Un "Philosophe lisant", chef d’œuvre du peintre Grassois tombé dans l'oubli pendant deux siècles, vient d’affoler les enchères à Epernay.
C’est "une histoire comme le marché de l'art les aime". Une toile de Jean-Honoré Fragonard, l'un des cinq grands monstres sacrés de la peinture Française du XVIIIe siècle né à Grasse en 1732, vient d’être adjugée à 6.300.000 euros, pour un prix total de 7.686.000 euros avec les frais d'achat lors d’enchères organisée à Epernay (Marne).
Il s'agit "du troisième prix le plus important" pour cet artiste, a indiqué Stéphane Pinta, expert au cabinet Turquin qui avait authentifié le tableau. L'oeuvre a été acquise par un collectionneur privé. Son identité reste confidentielle, le tableau "devrait probablement rester en France".
On attendait évidemment un prix très important pour ce tableau extraordinaire. Le tableau correspond à la plus belle période de Fragonard, il n'avait quasiment jamais été nettoyé, il est sur sa toile, son châssis et son cadre d'origine
Réalisée entre 1768 et 1770, dans la "période la plus virtuose" de l’artiste, cette toile ovale de format modeste (45,8 x 57 cm) représente un philosophe chauve à la barbe blanche, assis et lisant un imposant ouvrage.
Elle avait disparue en 1779 avant d’être identifiée lors d'un inventaire de succession chez un particulier en Champagne par maître Petit et le cabinet Turquin.
"Dans la même famille depuis plusieurs générations"
La peinture se trouvait dans le salon d'une propriété de la Marne, "dans la même famille depuis plusieurs générations" sans que les propriétaires n'en connaissent ni l'origine ni la valeur, raconte Maître Antoine Petit.
Lorsqu'il la "décroche pour l'examiner", le professionnel constate immédiatement "la touche manifestement experte", les "coups de pinceau incroyablement francs"... Mais surtout une inscription ancienne au revers du cadre en bois doré: "Fragonard".
Déjà en 2018, une oeuvre de Fragonard avait été retrouvée "par miracle". "L'oiseau chéri" représente une femme qui porte en hauteur un enfant pour lui faire voir deux colombes enfermées dans une cage. Il avait été découvert par Carole Blumenfeld, docteur en histoire de l'art et commissaire d'expositions au musée Fragonard de Grasse.