez-vous" souligne Marie Theret, une patiente du spécialiste grassois.
Chez les anesthésistes, dont les tarifs peuvent varier du simple au double à travers la France, le tarif opposable de 30 euros est respecté dans 17 départements, pour l'essentiel ruraux.
Selon cette enquête, 38% des personnes s'estimant en mauvaise santé renoncent à des soins pour raisons financières.
Ainsi, certains enfants se trouvent dans l'obligation de financer les soins de leurs propres parents. Les revenus de ceux à la retraite ne suffisent pas toujours.
Dépassements d’honoraires : des chiffres alarmants et des écarts qui se creusent selon les spécialités et les départements #MaSanteNattendPlus pic.twitter.com/lkkQ5MNJuh
— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) February 22, 2024
La demande de Que Choisir
Face à cet éloignement croissant du tarif conventionnel, Que Choisir demande "la fermeture de l'accès au secteur 2 (à honoraires libres) pour les nouveaux arrivants". Pour l'association, les nouveaux médecins ne devraient avoir le droit qu'au nouveau dispositif dit "Optam", qui autorise les dépassements d'honoraires mais dans des conditions beaucoup plus maitrisées que dans le "secteur 2".
Le praticien en Optam a notamment l'obligation de garder les honoraires conventionnel sur une partie de sa patientèle.
Par ailleurs, alors que les médecins libéraux négocient actuellement avec l'Assurance-maladie, Que Choisir demande de "conditionner" une future augmentation du prix conventionnel à "la réduction effective du reste à charge pour les usagers".