Selon le procureur: "Un délit au préjudice de l'humanité", décision le 20 mars

Cinq ans de prison avec sursis ont été requis ce jeudi à l'encontre de l'ex-électricien Pierre Le Guennec et son épouse Danielle, soupçonnés du "recel" de 271 oeuvres volées de Picasso entreposées pendant 40 ans dans leur garage du sud de la France.

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"Nous avons affaire à un délit particulier, au préjudice de l'Humanité", a lancé le représentant du ministère public, Laurent Robert, après trois jours de procès devant le tribunal correctionnel de Grasse, qui rendra sa décision le 20 mars.
Les époux septuagénaires ont porté préjudice à "la confiance" et à "la mémoire" de Pablo Picasso, a-t-il estimé tout en appelant à une sanction équilibrée pour des prévenus "totalement dépassés" et qui "n'ont pas gagné d'argent avec cette affaire".
Le prévenu Pierre Le Guennec, sourcils froncés et expression perplexe durant tout le procès, essuie quelques larmes et se lève pour demander au président du tribunal Jean-Christophe Bruyère s'il est déjà condamné...

Réaction de Pierre Le Guennec à la sortie de cette dernière audience :



Le couple de septuagénaires soupçonné de "recel de biens provenant d'un vol" soutient mordicus que les 271 oeuvres entreposées dans un carton dans son garage durant 40 ans sont bien cadeau de Jacqueline, dernière épouse de Picasso, fait en 1971 ou 1972 dans son mas de Mougins.

On ne connaîtra jamais la vérité

Le procureur Laurent Robert a exprimé "une certaine frustration de se dire qu'on ne connaîtra jamais la vérité", mais "une satisfaction d'en finir avec cette mystification qu'on a bien voulu propager pendant cinq ans".

Il n'a "aucun doute de la culpabilité des époux". "La quantité des oeuvres est incompatible avec toute notion de don", ont conclu tous les témoins directs, proches et experts cités à la barre. Et l'épisode de ce don, insuffisamment détaillé, est émaillé de "nombreuses contradictions".
Dans le capharnaüm des maisons de Picasso, "il y a des milliers d'oeuvres, il y en a partout, la disparition d'un carton n'est pas nécessairement remarquée", avance le procureur Robert.
Néanmoins, "aucun élément de l'enquête n'a permis de confondre l'auteur de ce ou ces vols", a-t-il rappelé, sans commenter les spéculations de certains avocats de la partie civile décrivant Pierre le Guennec comme un pion manipulé par des marchands d'art peu scrupuleux, tentant d'écouler des oeuvres volées en grande quantité par son cousin, l'ex-chauffer de Picasso.

Un pion manipulé par des marchands d'art véreux ?

"Ce sont des oeuvres volées" et les époux Le Guennec véhiculent "les mensonges les plus énormes", avait attaqué auparavant Me Jean-Jacques Neuer, avocat de Claude Ruiz-Picasso, portrait craché de son père assis à l'opposé des Le Guennec.
Maya Widmaier-Picasso (fille de Marie-Thérèse Walter) et Catherine Hutin-Blay (fille de Jacqueline née avant sa rencontre avec Picasso) l'encadrent, insolite réunion de famille en l'absence des trois autres héritiers, Paloma, Marina et Bernard.

"Le Guennec, on lui a dit +il n'y a pas de risques, on vous donne un billet, allez demander des certificats d'authenticité+!", suppute Me Neuer.
En septembre 2010, le couple de retraités de Mouans-Sartoux avait fait le voyage à Paris pour présenter son trésor à Claude Picasso, en charge
de l'authentification et du droit moral des oeuvres. Les six héritiers de l'artiste avaient immédiatement porté plainte.
La pièce manquante du "puzzle" serait le flamboyant ex-chauffeur de Picasso, Maurice Bresnu dit "Nounours", qui a vendu avant sa mort en 1991 des dizaines d'oeuvres de Picasso présentées comme des dons, avance Me Neuer.

"Pablo Picasso et Jacqueline seraient de leur côté"

Trois proches de Nounours, entendus par le parquet de Grasse dans le cadre de réquisitions supplétives, ont rapporté des confidences de Bresnu
se vantant d'avoir volé Picasso. Reste que l'instruction a finalement écarté ces éléments, non allégués.
"Les vols ne sont pas démontrés", insiste Me Charles-Étienne Gudin, l'un des trois avocats de la défense qui ont demandé une relaxe du couple et la restitution du cadeau saisi.

"Un cadeau maudit, empoisonné", a reconnu Me Évelyne Rees. "Je défends deux personnes honnêtes, qui face à ce bataillon d'experts éminents ont pour seul bouclier leurs souvenirs".
"Si Pablo Picasso et Jacqueline étaient dans cette salle, ils seraient de leur côté!", a-t-elle conclu, suscitant une exclamation amusée de Maya Picasso, la fille du peintre.

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